La veuve qui rêvait d’un testament ou l’homme qui avait oublié sa concubine

Plusieurs d’entre vous ont lu ou ont entendu parler des polars de la série Millénium écrits par le journaliste suédois Stieg Larsson: « Les Hommes qui n’aimaient pas les femmes », « La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette » et « La Reine dans le palais des courants d’air ». Cette série connaît un immense succès critique et populaire. Pour plusieurs, la série Millénium est le « polar » de la décennie.

Cette chronique juridique n’est pas le lieu pour vous faire la critique de ces livres, mais je veux vous raconter la petite histoire de ces romans et des choses qui n’arrivent qu’aux autres.

Le 9 novembre 2004, Stieg Larson, 50 ans, a depuis peu remis à son éditeur ses trois romans. Il a confiance qu’ils seront édités et il espère un certain succès. Cette journée-là, l’ascenseur de l’immeuble où il travaille, tombe en panne. Le romancier monte à pied les sept étages pour rejoindre son bureau avec, à l’arrivée, le malaise qui lui sera fatal.

Aussi, incroyable que cela puisse paraître, cet homme de lettres n’avait pas rédigé de testament en bonne et due forme. Sa concubine de trente-deux ans, Eva Gabrielsson devient la reine d’un palais de courants d’air. Faute d’avoir épousé son amour de jeunesse, elle s’est retrouvée totalement exclue de l’héritage qui est revenu de fait au père et au frère de l’écrivain. Le patrimoine de l’auteur est estimé à 12 millions de dollars et cela n’est pas fini, car les romans viennent d’être traduits en anglais et un film s’en vient. En Suède, où un habitant sur trois a lu Millénium, l’affaire continue de défrayer la manchette au point, dit-on, que de nombreux conjoints de fait se seraient empressés de faire leur testament ou de se passer la bague au doigt pour éviter pareille mésaventure. Tous ici se souviennent qu’Eva Gabrielsson a même failli être expulsée par les héritiers, de l’appartement qu’elle partageait avec son compagnon.

Je vous fais grâce des multiples rebondissements que cette affaire a connus. Seulement, il demeure qu’Eva demeure sans le sous et que le résultat serait exactement le même dans notre belle province de Québec. De plus, au Québec, même marié, Eva aurait dû partager la majeure partie de l’héritage avec son beau-frère et son beau-père.

En conclusion, courez à la bibliothèque ou à la librairie, vous procurer la série Millénium et passez quelques nuits blanches. Pour le reste, j’imagine que vous saurez quoi faire.

Paul Germain, notaire

www.paulgermainnotaire.com

guide pour faire son testament