La boucherie humaine au Cameroun et en Guinée
Pour se maintenir au pouvoir alors que leur politique n’est plus de mise, certains chefs d’Etat n’hésitent pas à massacrer leurs populations. C’est le cas aujourd’hui de MOUSSA DADIS Camara de Guinée Conakry. Ce Putschiste a vainement tenté avec des discours fleuves, de s’attirer les faveurs de la population, mais rien n’y a fait. Celle-ci méfiante à l’égard de quelqu’un qui croit devoir résoudre tout par la violence, n’a pas caché son opposition à la candidature éventuelle de M. CAMARA à l’élection présidentielle. La population croyait légitiment pouvoir exprimer son opinion à l’occasion d’un meeting dans un stade. Bilan : 157 morts dont le seul crime est d’avoir essayé d’user de la liberté d’opinion politique, de la liberté de parole. Pourquoi s’acharner à rester au pouvoir et contre la volonté du peuple si c’est lui qu’on veut servir ? (on se souvient que dans ses premiers discours l’idée de se présenter aux élections ne lui passait pas par la tête : il était venu remettre le pouvoir aux civils).
Le cas de la Guinée n’est pas isolé. Le Cameroun de Paul BIYA était d’ailleurs le premier à faire l’expérience de ce nouveau type de génocide, de crime contre la jeunesse, en février 2008. La jeunesse exprimait son ras-le-bol face à une politique ruineuse, mais téméraire, d’un homme en mal de ressources. Depuis 1982, le sort des camerounais est incertain entre les mains d’un dictateur. Aujourd’hui encore, cet homme n’arrive pas à comprendre que son temps est révolu, celui où l’on gouverne par des discours, des promesses qui durent un quart de siècle, des slogans pompeux et exacerbant de la misère des camerounais. Paul BIYA ne comprend toujours pas qu’il devrait se retirer de la scène politique.
L’occasion lui était donnée en février 2008 de le comprendre et de prouver aux camerounais son amour, sujet à caution, pour ce pays, évitant le néo génocide qui en résulta. Les évènements de février 2008 qualifiés (à tort) d’émeutes, n’étaient que l’expression d’une jeunesse intelligente et révoltée, une jeunesse désormais sans espoir, une jeunesse fatiguée d’une politique archaïque, qui interpellait Monsieur BIYA sur sa misère, sur les inégalités sociales qui n’en valent pas la peine. La colère populaire se tournait contre la cherté de la vie, mais aussi contre la possibilité d’un maintien au pouvoir de Paul BIYA, qui préside aux destinées du pays depuis vingt-six ans et semble vouloir briguer un nouveau mandat. Mal lui en pris. La jeunesse camerounaise n’a et pour seul interlocuteur que les mercenaires en noir du BIR, spécialement formés pour le massacre des êtres humains. Le 27 février 2008 notamment, il eut un véritable génocide sur le pont du Wouri. Des jeunes en provenance du quartier BONABERI à Douala IVè, avec des messages de paix inscrits bien en évidence sur des pancartes, ont entamé une marche pacifique pour exhorter leurs camarades à revenir à la raison. Ils avaient l’intention de rencontrer le gouverneur de la région du Littoral. Mais ils ont été sauvagement massacrés alors qu’ils traversaient le pont sur le fleuve Wouri. Bilan : 139 morts selon l’Observatoire national de défense des droits de l’homme, et des milliers de blessés.
Une riposte sanglante dont la signification est fort simple : Monsieur BIYA n’a que faire du sort des camerounais ; il entend se maintenir au pouvoir coûte que vaille. D’ailleurs, il a modifié la Constitution pour pouvoir représenter en 2011 et remporter haut la main avec une fraude outrancière.
Le cas des camerounais massacrés en février 2008 est identique à celui des guinéens d’aujourd’hui. Mais c’est où règne une surprise : la communauté internationale est entrain de s’activer pour prendre des mesures contre MOUSSA DADIS Camara alors qu’elle n’a pas plié le moindre doigt contre le dictateur Paul BIYA depuis février 2008. A ce jour d’ailleurs, aucune commission d’enquête n’a été constituée afin de rechercher la vérité et d’établir les responsabilités des massacres commis.
Je ne voudrais pas dire que les camerounais croient en la communauté internationale comme un sauveur ; non ils sont assez grands pour ne pas y compter. Mais je voudrais relever une identité de faits d’une population à une autre, qui devrait susciter la même réaction.
Le sang des guinéens serait-il plus cher que celui des camerounais ? En tout cas la communauté internationale ne doit pas se rendre complice au Cameroun de cette boucherie humaine, de ce crime contre la jeunesse.
© Pr. Jean GATSI, Agrégé de droit privé et des sciences criminelles, Université de Douala – Cameroun