LES « FROTTEURS » : QUI SONT-ILS ET COMMENT RÉAGIR ?
Ayant habité Paris, puis la banlieue parisienne pendant 18 ans, de 1983 à 2001, avant de m’installer au Québec où je vis aujourd’hui, j’ai toujours entendu parler de certains hommes se frottant aux femmes dans les transports en commun ou leur tripotant les fesses. Cela s’est même produit sous mon nez, alors que nous étions au Trocadéro avec une amie qui était appuyée contre le rebord pour contempler le paysage : c’est moi qui ai chassé ce type, étant aux premières loges de la scène. Actuellement à Paris pour le salon du livre 2019 où je présente « La jungle des comportements humains » (Béliveau éditeur), je constate que les médias et la loi se penchent enfin sur cette question les appelant les « frotteurs ». Quel est le profil de ces hommes ? Comment choisissent-ils leurs proies ? Quelles sont les solutions pour protéger les femmes de leurs agissements ?
Profil du « frotteur »
Tout d’abord, mesdames, cessez donc de faire l’amalgame entre les frotteurs et les hommes : tous les hommes ne sont pas de frotteurs ! Le profil de ce style de gars est particulier : ils ont un problème de comportements sexuels et le manque extrême de confiance en eux les pousse à n’avoir comme relation avec les femmes, qu’ils méprisent d’ailleurs, que des frottements ou leur mettre la main aux fesses. Cracher sur ce que l’on ne peut avoir est une attitude répandue et le « frotteur » (comme le harceleur sexuel sur le lieu de travail ou ailleurs) sait qu’il n’obtiendra rien de la façon classique : aborder et charmer une femme. Il en est incapable. Le « frotteur », quand il a affaire à une victime qui riposte l’insultera vulgairement parce qu’elle ne s’est pas laissée faire. Car, à ses yeux, certaines femmes l’autorisent innocemment en ne disant rien, trop gênée et choquée par la situation. D’autant qu’aux heures de pointe, serrés comme des sardines dans les transports, difficile de savoir si l’homme est vraiment en train de se frotter ou si c’est la situation qui fait qu’on en a l’impression. Parfois, c’est bien plus clair que ça et si la femme ne réagit pas, essayant simplement de s’éloigner de ce qui la tripote (corps ou main) pour ne pas faire de scandale, le « frotteur » est au paradis.
Comment choisissent-ils leurs proies ?
Le « frotteur » ne sait pas qu’il a un instinct pour choisir sa proie, tout comme l’agresseur sexuel ou le pédophile. Il va s’attaquer à une femme vulnérable, gênée, manquant de confiance en elle, qui n’osera pas faire de scandale et essaiera d’échapper aux frottements ou attouchements en s’éloignant de l’agresseur. Et si le transport en commun est bondé et qu’elle n’a aucune marge de manœuvre pour échapper à la main baladeuse ou au corps frotteur, elle va endurer la situation, dégoûtée, sachant que son humiliation s’arrêtera quand elle descendra du bus ou du métro, sans se retourner, tellement elle a honte de ce qui vient de se passer. Des escouades de policiers, la brigade anti-frotteurs, sont dépêchées dans le métro pour piéger ces hommes ayant un problème sexuel et une policière en civil est sensée servir d’appât. Il y a peu de chance qu’ils s’attaquent à une femme formée à se défendre et qui, de surcroît, dégage dans son site Internet subliminal : « Viens mon coco, tu vas voir la trempe que tu vas ramasser ! ». Souvenez-vous qu’ils flairent la femme en manque de confiance et une femme policier, elle, n’en manque pas, surtout si elle est déterminée à leur régler leur compte ! Ayant utilisé, comme je vous le signalais en début d’article, pendant 18 ans les transports en commun parisiens, jamais un seul « frotteur » ne s’est frotté à moi. J’étais tellement enragée dans certaines périodes de ma vie que je vous avoue qu’il m’est arrivé d’entrer dans le métro dans l’espoir qu’un type s’approche de moi de façon malveillante pour que je lui fasse profiter de toute la colère que j’avais en moi : ça n’est jamais arrivé.
Quelles sont les solutions ?
Tout d’abord, Mesdames, si cela vous est arrivé ou vous arrive, réduisez le « frotteur » à cette image : le petit chien ridicule qui grimpe et qui se frotte sur la jambe de quelqu’un. Vous voyez ce que je veux dire ? Certes, ces types-là ont un problème sexuel et si c’est une explication, cela ne peut représenter une excuse. Mais en dédramatisant la scène, vous aurez plus de facilité à la surmonter. Et si cela vous arrive une fois ou de façon régulière, il est temps de comprendre que vous les attirez, dégageant de la vulnérabilité. En développant votre confiance et votre estime, voire en pratiquant un art martial ou en prenant des cours d’auto-défense, vous devriez être plus à même de ne pas éveiller l’attention de l’agresseur ou de faire face à la situation, encore faudra-t-il avoir l’audace de réagir au moment de l’attaque. Au Québec, ayant des ours dans ma forêt, j’ai une bombe de poivre qui lance un jet de couleur orange afin de voir où je vise en cas d’attaque. Ce serait amusant que les femmes puissent disposer d’une petite bombe de couleur bleu (sans le poivre) pour tagger la figure de l’agresseur. Il faut savoir que la loi condamne les « frotteurs », mais que les femmes n’ont pas le temps de porter plainte contre le type qui les tripotent, pressées de rentrer chez elles, ce qui fait l’affaire des agresseurs : ils le savent ! Mais s’ils prennent un jet de couleur bleue dans la tête, ils seraient marqués comme agresseurs et ça les calmerait sûrement. Bien sûr, il faut être certaine d’envoyer la giclée au visage du coupable et il pourrait y avoir des abus ou des erreurs, mais le simple fait de savoir qu’ils se promèneraient avec la tête d’un schtroumpf pourrait les décourager. Ou encore le simple fait de sortir la bombe ostensiblement pour qu’il la voit. Autre solution facile à utiliser et à la portée de toutes : crier « frotteur ! » et le coupable battra en retraite parce que signalé. Vous pouvez également, pour les plus effrontées, attraper la main du tripoteur et la lever en disant « elle est à qui cette main baladeuse ?! ». C’est l’agresseur qui risque de battre en retraite devant les regards désapprobateurs et rieurs des usagers des transports.
En résumé, comprenez bien que tous les hommes ne sont pas des « frotteurs », que ces types-là ont un problème sexuel reposant sur leur manque de confiance et d’estime qui les réduit à n’avoir pour contact avec les femmes que des frottements (le petit chien ridicule). Souvenez-vous aussi que vous n’avez pas à subir ça et que développer votre confiance et votre estime éloignera les agresseurs. D’autant que si vous pratiquez un art martial et que vous entrez dans les transports en commun en espérant que l’un d’eux vienne se frotter à vous pour vous entraîner, vous aurez la paix ! Et si l’un d’eux se trompe, ce qui m’étonnerait, vous aurez le plaisir de venger toutes les femmes qu’il aura agressées !