Parfois, la méditation est présentée comme une sorte d‘hygiène mentale, une façon plus ou moins désaromatisée de se maintenir sain de corps et d’esprit. Je trouve que c’est là une très mauvaise idée. Car un tel point de vue ne peut que renforcer un fantasme de perfection sociale et une quête faussement égalitariste où la dictature des normes aliène les esprits, laissant accroire l’avènement d’un monde parfait dont les habitants ne connaîtraient ni faiblesse, ni risque, ni peur, ni différences, tous bien normés et vaccinés, parfaits consommateurs et joyeux acteurs du progrès et de la croissance.

Au contraire, si tu es fatigué de devoir apprendre à vivre par le truchement des émissions débilitantes de M6, si tu peines à te retrouver dans les modèles de prêt-à-penser sponsorisés en sous-main par les groupes de la haute-finance, si la vie de chaque jour te semble pénible, incompréhensible, insatisfaisante, si tu ne peux sentir ta propre légitimité tout simplement en tant qu’être vivant… alors, oui la méditation est utile.

C’est un acte de rupture qui ne peut s’accommoder de la complaisance mondaine, une noble tentative orientée vers la découverte d’un gisement intérieur et non d’un eldorado social ou philosophique. Cela demande de l’intrépidité et une grande indépendance d’esprit.

Si, de surcroît tu pressens la présence d’un état délié de la conscience et d’une énergie disponible au cœur-même de ce que tu es… alors, oui la méditation est utile.

Pourtant, nul ne peut fuir ni le monde ni soi-même, même en éprouvant inacceptables et l’un et l’autre. Le chemin du cœur ne se trouve ni dans la rébellion ni dans la soumission. Pire encore est la tiédeur. Qui se défait de ces trois extrêmes a peut-être une chance de trouver ce chemin, Chemin du Milieu dont le milieu n’est pas…

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