PASCALE PIQUET AU CŒUR DE L’ACTUALITÉ : « Un homme tient en haleine son voisinage – Évacuation – Mont-Royal »
Mon webmaster et ma relationniste me disent tout le temps : « Informe-toi sur l’actualité pour écrire sur des sujets qui intéressent tes lecteurs ». Eh bien l’actualité a frappé à ma porte hier soir, vers 21h00, le mardi 3 février 2010 !
Je discutais par téléphone avec une cliente et, machinalement, je regarde dans la rue, par la fenêtre de mon bureau : des policiers mettent des rubans pour délimiter un périmètre et empêche toute personne de passer. Je trouve ça plutôt amusant, car il y a un club vidéo en face de mon immeuble et ceux qui arrivent avec leur DVD à la main sont refoulés vigoureusement. Rubans = meurtre pour moi (je regarde la série CSI à la télé !) et je continue à observer. Des voitures de police bouclent la rue et personne ne doit ni passer, ni sortir des immeubles. Toujours la tête dans les épisodes de CSI, je me dis que c’est pour préserver les preuves et qu’il ne faut pas que les gens brouillent les pistes avec leurs empreintes. La police est tellement soucieuse que personne ne s’approche que je n’ose presque pas aller sur mon balcon pour avoir une meilleure vision. Je le fais quand même : déploiement de voitures de police et de policiers, dont certains cagoulés et protégés de la tête au pied. Intriguée mais disciplinée, je retourne à mes occupations : convaincre ma fille, Cassandre, d’aller se coucher (c’est toujours dur pour les enfants de se coucher et encore plus dur de se lever !).
Cassandre est sous la douche quand ça sonne à l’intercom : « c’est la police !», me dit-on dans le tuyau. J’ouvre, pensant qu’ils font une enquête pour trouver des témoins (je crois toujours qu’il y a eu meurtre, bien que les hommes cagoulés tendent à détruire ma théorie) et je me retrouve face à deux policiers… cagoulés ! Quelle aubaine ! Je vais savoir ce qu’il se passe ! Un tel déploiement est inhabituel, surtout dans la pacifique et sereine rue Mont-Royal, où on n’assiste même pas à des batailles de chiens : juste des gens qui rient et parlent fort les jeudis, vendredis et samedis soirs, en sortant des bars ! Ils entrent, très courtois, s’excusant pour mon plancher. Je les remercie de leur courtoisie et les rassure : j’imagine mal deux policiers d’info crime en intervention, en chaussettes au milieu de mon appartement, pour ne pas salir ! Ils m’expliquent : un homme est soupçonné d’être armé et casse tout dans son appartement, appartement en face du mien. Les policiers cagoulés cherchent un endroit d’où ils pourront surveiller l’immeuble d’en face, à la hauteur de celui du gars qui « pète les plombs ». Et devinez quel était le meilleur point de vue ? MA CHAMBRE ! Et me voilà avec deux hommes, cagoulés, dans ma chambre ! J’éclate de rire et je leur lance : « Quand je vais raconter ça à mes lecteurs et auditeurs, je vais y perdre ma réputation… de vierge ! ».
Là, je me dis qu’on va y passer la nuit et je fonce dans la salle de bain avertir ma fille que deux hommes cagoulés et policiers sont dans l’appartement et elle répond : « Trop cool ! » Les deux hommes sont sympathiques, pas du tout le style cow-boys, en maîtrise de leur profession. Ils sont en poste, l’un devant la fenêtre et l’autre à l’entrée de la chambre et communiquent des informations à ceux d’en bas. Cassandre sort de la salle de bain au moment où ils m’expliquent qu’ils attendent le SWAT. « Le vrai SWAT ?! », s’exclame ma fille. Les deux policiers rient et confirment : « Le vrai SWAT ». Ils nous demandent de nous tenir loin des fenêtres car personne ne sait si l’homme est armé et il pourrait se mettre à tirer dans la rue. Là, je réalise que mes sous-vêtements (propres !) jonchent le lit, attendant sagement d’être pliés et rangés dans les armoires. Heureusement, ils n’ont pas allumés la lumière, car ils surveillent dans le noir pour ne pas attirer l’attention du forcené. Mais je ne peux m’empêcher de proposer à celui qui est dans la chambre, près de la fenêtre : « Si ça vous tente de plier du linge pour passer le temps, allez-y ! ». Les deux hommes éclatent de rire et se taquinent l’un l’autre, toujours à l’écoute, cependant, des instructions qui sont diffusées dans leur oreillette.
Ils sont rassurants, confiants et bien que vigilants, ouverts à la discussion. Et l’un d’eux parle de croissance personnelle et de stages d’auto-défense qu’il offrait aux femmes, ainsi que divers événements dans lesquels il était engagé. Nous discutons violence conjugale et j’ai plaisir à avoir le point de vue d’hommes qui trempent quotidiennement dans les problèmes des autres. J’ai toujours eu de bons rapports avec la police, car elle est synonyme de protection pour moi et non de répression. Ils sont intervenus dans ma vie pour me débarrasser de Bonny and Clyde (lire mon livre « Le syndrome de Tarzan » (béliveau éditeur), de Jim (ils lui ont sauvé la vie !) et dans diverses affaires du style une voiture abandonnée dans mon champ ou le vol de ma poubelle (j’ai toujours pensé que c’était un fétichiste qui avait fait le coup !). On attire ce qu’on est et me voilà dans des discussions de croissance personnelle avec deux policiers rassurants, protecteurs et professionnels dans leur intervention face au forcené et courtois en même temps. Bref, le SWAT (le vrai !) débarque, après que tout l’immeuble ait été évacué et entre dans l’appartement pour neutraliser l’individu. Tout s’est bien passé, dans le calme et l’efficacité. Nos deux invités surprise sont repartis vers 21h30, en me disant « La prochaine fois, pensez à plier votre linge ! ».
Même si l’individu n’était dangereux que pour lui-même, j’ai réalisé que les forces de police sont là pour protéger la population et qu’ils le font très bien. Tant que vous ne savez pas si l’homme est armé d’un fusil et capable de tirer sur tout ce qui bouge ou juste armé d’une grande colère, parce qu’il a perdu le contrôle de sa vie et de sa santé mentale, tant que le SWAT n’est pas entré pour vérifier, personne ne sait si tous les policiers rentreront chez eux. En revanche, je savais qu’aucun civil ne serait touché parce que, croyez-moi, ils les ont tous éloignés, quitte à les laisser dehors, comme le dit l’article de Serge Labrosse « Tandis que le groupe d’intervention tactique s’occupait de l’homme barricadé, un couple frissonnait dehors, 90 minutes après avoir été évacué. L’autobus qu’on leur avait promis pour s’abriter tardait à arriver ». En ce qui me concerne, je préfère que la police soit plus rapide à neutraliser un individu armée qu’à faire venir l’autobus sensé recueillir ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux. Ils sont rentrés chez eux, mais plus tard, sains et saufs. Et le calme est revenu à l’Est de la rue Mont-Royal.
Quelle aventure !
Voir article de Serge Labrosse – Le Journal de Montréal
Article Journal de Montréal