PARDONNER : COMPASSION OU DOMINATION ?
Que ressentez-vous quand quelqu’un vous demande de lui pardonner ou quand vous dites à quelqu’un « je te pardonne » ? Répondez franchement, nous sommes entre nous ! N’y a-t-il pas une petite pointe de pouvoir ? À partir du moment où une personne attend de vous un acte qui va la libérer, alors que vous avez le pouvoir de le faire ou non, comme César dans les arènes, levant le pouce pour sauver la vie d’un gladiateur ou en le baissant pour le condamner : n’est-ce pas une forme de domination ? Quand vous pardonnez à tous par peur de ne pas être aimé, même les pires vacheries qu’on vous a faites et qu’on continue à vous faire : n’est-ce pas de la soumission ?
Je ne parle pas du pardon que vous sollicitez parce que vous avez blessé quelqu’un, donc vous formulez un « je te demande pardon si je t’ai blessé ». Je parle du pardon que vous cherchez désespérément à accorder à quelqu’un qui ne vous l’a pas demandé ou que vous refusez à quelqu’un qui vous le demande. Je vous le dis : vous êtes dans le pouvoir et la domination. Pourquoi ? Parce que celui qui demande pardon se met en position de dominé et vous met en position de dominateur : il attend une sentence que vous serez le seul à décider. Comment éviter la position de dominé ? Vous êtes responsable de vos actes et si vous avez involontairement offensé quelqu’un, demandez-lui de vous excuser : votre avenir ne doit simplement pas en dépendre. Soit il comprend que vous ne l’avez pas fait exprès et accueille vos excuses, soit il les refuse et vous passez votre chemin. Vous avez fait votre part, votre mission s’arrête là. Car si vous êtes prêt à faire n’importe quoi pour que l’autre vous pardonne, vous voilà soumis. Vous vivrez en paix à partir du moment où vous avez présenté vos excuses, pas à partir du moment où l’autre les aura acceptées. Il a le droit de le faire ou non : ça lui appartient.
À ce sujet, je souris quand quelqu’un dit « je m’excuse » : vous ne pouvez vous excuser vous-même si vous avez blessé l’autre, la bonne formule étant « Excuse-moi ». C’est à l’autre de le faire, pas à vous !
Mettons-nous en situation :
1) Vous faites une plaisanterie qui vise un ami et que vous pensez anodine : il est blessé. Vous présentez vos excuses, il les accepte ou non. Il est tout à fait légitime de présenter vos excuses quand vous offensez quelqu’un. Soit il comprend que votre but n’était pas de le blesser et tout rentre dans l’ordre. Soit il en profite pour vous dominer et les refuse : il veut plus que de simples excuses et entrera dans une forme de chantage affectif. Vous serez prêt à faire tout ce qu’il veut pour être pardonné. S’il n’accepte pas de vous pardonner ou à certaines conditions, inutile de vous rouler à ses pieds : vous avez fait votre part, passez votre chemin. Cette personne a cherché à vous dominer et ce n’est pas le style de relations que vous recherchez. Il faut savoir une chose importante : donnez du pouvoir à un dominé, il deviendra le pire des dominateurs. Le pouvoir étant un état qu’il rencontre peu, il va grandement en profiter ! Que vous ayez un dominateur, un dominé ou un dominant en face de vous, présentez vos excuses avec sincérité, le reste lui appartient : mais en fonction de sa réaction, vous saurez dans quelle catégorie il est. Ce sera alors à vous de continuer à le fréquenter ou non.
2) Quelqu’un vous a abusé sexuellement dans votre enfance ou même adulte, vous a fait horriblement souffrir, vous a humilié ou tout autre acte nuisant à votre équilibre et vous cherchez à lui pardonner. On vous a dit que c’est ce qu’il faut faire pour trouver la paix. La première chose à faire est de comprendre pourquoi cette personne déséquilibrée a commis ce geste. Quant à pardonner, vous n’y êtes pas obligé. Est-ce pardonnable ? Certains actes sont inhumains : les camps de concentration en Allemagne et les tortures que les prisonniers ont endurées ne sont pas excusables. Beaucoup de mes clients ont été abusés sexuellement dans leur enfance et le membre de la famille qui a fait ça s’assied à côté d’eux pour Noël, comme si de rien n’était : ce n’est pas excusable. C’est seulement explicable. Ces gens-là ne demandent pas pardon, ils ne se repentent pas. Qu’y a-t-il à pardonner ?! Certains de mes clients le pourront, pour leur propre paix, d’autres les traîneront en justice, une fois adulte, pour obtenir réparation. Mais que vous pardonniez ou non, il faudra vivre avec. La seule chose que vous pouvez faire, c’est enlever le pouvoir à votre agresseur de continuer à détruire votre vie en reprenant le contrôle et en le laissant loin derrière vous. Votre véritable victoire, au-delà de pardonner ou non (cela reste votre choix), c’est d’être heureux à nouveau : ce qui ne te tue pas, te rend plus fort. L’objectif est que vous vous sentiez libéré et en paix.
