Les arts visuels en Tunisie

Le mur est et le minaret de la Grande Mosquée de Sfax , et la façade de la mosquée des Trois Portes à Kairouan en sont des exemples remarquables.

Fresques et plafonds peints étaient particulièrement courants au Xr et au XIX’ siècle, mais la peinture figurative s’est développée en Tunisie avec l’arrivée des Français. Très académique, conservateur et provincial, le Salon tunisien fut fondé en 1894. La Tunisie attirait alors les modernistes européens qui étaient subjugués par la lumière et l’architecture du pays. La Tunisie inspira en particulier le peintre suisse Paul Klee et son confrère allemand August Macke. Leur séjour en 1914, aussi bref fut-il, marqua un tournant décisif dans l’oeuvre de Klee, qui intégra désormais les couleurs intenses du pays et les motifs des mosquées d’Hammamet, de Sidi Bou Saïd et de Kairouan.

En 1949, un groupement d’artistes fonda l’École de Tunis, avec pour but de contrebalancer l’influence coloniale française du Salon. C’est elle qui fit de la vie quotidienne en Tunisie un thème populaire de la peinture contemporaine. Les principaux membres du mouvement furent Yahia Turki, que l’on considère comme le père de la peinture tunisienne, et Abdelaziz Gorgi, qui dirigea l’école jusqu’en 1983. Hédi Turki en était également membre, bien que son oeuvre aux motifs très géométriques s’éloignât du style figuratif prôné par l’école, avec une sensibilité typique du milieu du siècle.

Si les artistes contemporains luttent pour trouver un public en Tunisie, ils sont de plus en plus représentés à l’étranger : aidés par les biennales de Dubaï et de Sharjah et des institutions comme l’Institut du monde arabe de Paris, beaucoup ont également choisi d’étudier et de vivre en Europe. Parmi les artistes intéressants, citons Nja Mandaoui (né en 1937), qui transforme la calligraphie arabe en oeuvres abstraites, lui retirant toute signification et créant une langue symbolique sensuelle, et Nejib Belkhodja (1933-2007), dont l’oeuvre évocatrice, d’inspiration principalement tunisienne, allie le travail sur le plan de la calligraphie arabe à une mise en perspective qui n’est pas sans évoquer les toiles de Kandinsky et de Delaunay.