L’humour m’a sauvée dans les situations les plus dramatiques et souffrantes qui soient : c’est ce qui m’a fait comprendre, dans mon métier de coach, que « commencer à en rire, c’est commencer à en guérir ». Je le mets d’ailleurs à toutes les sauces, l’humour, le diffusant abondamment dans toutes mes activités, tant personnelles que professionnelles. Et les questions que vous vous posez peut-être sont les suivantes : pourquoi certaines personnes ont de l’humour, quand d’autres en sont totalement dépourvues ? De quels ingrédients est-il composé ? Peut-on le travailler ?
J’ai grandi dans une famille où l’humour était toujours au goût du jour : mon grand-père maternel en regorgeait, ne passant jamais inaperçu, accompagnée de ma grand-mère ayant beaucoup de classe et néanmoins pince sans rire et mon père, né dans le Midi (France), cultivant un accent méridional savoureux, qui me faisait rire, lui aussi. Donc, dans mon cas, l’humour était déjà dans mon biberon et j’en fus bercée en grande partie par mes grands-parents qui m’ont élevée. J’ai donc été entraînée à avoir le sens de la répartie, propulsé par une langue bien pendue et une capacité à jongler avec les mots, étant littéraire, également. Nous dirons donc qu’il s’agit d’un don inné et cultivé par une famille de joyeux drilles. Mon grand-père ayant vécu dans deux camps de concentration pendant la deuxième guerre mondiale parce que résistant, ne nous a jamais raconté que des anecdotes amusantes de cette période : la bonne humeur avait repris le dessus sur l’horreur…
Avoir de l’humour ne signifie pas uniquement être en mesure de faire des jeux de mots ou de régaler d’auditoire de blagues bien racontées. Il faut également savoir rire : l’humoriste sans public est une plante sans eau. Peut-être élevé dans une famille dysfonctionnelle, pas facile de grandir avec le rire et le sourire aux lèvres. Le passé nous accorde la joie de vivre ou nous en prive et il faudra donc rectifier le tir, une fois adulte, pour reconnecter avec l’âme d’enfant qui active la capacité à s’amuser. Eh oui, cultiver cette âme-là permet de voir la vie du bon côté et de s’émerveiller. D’ailleurs, personnellement, je ne m’étonne plus de rien, car je m’émerveille de tout ! Ceux qui ont perdu cette âme d’enfant en route trouvent futile de rire de tout (dans le respect) et de rien : ils associent l’amusement à l’inutile et au dégradant. Quelle erreur ! Comme le disait Sacha Guitry : « Méfiez-vous des gens qui ne rient jamais, ce ne sont pas des gens sérieux ». Voilà pourquoi je me positionne comme « drôlement sérieuse » ou « sérieusement drôle » dans tout ce que je fais. Tombée dans l’humour comme Obélix dans la potion magique, je sais qu’il soigne, qu’il guérit et qu’il m’a conduite vers le bonheur avant de l’avoir connu et construit. Aujourd’hui, c’est un don que je cultive et quand un client en coaching me demande comment on fait pour avoir de l’humour, je lui réponds que le talent de faire rire, on l’a ou on ne l’a pas, cependant, on a toujours le talent de rire ! Et pour commencer, rire de soi-même.
L’humour repose, je le répète, sur l’âme d’enfant qui est la capacité à s’amuser et s’émerveiller et, tout en restant un adulte responsable, pensez donc à faire rire vos enfants. D’ailleurs, avez-vous remarqué que lorsqu’un enfant pleure, il suffit de le faire rire pour qu’il oublie instantanément pourquoi il pleurait ? Les enfants ont le rire facile. Les gens heureux rient facilement aussi, quand les gens aigris n’ont plus d’espace que pour les larmes et le négatif. Commencez par construire votre bonheur pour avoir de bonnes et belles raisons d’avoir le rire facile, bien que certains, pas heureux du tout, soient tout de même capables de saisir la moindre opportunité d’égayer leur journée. L’humour repose également sur la confiance en soi qui vous garde debout même si votre jeu de mots ou histoire drôle n’a amusé que vous. La peur du jugement bloque beaucoup de gens et la simple idée de tomber à plat les propulserait dans un trou de souris. Moi, je leur donnerai un Oscar juste pour avoir essayé ! Ne vous jugez pas au résultat (fou-rire de votre auditoire), mais plutôt au courage d’avoir tenté d’ajouter du bonheur à la journée et, surtout, la fierté d’avoir loupé votre coup et pourtant de rester debout. Rassurez-vous, toutes les blagues ou jeux de mots ne font pas systématiquement mouche ! Je me souviens d’une conférence durant laquelle la salle ne riait pas à mes tournures d’habitude comiques. Je me dis que cette conférence ne plaisait donc pas, me jugeant aux rires absents, pour me remémorant que je n’étais pas là pour faire un show d’humour, mais une conférence. Et je me recentrais donc sur mon discours. Bien m’en prit, car je reçus de nombreuses félicitations : ma prestation avait grandement informé le public à défaut de le faire rire. Et, pour tout vous dire, j’ai cessé d’attendre que les participants rient quand je pense que c’est drôle : ils rient tout simplement quand ils en ont envie !
A quand remonte votre dernier fou-rire ?