3) Le bourreau demande pardon : la victime trouvera du réconfort dans le fait que l’agresseur se repente, car il la reconnaîtra comme victime et démontrera qu’il regrette. Ça fait du bien aux deux. Comprenez simplement ceci : que vous lui pardonniez ou que vous le haïssiez, vous restez sa victime. Et tant que vous restez victime, vous restez dans le passé et dans la blessure. S’il s’en veut et que votre pardon le soulage (tout dépendant de ce qu’il a fait), c’est une bonne chose que vous le fassiez, si vous le sentez ainsi. Mais il aura un autre pardon à affronter : le sien ! Certaines personnes, bien que pardonnées par leur victime, ne se pardonnent pas. Dans le cadre du couple, il faut savoir que vous êtes responsable à 50 % des malheurs dans lesquels vous vous êtes fourré : c’est vous qui avez choisi ses conjoint(e)s. Donc, vous n’avez rien à leur pardonner, pas plus à vous pardonner : vous répondiez, ils répondaient à de mauvaises programmations et vous faisiez, ils faisaient ce qu’ils pouvaient avec leurs mécanismes de survie et vous avec les vôtres. Je me suis longtemps vantée d’avoir pardonné à Jules et Jim, les deux conjoints que j’avais choisis et qui m’en ont fait voir de toutes les couleurs. Puis un jour, j’ai réalisé qu’ils ne m’ont jamais demandé de leur pardonner, qu’ils avaient agi par réflexe de survie et que j’étais responsable à 50 % de ce qu’il s’était produit : match nul, balle au centre ! Donc, comprenant que nous étions tous mal programmés, que nous avions agi comme nous savions le faire et pas autrement, j’ai décidé simplement de passer mon chemin, de les laisser loin derrière moi et… de les remercier dans la dédicace de mon livre : grâce à eux, j’aime ce que je suis aujourd’hui ! Ne m’ont-ils pas aidée à grandir ? Toutes les victimes qu’ils continuent, tous les deux, d’attirer dans leur filet et qu’ils font souffrir suivront le même chemin : elles apprendront de cette expérience et auront le choix de se laisser détruire ou de devenir plus fortes. La seule solution avec ces gens-là, c’est de les sortir de votre vie radicalement : plus aucun contact. Quand vous avez des enfants, ça complique le jeu : passez par les moyens légaux et restez ferme pour les éloigner le plus possible de votre vie privée. Ne leur laissez aucun pouvoir sur vous, car ils vous cherchent dans vos émotions.
4) Quand les parents ont été des bourreaux, que faut-il faire ? La même chose qu’avec les conjoints : comprendre pourquoi ils ont agi ainsi (ils n’ont pas pu donner ce qu’ils n’ont pas reçu), les éloigner si besoin est pour cause de toxicité s’ils continuent à vous agresser verbalement : quand vos parents vous ont rejetés, ça ne parle pas du fait que vous ne soyez pas aimable, vous l’êtes : ça parle de leur incapacité à vous aimer. Ca parle d’eux, pas de vous ! J’ai sorti ma mère de ma vie le jour où j’ai compris qu’elle était incapable d’aimer (je sais pourquoi au regard de sa propre histoire), qu’elle n’avait créé aucun lien maternel avec moi et donc je ne l’aimais pas. Mais son sport favori étant de me faire passer pour une idiote, ce n’était pas l’image que j’avais de moi ( !), j’ai mis un terme à une non relation. Je n’ai pas à lui pardonner non plus, bien que je m’en sois vantée longtemps (j’étais dans la domination, comme avec les conjoints : allez en paix, je vous pardonne !), je l’ai mise à sa place, avec les conjoints et autres toxiques : dans le passé et dans la case « expériences », libérée que je suis des émotions négatives qui y étaient reliées.
5) Vous essayez de vous pardonner, car c’est à vous que vous en voulez souvent le plus : comment avez-vous pu vous laisser traiter de la sorte, comment avez-vous pu vous laisser humilier, dépouiller, comment pouvez-vous encore vous traîner aux pieds de votre bourreau en le suppliant de vous reprendre alors qu’il/elle vous a fait subir mille morts ? Par mauvaises programmations auxquelles vous ne pouviez pas échapper. J’aime l’image du vampire (c’est à la mode !) : il a besoin de sucer le sang pour survivre (le Trou noir affectif) et il tombe sur des Desperados (vous ?) qui se jettent à leur cou pour se faire vider de tout ce qu’ils possèdent. Ce sont des mécanismes de survie. Si vous entrez dans la cage du tigre, il y a de fortes chances pour qu’il vous arrache la tête d’un coup de patte : mais vous n’entrez pas dans la cage du tigre, même si l’on vous dit qu’il est gentil. En revanche, vous entrez dans celle du Trou noir affectif et vous vous accrochez aux barreaux pour ne plus en sortir, même s’il est en train de vous tailler en pièce. C’est plus fort que vous. Alors, vous pouvez vous en vouloir tout le restant de votre vie ou comprendre que vous réagissiez par réflexe de survie : on peut en sortir !
Pardonner à quelqu’un qui ne vous a rien demandé ou qui vous le demande, c’est vous considérer plus haut que lui, donc en position de domination, parce que vous avez le pouvoir d’octroyer votre pardon ou non. Pourtant, vous restez sa victime, encore une fois, dans le pardon ou la haine. Je ne suis la victime de personne : j’ai compris pourquoi j’avais agi, par le passé, comme je l’ai fait et j’ai compris les comportements de ceux qui m’ont blessée. J’en ai blessé moi aussi puisque dans la première partie de ma vie affective, j’étais un sacré Trou noir affectif. Est-ce que je m’en veux ? Non, ils étaient responsables, comme moi, à 50 %, autant que dans ma vie de Desperado où je me suis laissée écraser. Encore une fois, match nul, balle au centre ! Pardonner, ne pas pardonner, maintenant vous le ferez en connaissance de cause et vous réalisez que la frontière est mince entre la compassion et la domination. Je laisse cela à votre discrétion, du moment que vous retrouvez votre Liberté et votre Paix intérieure. En ce qui me concerne, je n’ai rien à pardonner à personne, ni à moi-même : j’ai changé de vie, je me tiens éloignée des personnes toxiques et négatives et je ne suis et ne serai plus jamais la victime de personne. Je tiens mon destin entre mes mains et j’en prends grand soin !
Alors, pardonner : compassion ou domination ?…
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