On peut distinguer deux sortes de bonheur.
Il y a le plaisir relié à l’intense expérience humaine. Il y a le plaisir et la jouissance reliés à vouloir et à enfin avoir ce qu’on désirait. Le fait de désirer nous fait sentir vivants. Et le fait de posséder, d’avoir, nous fait sentir comme quelqu’un qui a de la valeur devant lui-même et devant les autres. Ce bonheur fait partie du domaine du plaisir des sens et de la perception : jouir des plaisirs et profiter des beautés de cette planète, de ce monde matériel. « Je jouis et je me sens vivant quand je mange, quand j’écoute, quand je sens, quand je touche, quand je regarde… Quand il se passe quelque chose qui me comble par les sens. Quand je vois que je peux faire ces choses que j’aime et quand je sais que les autres peuvent m’admirer parce que j’ai accès à ces choses. » Ces plaisirs sont intenses, mais souvent sources d’attachement et d’insatisfaction.
Puis, il y a la paix et la satisfaction profonde de ne rien avoir besoin de particulier pour être heureux, étant dans un état de bien-être plus permanent et plus indépendant de causes.
Cela se fait, sachant que le malheur n’est qu’une expérience de limitation passagère liée à toute l’expérience humaine. Et sachant que ces difficultés sont causées par des croyances contraignantes et restrictives qui nous donnent une vision distordue et erronée de la réalité : des croyances qui rendent intense et tragique l’expérience humaine.
Cette seconde sorte de bonheur est aussi liée au fait de savoir qu’avec nos nouvelles connaissances sur la nature des choses, nous pouvons continuer à jouer le jeu de l’expérience humaine et à vivre une série d’histoires fascinantes, mais cette fois, dans le détachement. Nous nous attachons moins à ce qui nous entoure, étant conscients que les manifestations de ce monde sont changeantes et impermanentes, mais issues de ce qui est permanent, c’est-à-dire la Conscience Absolue, la Source ou le Tout. Connaissant la nature passagère de cette expérience, nous donnons à la vie un caractère moins sérieux, moins tragique et plus léger. Nous ne sommes plus pris dans la survie de cette expérience, sachant que cette expérience humaine n’est qu’un aspect passager de qui nous sommes vraiment.
Donc, je suis heureux quand je ne crois plus que je suis l’ego (c’est-à-dire l’identification au corps, à sa survie, et à toutes les expériences difficiles qui s’y rattachent) et que je sais que cette expérience humaine n’est que passagère et temporaire. Quand je profite de ce merveilleux voyage en étant conscient de cela. Quand je suis en paix et tranquille dans le moment présent.
Je suis heureux quand je sors du flot des pensées qui m’éloignent de qui je suis (Présence-Conscience); des pensées qui prennent toute mon attention et qui font que j’oublie qui je suis. Quand je sors de l’ombre et de la douleur créées par mes peurs et que je reviens vers la lumière de la conscience. Et quand je me rapproche de ce que je suis vraiment : la Source manifestée sous une forme particulière, le Tout apparaissant en tant qu’identité et en tant qu’entité : en tant qu’être humain.
Le bonheur c’est d’être conscient de qui je suis et d’être qui je suis en toute liberté.
Alain Colpron