UNE INNOVATION QUI INTÉRESSE TOUS LES FRANCOPHONES

Ce dont il est question, c’est d’un instrument de travail novateur, original, unique en son genre, qu’un chercheur développe discrètement, trop discrètement au Canada, à Gatineau, au Québec, et dont l’intérêt et la portée s’étendent à tous les Francophones.

Cet outil, c’est un dictionnaire. Un dictionnaire direz-vous, mais il en existe déjà un grand nombre. Certes, mais ils nous offrent tous un classement des mots par ordre alphabétique. Un gros avantage, si l’on cherche le sens d’un mot inconnu que l’on découvre au fil d’une lecture, ou si l’on vérifie l’orthographe ou le genre d’un autre, ou son étymologie, ou si l’on recherche des exemples d’utilisation.

Mais cet avantage s’avère vite un inconvénient si l’on cherche un mot que l’on ne connaît pas, celui qui désigne tel objet, tel instrument de musique, la femelle de tel animal. On pourrait multiplier les exemples de recherches longues et infructueuses si l’on ne dispose que des dictionnaires courants. Et c’est là qu’intervient l’outil de notre chercheur lexicographe de Gatineau, Égide Dandenault.

Ayant fait l’expérience de ce genre de recherche infructueuse, il a eu l’idée de créer un dictionnaire d’un genre nouveau, un dictionnaire onomasiologique, qui regroupe les mots par catégorie de sens, par domaine d’appartenance, par fonction sémantique dans des tableaux où les mots qui relèvent de la catégorie concernée sont regroupés par ordre alphabétique, un regroupement commode auquel nous sommes habitués, avec une définition, des revois, des notes, des indications pratiques, bref tout ce dont tout un chacun a besoin pour trouver le mot juste. Autrement dit, un dictionnaire qui facilite une démarche lexicographique permettant de trouver un mot à partir d’un concept, d’une idée.

Unique

Par exemple, comment s’appelle cette grosse bouteille de champagne qui vaut bien trois bouteilles ordinaires. Il suffit de se reporter au tableau «Récipients – Les bouteilles de champagne» pour trouver la réponse. Ou vous avez besoin du nom d’une plantation d’épicéas. Il suffit de consulter le tableau; «Agriculture / Sylviculture – Les plantations».

Mais où trouve-t-on tous ces tableaux? Dans le Dictionnaire Dandenault de la langue française ou DDDLLF, accessible sur Internet (www.dddllf.com) et que l’on peut consulter facilement et gratuitement. On ne saurait trop louer les vertus de ce dictionnaire, unique, car il n’en existe pas d’autre en français. Et il est surprenant que des gouvernements, comme celui de la province de Québec ou le gouvernement fédéral du Canada, que des grandes institutions culturelles comme les universités, particulièrement celles de langue française, ne se soient pas intéressés à ce projet titanesque, auquel M. Dandenault a consacré une si grande part de son temps et de ses ressources.

Car ce dictionnaire concerne tous les utilisateurs de la langue française. «Le DDDLLF vise principalement l’utilisateur de la langue courante, dite générale, qui doit nommer les réalités de son quotidien. À l’occasion, dans certains tableaux ou chapitres, il déborde du côté des langues de spécialité, c’est-à-dire le vocabulaire propre à une technique, à une science ou à un métier. L’important n’est pas de publier tous les mots de la langue — entreprise qui serait parfaitement utopique ! — mais de permettre aux utilisateurs, notamment à ceux de la langue courante, de trouver ceux dont ils ont besoin», écrit l’auteur.

Utile

C’est donc un outil d’une grande utilité pratique. Il peut avoir des retombées pédagogiques, pour enseigner le mot juste, au lieu du truc, du machin ou de la chose. Utile aux enseignants, il l’est aussi à tous les auteurs, rédacteurs, traducteurs, journalistes et autres utilisateurs courants d’une langue et de mots exacts. Mais tous les amoureux du français peuvent y faire leur miel, découvrir ou redécouvrir des mots savoureux, oubliés, poétiques parfois.

La Banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, TERMIUM, consultée par un grand nombre de personnes, au Canada et à l’étranger, vient de découvrir l’existence du DDDLLF et a créé un lien vers ce dictionnaire dans son répertoire. L’intérêt pour ce dictionnaire commencerait-il à se manifester? Il serait grand temps qu’il se généralise, pour que ce trésor linguistique puisse enfin briller de tout son éclat.

Il faut donc souhaiter que des collaborateurs et des mécènes s’associent à ce travail titanesque, afin qu’il puisse être mené à bonne fin. C’est bien évidemment toute la Francophonie qui peut en bénéficier et il serait bon que des responsables francophones d’autres pays y contribuent pour jouer ainsi, grâce à M. Dandenault, un rôle moteur et novateur dans l’ensemble francophone mondial.