« Quand on accède à un poste de responsabilité on doit s’attendre à le quitter un jour« .
Cette boutade, lancée très récemment à la presse togolaise par Antoine Bodjona, le propre père de Pascal Akoussoulélou Bodjona, Ministre togolais de l’Administration et du Territoire, résume parfaitement la tourmente politique dans laquelle se trouve son fils depuis plusieurs mois.
Après des études aux Etats-Unis, le jeune Pascal Bodjona, né en 1966, a déjà connu plusieurs postes politiques clef, dont celui d’Ambassadeur du Togo aux Etats-Unis et de secrétaire de la Présidence auprès du Président togolais Faure Gnassingbé, réélu en mars 2010, jusqu’à atteindre le poste très convoité de Ministre de l’Administration et du Territoire.
Très vite après sa nomination, il s’affiche comme un personnage très médiatique, n’hésitant pas à soutenir financièrement la presse locale et des chaines de télévision nationales privées, ou même parfois des journalistes directement, comme ce fut le cas pour Lawson Latevi Ebenezer, aujourd’hui président de la chaîne de télévision LCF, détenue par le pouvoir. Il n’y a donc pas un jour sans qu’un portrait fort élogieux du ministre ne soit dressé par les médias togolais.
Mais Pascal Bodjona va rapidement connaitre plusieurs revers au cours de sa carrière politique car l’homme n’a pas vraiment su s’entourer des personnalités les plus appréciées au Togo. Ses accointances avec des escrocs notoires, aujourd’hui largement médiatisées, vont à terme fortement endommager sa réputation alors que ses ambitions sont sans limite.
Alors qu’il était, il y a encore peu, le chouchou des médias, Pascal Bodjona est aujourd’hui dans le collimateur de l’Agence Nationale de Renseignement qui n’hésite pas à révéler certains détails croustillants à la presse togolaise et internationale sur le train de vie du ministre et les trafics en tout genre auxquels il s’adonne en toute impunité.
Le dernier scandale en date éclaboussant Pascal Bodjona, L’affaire Agba Bertin – Loik le Floch-Prigent, va sûrement lui être fatal.
Aidé d’escrocs nigérians spécialistes de l’escroquerie à l’africaine, de son complice principal Sow Agba Bertin, richissime homme d’affaire, ainsi que d’un complice français bien connu en Afrique, Loik Le Floch-Prigent, Pascal Bodjona a activement participé à l’élaboration d’une escroquerie visant un riche émirati, Abbas Yousef.
Pascal Bodjona s’avère rapidement être l’homme de l’ombre de ce gang d’escrocs, allant même jusqu’à faire passer son acolyte Sow Bertin Agba comme Ministre de l’Intérieur du Togo à sa place afin de conduire l’émirati jusque dans le bureau du Président Faure Gnassingbé et le mettre ainsi totalement en confiance.
Au total, l’escroquerie s’élève à plus de 50 millions d’euros et aujourd’hui une procédure judiciaire est en cours au Togo dans le cadre de laquelle plusieurs mandats d’arrêt internationaux ont été émis, notamment contre Sow Bertin Agba mais aussi contre le seul français de l’affaire, Loik Le Floch-Prigent.
Le ministre Bodjona est aujourd’hui accusé de toutes parts et cette affaire sème la zizanie dans les plus hautes sphères de l’administration togolaise. Les médias locaux relatent quotidiennement les relations tendues entre le Président Faure Gnassingbé et son ministre tant celui-ci est devenu un collaborateur encombrant.
Après l’arrestation du complice numéro 1 de Pascal Bodjona, Sow Agba Bertin, le 7 mars dernier, et son incarcération à la prison de Tsévié, le scandale impliquant Pascal Bodjona aujourd’hui atteindra-t-il un point de non retour avec l’incarcération du ministre ? Tout porte à le croire tant l’étau de la presse et de la justice se resserre autour de lui.