Les compliments et l’estime de soi
Nous savons tous maintenant que l’estime de soi prend sa source dans l’enfance et combien
elle a des conséquences profondes sur le développement psychologique, la motivation, les valeurs, les buts d’un enfant…
Alors si c’est si important, que pouvons-nous faire pour développer une image de soi positive et réaliste des enfants et des adolescents?
Une des réponses qui nous vient spontanément est de faire des compliments. Mais le compliment peut aussi être un piège et ne pas donner l’effet escompté. Ex : si je dis souvent à un enfant qu’il est extraordinaire, super, un champion, le meilleur du monde, etc…il finira par se rendre compte que vous exagérez et ne vous croira pas ou il va se créer une image de lui grandiose et irréaliste qui nuira à ses relations interpersonnelles ou sera dramatique quand il se rendra compte de la fausseté de cette image.
Gabriel et sa petite sœur jouent gentiment ensemble depuis 20 minutes. Vous êtes ravis et complimentez les enfants : ‘’Que vous êtes gentils !’’ au bout de 30 secondes vous entendez la petite hurler !! Que s’est-il passé ?? Il semble que les mots qui évaluent (beau, bon, fantastique, gentil, etc) rendent les enfants inconfortables et font qu’ils rejettent les compliments aussi vite qu’ils sont envoyés. De plus, comme ils ne sont pas toujours ‘’gentils’’, ils se dépêchent de se débarrasser de ce rôle qui les enferme.
Les compliments évaluatifs ont aussi le désavantage de fournir un regard extérieur et de créer l’habitude de rechercher l’approbation des autres, même rendu à l’âge adulte.
Donc les compliments les plus efficaces comportent toujours deux parties : 1) vous décrivez d’abord, de façon appréciative, ce que vous voyez et ressentez ; 2) après avoir entendu votre description, l’enfant est alors capable de s’apprécier lui-même.
Par exemple : Au lieu d’évaluer : tu as rangé ta chambre. Tu es vaillante. (ce compliment ne serait sûrement pas efficace si par exemple, l’enfant a poussé des jouets sous le lit ou dont le contenu de la penderie risque de dégringoler si vous en ouvrez la porte).
Décrivez plutôt ce que vous voyez ou ressentez : Je vois qu’on a fait beaucoup de travail ici. Tous les blocs sont dans leur boite, sur la tablette, chaque CD est dans sa pochette. Et toutes les billes sont ramassées. C’est un plaisir d’entrer dans cette chambre ! (l’enfant pourrait alors se dire à lui-même : je sais vraiment faire le ménage quand je veux !). Voici comment un compliment qui décrit peut augmenter l’estime de soi d’un enfant.
De plus, le fait de décrire demande un effort de la part de l’adulte de vraiment regarder ce que l’enfant a fait. Pour l’enfant juste le fait de regarder attentivement veut dire beaucoup.
Il existe une autre façon d’être descriptif quand on offre des compliments. L’élément additionnel consiste à ajouter un ou deux mots, qui résument le comportement valable de l’enfant : Tu as travaillé pendant plus d’une heure à mémoriser des définitions. J’appelle ça de la persévérance ! Tu as dit que tu serais à la maison à 5 heures et il est 5 heures pile. C’est ce que j’appelle …. Promptitude, ou ponctualité, ou respect des consignes. Cette façon de faire peut même enseigner du vocabulaire aux enfants et leur faire prendre conscience de certaines qualités importantes. J’ai aussi remarqué que les parents ont souvent plus tendance à exprimer leurs critiques ou ce qui a été mal fait pour aider les enfants à s’améliorer, et tiennent pour acquis les efforts que font les enfants pour se comporter correctement. Conduisons-nous autrement dans nos familles. Rendons-nous compte que nous avons aussi l’obligation envers nos enfants de confirmer leurs bons coups.
Le monde entier leur dira haut et fort ce qui cloche chez eux. Notre devoir consiste à leur faire connaître leurs qualités et leurs talents sans les rendre dépendants de notre évaluation. Mais attention…de façon descriptive en nommant ce qu’ils ont fait ou exprimant notre appréciation ou les deux. Ce que ça exige de nous, c’est de vraiment regarder, de vraiment écouter, de vraiment remarquer. Puis de dire tout haut ce que nous voyons ou ressentons. On peut se demander comment un processus aussi simple peut entraîner des effets aussi profonds. Et pourtant, jour après jour, à partir de nos descriptions au lieu de nos évaluations, nos enfants sont en train de se forger une solide estime de soi.
Prenez maintenant un moment pour réfléchir aux enfants que vous côtoyez .
Pensez à une chose qu’un enfant a fait récemment et que vous avez appréciée, mais que vous n’avez pas mentionnée. Que pourriez-vous lui dire pour démontrer votre appréciation en suivant les préceptes de cet article?
Ça marche aussi avec les adultes, essayez-le pour voir ;-)
Francine Lavergne
Psychothérapeute
Formatrice
Animatrice
http://www.mimosa-francine.com/
Source : Atelier « Comment parler pour que les enfants écoutent et écouter pour qu’ils parlent »
Faber et Mazlish.