Le secteur représente en effet 10 % du budget annuel des frais de santé des ménages selon l’UFC. Des frais très mal remboursés puisque sur le chiffre d’affaires 2012 du marché des lunettes (4,7 milliards d’euros), seuls 270 millions d’euros, à peine 6 %, sont pris en charge par la Sécurité sociale. « Cela signifie que 94 % du prix est à la charge des consommateurs », insiste l’association. L’optique, deuxième cause de renoncement aux soins,
après le dentaire.
Les mutuelles, ont des pratiques très « inégales. « Certains assurés qui bénéficient de contrats haut de gamme, chères, sont remboursés intégralement tandis que d’autres ne bénéficient que d’une prise en charge complémentaire faible, voire parfois nulle ». Des complémentaires qui remboursent sans contrôler ce marché opaque. Pour le moment…
A la tête du cabinet de conjoncture PNC, Pascal Perri est l’auteur du récent Rien que pour vos yeux , enquête à charge sur les pratiques des opticiens en France. Un livre vite retiré du commerce à la demande de la chaîne d’opticiens Atol qui revendique la paternité de ce slogan.
Comment réagissez-vous à la publication du rapport de la Cour des comptes ?
Ce rapport montre l’hypocrisie du système actuel de remboursement des soins d’optique. C’est un jeu de dupes entre les grands réseaux d’opticiens et les mutuelles qui se fait sur le dos des assurés sociaux. Depuis que la sécurité sociale s’est largement désengagée des lunettes, les mutuelles en ont fait un produit d’appel. Il y a bien évidemment une contrepartie.
Que voulez-vous dire ?
Les lunettes qui sont de plus en chères sont plutôt bien remboursées [par les mutuelles] mais cela se fait au détriment d’autres actes médicaux. C’est parce qu’on rembourse très bien les lunettes que d’autres soins sont moins bien pris en charge. Le monde de l’optique a fait son beurre en associant un besoin médical bien réel, celui de mieux voir avec des verres correcteurs, avec le monde de la mode et des tendances. Or la vocation de la sécu n’est pas de rembourser des montures de mode, ce que la Cour des comptes rappelle dans son rapport avec force.
Vous dénoncez le développement anormal du secteur ces dernières années ?
Le système est en effet très inflationniste et la part grandissante prise par les complémentaires dans le remboursement des lunettes est à l’origine de cette hausse continue des prix. Le nombre d’opticiens ne cesse de progresser en France, pays où les prix et les taux d’équipement sont supérieurs à la moyenne européenne.
Entretien du 17 septembre source Libération.