Êtes-vous fou/folle parce que vous restez accroché à une personne qui représente un danger, quand votre raison vous hurle de vous sauver ? Votre entourage, découragé, finit par croire et vous faire croire que vous êtes cinglé. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas. Vous dépendez viscéralement de ce que nous sommes tous instinctivement programmés à recevoir avant même notre naissance, mais que vous avez peu, mal, trop ou pas du tout reçu : la sécurité. Vous n’êtes absolument pas responsable de cette dépendance qui prend ses racines dans votre enfance et s’installe dans votre cerveau, par manque de reconnaissance, affection et protection (la sécurité). Permettez-moi de vous éclairer d’une façon plus « technique » sur ce problème qui peut détruire des vies et les explications qui suivent pourraient bien en sauver.
Nous sommes programmés à recevoir reconnaissance, affection et protection dès notre naissance
L’être humain est « conçu » pour recevoir, à sa naissance, tous les soins et attentions dont il a besoin et qui l’aideront à grandir et à acquérir son autonomie, une fois adulte. Bébé, vous avez donc le besoin vital d’être protégé, nourri, vêtu, lavé, besoin de sommeil aussi, en plus de reconnaissance et d’affection. Dès votre naissance, vous « savez » ce qui est bon pour vous et ce qui ne l’est pas puisque vous avez la capacité de pleurer, voire hurler, jusqu’à ce que vos besoins soient comblés. Je me souviens de ce reportage présentant une maman venant d’accoucher qui refusait de regarder son enfant puisqu’elle n’en voulait pas : le bébé n’ouvrait pas les yeux. Quand, finalement, l’hormone de l’attachement (l’ocytocine) fit son effet, elle le prit enfin tendrement dans ses bras : il ouvrit alors les yeux. Un bébé sent le rejet, dès sa naissance (peut-être même avant ?). Et en grandissant, plus il sera rejeté, plus il courra après ce qui lui est dû depuis sa venue au monde, sans comprendre pourquoi il agit ainsi.
Dépendance émotive et dépendance à l’alcool/drogue : même combat !
Dépendant de la reconnaissance, l’affection et la protection depuis votre naissance, alors même que vous n’en avez aucune conscience, n’ayant pas été comblé par vos parents à ces trois niveaux, vous partez bancal dans la vie, voire émotivement handicapé. Adulte, la quête continue, peut-être encore auprès des parents (certains en ayant fait leur deuil), mais vous essaierez surtout d’obtenir de l’affection dans la suite logique des étapes de la vie : en couple. Vous risquez également d’en chercher partout, chez les amis, les collègues, le patron, les inconnus dans cette volonté d’être aimé à tout prix par n’importe qui. Restons cependant au niveau du couple, car je vais vous expliquer, de façon plus « technique », que vous n’êtes pas fou/folle, mais plutôt victime de la chimie produite dans votre cerveau, à cause du déséquilibre affectif. Car, l’addiction à une autre personne suit le même principe que l’addiction à l’alcool, la drogue, le sucre et bien d’autres encore. Eh oui, vous voilà totalement dépendant, accro, même si, consciemment, vous savez que la personne est en train de vous détruire…
Les coupables : dopamine, sérotonine et ocytocine en trop grande quantité !
Être en couple avec une personne qui vous humilie, vous trompe, est violente ou tout simplement ne vous convient pas a des relents de masochisme : bienvenue dans le monde de la dépendance ! Pour commencer, il est évident que si vous aviez la force de partir, vous le feriez. Si vous restez, bien que conscient que la situation peut devenir dangereuse pour votre santé autant mentale que physique, c’est que quelque chose vous en empêche. Penchons-nous sur ce qu’il se passe entre vos deux oreilles et qui vous retient prisonnier/prisonnière d’une relation toxique : les effets de la dopamine et de la sérotonine produits en trop grande quantité… La dopamine est un neurotransmetteur associé au bonheur et la sérotonine est un régulateur d’humeur. Quand une personne est physiquement attirée par une autre, une activation de la dopamine et sérotonine augmente produisant également de l’ocytocine (hormone de l’attachement)*. Quand le mécanisme se produit chez une personne équilibrée, elle vérifiera si cette attirance a du bon sens. S’il n’en a pas, elle se retirera. Mais si, depuis votre naissance, vous cherchez l’affection (qui est la traduction de la reconnaissance), votre besoin est immense autant que le vide qui vous habite. Croiser ENFIN une personne susceptible de vous donner cette affection tant recherchée déclenche la production de dopamine associée à la sérotonine et s’il y a une perspective de relation ou encore un contact physique, l’ocytocine rentre dans la mêlée et vous voilà attaché. Plus le besoin est grand, plus l’attachement est violent. A la seule idée (fantasme ?) qu’elle pourrait vous apporter de l’attention ou après un baiser ou une ou plusieurs nuits de sexe, vous voilà émotivement dépendant de ce déclencheur de dopamine qu’est la personne rencontrée. Il n’en faut pas plus pour que vous deveniez dépendant de l’idée que l’autre pourrait vous nourrir à jamais de ce que vous recherchez depuis votre naissance. Et voilà pourquoi le rejet est violent : votre seule chance de vous combler vient de s’envoler et la dopamine réclame son dealer.
Les montagnes russes
Une personne ayant une dépendance à l’alcool voit une bouteille de vin et le plaisir anticipé produit la dopamine en trop grande quantité, c’est cette grande quantité qui va rendre le cerveau dépendant de ce plaisir. Quand l’affection est votre obsession et qu’une personne devient une promesse de ce que vous recherchez de façon viscérale, pour peu qu’elle vous en donne, le temps de vous rendre encore plus dépendant, vous restez accroché à cette promesse de vous combler, même si l’autre vous a quitté. Il continue à être la bouteille de vin à laquelle vous souhaitez boire, même si cela vous détruisait : dans votre cerveau, il est votre oxygène et il est impossible d’envisager la vie sans la récompense après laquelle vous courez et qui n’est pourtant qu’un mirage. Mais le vide est si grand, que n’importe quel moyen d’avoir l’espoir de la sensation qu’il pourrait éventuellement, peut-être être comblé vous laisse attaché à ce pourvoyeur. Ce n’est qu’un mirage… Vous comprenez maintenant pourquoi vous avez l’impression de vivre dans les montagnes russes : quand la dopamine est produite en trop grande quantité, vous explosez de joie parce que votre dealer d’affection est là. Et s’il s’en va, vous tombez dans un gouffre sans fin jusqu’à ce que l’idée qu’il revienne produise à nouveau de la dopamine en grande quantité : la sérotonine ne parvient plus à réguler vos humeurs et vous oscillez entre « up » et « down » au gré de la relation : bienvenue dans le monde de la dépendance émotive !
La bonne nouvelle, c’est donc que vous n’êtes pas fou/folle, mais simplement mal programmé, donc déséquilibré affectivement. D’où les réactions de votre cerveau. Il est possible d’arrêter ce manège en construisant votre autonomie affective pour reprendre votre liberté, afin de ne plus jamais dépendre de qui que ce soit, sinon de vous-même. Le secret ? Développer confiance et estime pour stopper toute addiction ou soumission à qui que ce soit et être heureux, un jour, à deux et librement !
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