Pensées sociales

La société, en tant que communauté des hommes, est une révolution majeure de l’histoire. Il s’agît d’un tout qui n’a cessé de se complexifier au fil du temps et dans l’espace, avec une récurrence des faits sociaux. Elle a ainsi mis en relief certains aspects innés de la nature humaine tout comme en a fait naître d’autres, aussi bonnes que malsaines.

Elle a été le lieu de toute l’affirmation de la nature humaine à travers l’exacerbation, la stimulation de ses instincts primaires. Elle a sorti l’homme de la torpeur d’une nature darwiniste hétérogène pour l’en placer dans une nouvelle homogène, en ce sens que l’émulation n’est plus vis-à-vis d’autres animaux mais d’autres hommes. L’animal n’est plus loup pour l’homme mais l’homme devient son propre loup. C’est dans cet ordre de pensée que la société est une jungle civilisée avec des ambitions moins manifestes et la naissance de l’hypocrisie sociale dont le sceau restera le Droit avec comme parèdre la Politique. La manipulation de la pensée et surtout d’une abstraite perfection comme la Justice ou la notion du Bien et du Mal est l’une des mille apparitions de l’hypocrisie sociale qu’Adam Smith félicitait à tort comme sympathique.

Nietzsche disait que chez l’homme, il y a un désir naturel de puissance et à juste titre, il avait raison. Autant l’homme a cherché, depuis la nuit des temps, bien avant sa socialisation à dompter et apprivoiser tout ce qui est en dehors et autour de lui. Cette volonté va rejaillir à travers la chose sociale où l’homme va devoir, de manière matérielle, repenser sa notion de la réalisation. Il reconstruit cette idée sur une aspiration à la domination tout en étant le sommet hiérarchique qui ne pourra être que relatif comme toute supériorité d’un être sujet à la dérivation du temps et de l’espace. Les plus forts ne cessent d’y écraser les plus faibles en posant comme légitime toute règle qui est d’affinité avec cette finalité.

Là où avant sa socialisation, le bonheur reposait sur son seul épanouissement, l’homme va réorienter cette notion autour non seulement de cette satisfaction individuelle et du regard d’envie, d’admiration des autres. L’homme est en quête de ce superlatif que cette socialisation, à travers la cohabitation avec le reste de ses congénères, qui lui servira d’émulation à l’autoréalisation. Il cherche à être le roi, le plus beau, le plus grand, le plus fort, le plus sage, … mais ne peut détenir le monopole absolu sur tous ces aspects. De fait, l’objet de sa réussite sociale appelle, dialectiquement au malheur car dans ce désir de puissance et d’accès au superlatif, il compare et cette comparaison le mènera irrémédiablement à l’envie, l’envie à la jalousie et la jalousie à la frustration qui sans purification guide à la méchanceté, voie royale vers le malheur de la conscience.

La société va créer des vices aussi d’ordre de genres. Ainsi l’esprit de Sodome et Gomorrhe survit à travers toutes les sociétés. Il est peu probable que les premiers homosexuels et lesbiennes soient apparus dans ces lieux tristement célèbres dans la tradition religieuse, mais qu’ils n’y aient été pour la première fois constatés comme phénomènes sociaux généralisés. La socialisation de l’homme et cette proximité unilatérale à travers par exemple des écoles non mixtes par exemple aliènent les règles normales de la nature et faciliteraient, au vu des observations l’homme à aller vers l’homme ou la femme vers la femme. Ce phénomène se joint au paradoxe de l’interdit qui fait qu’il suffit qu’une chose soit interdite à l’homme pour que celle-ci soit immédiatement entourée d’une aura fascinante et du halo mystérieux de la curiosité. Interdisez à l’homme une chose pour qu’il n’ait qu’une envie : la faire.

La société, reste en dépit de toutes ces observations, un lieu d’enseignement inépuisable de la nature humaine.