Notre époque réalise, enfin, que le respect est la valeur universelle sur laquelle repose la bonne évolution de l’Humanité.

Le courrier intitulé « Non au refus de l’autre », adressé à l’Unesco, en 1992, par Edgar PISANI, commence par un désespérant constat : « Le monde balance entre l’indifférence et l’intolérance. La sympathie est comme morte. »
Son pessimisme n’est-il pas exagéré et contestable ?

Indifférence et intolérance sont des griefs que l’on peut faire à l’Homme, depuis toujours, malgré sa prise de conscience grandissante, qu’il est un être social, et que la qualité de son existence dépend des autres.
La mort de la sympathie impliquerait, déjà, qu’elle ait existé, ce qui démontrerait qu’elle ait évolué dans le mauvais sens, au point de disparaître.
Mais le … « comme »  morte … » du propos d’Edgar Pisani, rassure, car il signifie que la sympathie n’est qu’apparemment morte. Et son terrible constat n’est, en fait, qu’un signal d’alarme, qu’un appel au bon sens.
Au cours des âges, la sympathie entre les Hommes s’est développée au sein de la famille, de la tribu, des communautés, des sociétés toujours plus grandes ; mais, apparemment, ils n’ont pas réussi à se libérer de « cet instinct de possession et de sécurité qui pousse l’animal à défendre son territoire contre toute intrusion ».
L’Homme est-il vraiment incapable de se libérer de son animalité originelle, ou, pour le moins, de la dompter ?
Le mot « sympathie » d’Edgard Pisani évoque une considération mutuelle qui amena les grands guides de l’Humanité à la développer, au point de proclamer : « aimez-vous les uns, les autres. »
Mais, l’amour est un sentiment trop intime pour qu’il puisse être partagé avec le plus grand nombre.
Même quand on dit « j’aime les Papous », on exprime un sentiment altruiste, un sentiment d’appartenance émue, une sincère sympathie, avec tous les membres de notre espèce, même les plus éloignées. Mais les sentiments sont de vains ressentis, s’ils ne sont pas partagés, s’ils ne se traduisent pas concrètement dans les relations. Mon affection pour le papou ne sert que mon affect personnel et n’est que superficiel, dans les faits.
L’amour implique une relation étroite, l’altruisme, un beau sentiment qui démontre une réelle lucidité de la condition humaine, mais ces deux « sympathies », plus ou moins profondes, semblent bien n’empêcher, ni l’indifférence, ni l’intolérance.
On en a une illustration coutumière dans la manifestation de bons sentiments de certains nantis, à l’égard des plus démunis. Ils crient au scandale, le dénoncent, désignent des responsables, mais que font-ils, réellement et personnellement, pour y remédier ? En politique, en France, on les désigne sous le nom de « gauche caviar ».
Il ne suffit pas, non plus, comme nombre de célébrités sur les antennes, de déclarer sa grande fraternité, son indignation, pour améliorer. Trop souvent, ces derniers donnent l’impression d’une sensiblerie qui contribue à leur adulation, à la satisfaction de leurs égos. Ils ne développent que l’apparence, ou leurs apparences, et, une aussi médiocre qu’inutile contribution à la bonne évolution.
Pourquoi ?
Ils ne se valorisent qu’en dénonçant l’autre.
En cette période électorale, par exemple, ils s’admirent et se font admirés par leurs fans, en se prêtant à une sorte de curée, à l’encontre de Nicolas SARKOZY, l’accusant d’être responsable de tous les maux, et avec des mots les plus outrageants et excessifs, démontrant ainsi une étroitesse d’esprit et leur peu de considération pour le respect dû à chacun.
Mauvaise foi, insulte, déconsidération de l’autre … ne sauraient pourtant permettre de se faire valoir, et ne favorisent que mésentente, agressivité et désespoir.
Ils respectent la vie au point de ne plus condamner à mort le criminel, mais ils n’ont pas compris que le seul moyen de faire reculer l’indifférence et l’intolérance, de développer la sympathie, d’améliorer les relations et comportements, consiste à s’adonner, totalement, à la culture du respect.
Aimer autrui, c’est concrètement, le respecter.
La sympathie qu’évoque Edgar PISANI est un sentiment insuffisant pour combattre l’indifférence et l’intolérance.
Même l’amour de tous pour tous, est un vain mot. L’altruisme se limite trop souvent à n’être qu’un bon sentiment qui ne réconforte que soi.
Il faut sortir du monde des apparences ; il faut se libérer des bonnes intentions, toujours rendues fausses et illusoires par leur non application.
Dénoncer, manifester son indignation, ne sauraient suffire ; il convient de s’impliquer, de participer concrètement, de montrer par l’exemple, et de réaliser, surtout, que le seul repère qui définisse concrètement le moyen de nous parfaire, est le mot « respect », que le respect constitue le vecteur sur lequel repose, depuis toujours, la bonne évolution de l’Humanité.
L’évolution idéale de la conscience humaine s’élabore par la culture du respect, précise le transréalisme.
Et, ce n’est aucunement utopique.
La déclaration des Droits de l’Homme n’a émergé qu’il y a deux siècles, après des dizaines de milliers d’années de gestation ; et, grâce aux considérables progrès des moyens de communication, et, notamment, d’internet, les Hommes du monde entier, découvrent et veulent concrétiser leurs aspirations profondes de liberté et de respect.

Si le mot « transréalisme » émerge aujourd’hui, c’est parce que l’idéal qu’il précise, est une réalité qui peut, maintenant, être appréhendé par la majorité des Hommes.
Ce n’est pas par la sympathie, mais par le développement de la culture du respect que l’on parviendra à dire « Non » au refus de l’autre.
La bonne évolution de l’Humanité dépend de l’accroissement de la capacité des Hommes à respecter. Le passé démontre la véracité que l’évolution qui consiste à éloigner l’Homme de son animalité  pour développer sa spiritualité, n’a cessé  de s’élaborer par cette faculté.
Le moment qui permet au plus grand nombre de bien le réaliser est arrivé.
Bien repérer l’idéal est la prime condition pour s’y adonner et le servir.

Pierre Gouverneur