Il était une fois un homme qui vivait simplement, dans une chaumière au creux de la forêt. Chaque jour, en guise de repas, il mangeait diverses denrées qu’il accompagnait toujours d’un morceau de pain.
Mais son pain quotidien lui posait un problème. Bien que celui du jour eût été très tentant, il lui restait chaque fois celui de la veille. Aussi, comme il avait appris les vertus d’être économe, il commençait toujours par le plus ancien, déjà sec et moins appétissant.
Il allait se coucher en rêvant à son lendemain, où il pourrait enfin se régaler en bonne conscience, du pain frais qui l’avait tant invité.
Évidemment, le lendemain était en tous points pareil. L’objet de son désir de la veille n’était plus au goût du jour, mais il s’en contentait en regardant d’un air triste le nouveau venu qui, lui aussi, serait sec lorsqu’il s’en nourrirait.
À la fin de ses jours, il se rendit compte que, sa vie durant, il s’était nourri au pain sec, alors que l’objet de son désir était constamment à portée de la main.
Le pain frais lui était-il interdit ? Ou un bonheur simple lui faisait-il trop peur ?
À méditer lorsqu’on est tenté de reporter au lendemain le bonheur à portée de la main.
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