Nous pensons souvent que la créativité est un acte puéril et enfantin, et, de fait, nous nous en détachons parfois complètement à la sortie du lycée lorsque nous entrons dans la vie active et que nous n’avons plus l’obligation de participer aux cours d’arts plastiques imposés par les programmes scolaires.
J’ai souvent constaté, au cours de ma pratique, et notamment lors d’interventions au sein de groupes en situation d’insertion, un vif rejet dès qu’il s’agit de prendre une feuille et de représenter un évènement graphiquement.
Cela est bien dommage car l’acte créatif recèle bien des secrets, le premier étant d’établir un lien permanent avec notre source intime.
Créer, c’est sentir et canaliser notre source de vie en osant suivre nos élans les plus fondamentaux et en les manifestant dans le monde. Nous devenons ainsi co-créateur avec la vie, dansant avec ce qu’elle nous présente tout en ouvrant notre chemin un pas à la fois, sans savoir forcément où nous aboutirons.
Ce n’est pas forcément un chemin facile, parce qu’il n’y a rien de tracé à l’avance, mais je dirais que ce sentier nous amène obligatoirement vers une meilleure connaissance de soi et établit un contact avec notre sanctuaire intérieur.
Ce poème d’Antonio Machado, illustre parfaitement mes propos :
Caminante no hay camino
(Marcheur, il n’y a pas de chemin)
Se hace el camino al andar
( Le chemin se fait en avançant)
Al andar, se hace el camino
(En avançant se fait le chemin)
Y al volver la vista atras
(Et ce n’est qu’en se retournant)
Se ve la senda que nunca se ha de volver a pisar
(Que l’on voit le sentier que plus jamais on n’aura à parcourir)
Caminante no hay camino
(Marcheur il n’y a pas de chemin)
Sino estellas en la mar
(Sinon des sillons dans la mer)