chasse aux Rroms : Sarkozy passe de la parole aux actes
Devant quel Nuremberg auront à répondre politiciens et fonctionnaires ?
Avec l’expulsion de ce matin à Montreuil, la politique anti-tzigane annoncée par le gouvernement Sarkozy entre en application.
Ce matin, à Montreuil, des familles tziganes étaient chassées de l’immeuble qu’elles occupaient. Des enfants, y compris en bas âge, ont été mis à la rue par la police.
On assiste ainsi à l’ouverture de la chasse aux Rroms, annoncée à grand renfort de publicité par le Président de la République, le ministre de l’Intérieur ou le secrétaire d’État aux affaires européennes.
La politique raciste proclamée « sans complexes » est déjà suivie d’effets.
Le gouvernement se vante de procéder dans les mois à venir à l’agression de centaines de camps de nomades.
Il demande simultanément que les mesures prises en France s’étendent à l’ensemble de la Communauté européenne.
C’est la première fois depuis 1945 que le pouvoir politique ose une telle campagne de discrimination raciale.
Il y a des lois pour réprimer le discours comme les actes racistes.
À ce titre, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux ou Pierre Lellouche devraient avoir à répondre de leur politique non devant les électeurs dont ils prétendent flatter le racisme, mais devant la justice – s’il y en avait une.
Il est à craindre toutefois que les peines prévues par le code soient insuffisantes pour ce degré de criminalité politique.
Les propos racistes sont de nature délictuelle. Le délit est aggravé quand il est commis par un fonctionnaire. Mais le code ne prévoit pas le cas présent, où ce sont les plus hautes autorités de l’État qui sont responsables de la mise en place d’un discours et de pratiques discriminatoires.
Depuis plusieurs années, l’actuel Président de la République a fait du racisme l’élément central de sa politique.
Il porte la responsabilité directe d’innombrables agressions, commises par des fonctionnaires, contre des personnes vivant sur le territoire. On a pu voir les rafles au faciès, suivies de mises en rétention et expulsions de dizaine de milliers d’étrangers sans-papiers. Plus discrètement a été mise en place aussi la « purification » des fichiers de la nationalité, à laquelle se confrontent des dizaines de milliers de citoyens français à qui on demande de faire la preuve de leur nationalité pour le renouvellement de leurs papiers d’identité. Et, maintenant, voici carrément proclamée la stigmatisation d’une partie de la population, les nomades, traditionnels boucs émissaires.
L’ensemble de cette politique ne constitue pas seulement une promotion indigne du racisme, désormais à la charge des fonctionnaires de l’État. Elle implique un nombre incalculable de violences administratives, dont une importante partie de la population est victime, sans espoir de réparations.
Le simple fait d’imposer à l’administration une norme raciste, l’engageant à commettre systématiquement des actes de cette nature, est d’ores et déjà difficilement réparable. De très nombreux fonctionnaires se compromettent quotidiennement en appliquant – au nom de la loi ! – des instructions inhumaines, immorales, en fait illégales. Celles-ci sont bien évidemment attentatoires à la Constitution et à la Déclaration des droits qu’elle comporte – en violation flagrante du contrat social sur lequel se fonde l’ordre républicain.
Devant quel Nuremberg auront à répondre ces politiciens et les fonctionnaires qui « obéissent aux ordres » ?
Ou bien le racisme s’imposerait-il comme norme, au XXIe siècle, en Europe, ainsi que cela a déjà été tenté au XXe siècle, sous la botte ?
j’ajoute à la prise de position de Michel Sitbon que le fait que Sarkozy demande aux autres pays européens de faire de même démontre une fois de plus l’indigence de sa pensée politique: la plupart des Tsiganes français sont originaires de Roumanie, de Bulgarie, de Hongrie, des pays de l’ancienne Yougoslavie et de Pologne. Et ces pays vont-ils les renvoyer où? En Inde d’où certains d’entre eux sont venus il y a 5 siècles? Sans compter que de toute façon un grand nombre d’entre sont français mais ne disposent pas d’emplacements de stationnement suffisants. En effet les aires de stationnement sont notoirement insuffisantes tant en surface qu’en nombre et la fameuse loi Besson enjoignant aux villes de plus 5000 habitants d’installer ces aires est loin d’être appliquée. Sans compter que tous les citoyens de l’Union Européenne, de la Norvège, de l’Islande, de Serbie, de Croatie et de Suisse peuvent voyager librement.
