La vie est vache… mais ne vous laissez pas abattre !

Drrriiiing ! Encore ce satané téléphone. Je n’y arriverai jamais. Comment se concentrer sur son travail lorsque le reste du monde s’ingénie à vous appeler à tout bout de champ ? Je quittai l’écran de mon ordinateur et décrochai le combiné. Une voix familière et empressée me coupa avant même que j’aie prononcé la moindre parole :

– « Vite. Va voir à ta fenêtre ! Dans la rue ! C’est dingue ! Dépêche-toi, avant qu’elle ne soit passée… »

Sans réfléchir, je courus à la fenêtre pour y découvrir ce qu’on me promettait d’aussi sensationnel et je l’aperçus immédiatement. Difficile de ne pas la remarquer : une vache déambulant en plein centre-ville est un phénomène assez rare pour provoquer un tel émoi. Et je n’exagère pas, comme pourrait l’attester le nombre de badauds parcourant la rue à sa suite et sur ses flancs, mais à distance respectueuse, les citadins se méfiant souvent des choses de la campagne.

Ma première réaction fut de sourire à la vue de ce spectacle grotesque d’une vache jouant la star au milieu d’une centaine de figurants humains, dont quelques policiers déconcertés. Mais mon sourire ne dura pas, car il était clair que ce bovin cherchait tout sauf la célébrité. Dans sa fuite en avant, trottant à vive allure, elle semblait épuisée et, cherchant une issue, elle tourna la tête dans ma direction.
Bien qu’étant à distance respectable, derrière les vitres de mon bureau, nos regards se croisèrent. Ce que je lus dans ses yeux, en une fraction de seconde, me glaça le sang. Des mots s’imprimèrent en lettres de feu dans mon esprit :

– « AU SECOURS ! »

L’angoisse que je ressentis à ce moment restera gravée à tout jamais dans ma mémoire.
Je regardai alors dans la direction opposée de son trajet : là-bas, au loin, les abattoirs venaient d’égarer une proie… Voici son histoire…

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Texte publié en février 2002 sur Babelweb.

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