Par ailleurs la situation des Tsiganes s’est considérablement aggravée en Hongrie, où a lieu sans intervention de protection des pouvoirs publics une véritable chasse aux Tsiganes dont les maisons sont attaquées par bouteille incendiaire pour les faire déguerpir, par les fascistes hongrois de plus en plus nombreux puisqu’ils sont entrés au Parlement. C’est ainsi que l’an dernier une quarantaine de Tsiganes hongrois ont demandé l’asile à Strasbourg, la moitié ayant immédiatement été expulsés par le Préfet du Bas-Rhin. Au Kosovo, également, des Tsiganes ont été expulsés de leur maison dans le but de se les approprier ainsi que leur terre.
D’ailleurs dans tous les anciens pays de la Yougoslavie, ils ont le plus grand mal à obtenir des documents d’identité des nouveaux pays indépendants: ceux-ci leurs répondent: « Vous n’avez pas notre nationalité, vous avez la nationalité Rom, comme il n’y a pas de territoire Rom, vous n’avez pas de pays. »
Je rappelle également qu’en Roumanie, la plupart des Tsiganes conformément à la théorie ouvriériste des dirigeants communistes avaient été en grande partie intégrés avec un enthousiasme modéré dans la société socialiste. Comme l’industrie était embryonnaire, ils atterrirent dans l’agriculture et furent intégrés en grand nombre dans les coopératives populaires. Et comme ils n’avaient qu’une minime expérience agricole, et que les petits paysans ou les ouvriers agricoles, qui dirigèrent les coopératives, les aimaient d’amour tendre, ils eurent le plaisir de nettoyer les cochons et de se livrer à d’autres tâches peu gratifiantes pendant des décennies. Mais eurent peu à peu droit à une maisonnette comme les autres coopérateurs.
Sauf que après que le génie des Carpates (ils n’y a pas que les Roumains qui ont des génies, d’après M. Pujadas et Mme Ferrari, 15 décembre 2009, New-Jersey, nous nous avons aussi un « leader mondial ») eût été fusillé, M. Ion Iliescu, l’un des collaborateurs principaux du « Conductator », qui se présenta comme son successeur, bien qu’il se fût bien gardé d’intervenir auparavant, fût-il assailli en agriculture de fortes revendications de privatisations au bénéfice des anciens propriétaires latifundiaires, des propriétaires moyens et des petits propriétaires, les anciens ouvriers agricoles des premiers réclamant aussi leur part. Grand spécialiste de la chèvre et du chou, sinon Ceaucescu l’aurait déjà fait fusiller depuis longtemps, il se réfugia dans le Ponce-Pilatisme, l’une des théories politiques les plus répandues dans le monde grâce à la Bible, et presque autant pratiquée que le christianisme.
Il dit donc, ce brave Ilescu, aux agriculteurs de décider eux-mêmes. Ainsi les anciens propriétaires, grands ou petits reçurent-ils des terres, les ouvriers agricoles aussi, mais comme les Tsiganes n’étaient ni des uns ni des autres, ils ne reçurent rien. Comme les maisonnettes coopératives furent vendues pour peu contre gage de la terre juste obtenue, les Tsiganes n’en ayant pas reçue, ne purent que rarement acheter leur maison et ils se retrouvèrent du jour au lendemain sans travail et pour beaucoup à la rue.
Qu’ils essayent d’aller se faire voir ailleurs est fort compréhensible. Il est tout à fait possible que j’aurais fait de même à leur place.
Il faut tout de même rappeler qu’à St Aignan, c’est la gendarmerie qui a tiré sur un homme désarmé. Aucune loi française ne permet de tirer à vue sur une personne qui refuse d’obtempérer. Or cette pratique se généralise. Elle est illégale. La réponse des forces de l’ordre doit être proportionnée, la peine de mort n’existe pas en France, et en tout cas pas parce qu’une personne n’ayant pas de permis de conduire refuse de s’arrêter à un contrôle