La phobie de l’ennui.
Aujourd’hui, je voudrais vous parler de l’ennui. Car l’ennui, c’est une situation très fréquente dans notre vie de tous les jours. Et la façon dont on va traiter, cette période qui semble moins intéressante, moins excitante, va déterminer notre aptitude à être plus heureux.
En l’absence de stimulation externe, de projets ou de rétro action, l’esprit, nous le savons a peine à garder l’ordre en lui-même ou à orienter l’attention ; surviennent alors les pensées chaotiques, l’entropie psychique.
Les humains sont programmés pour chercher le plaisir, contrairement au déplaisir que nous fuyons tous.
Entre les périodes de plaisir trop rares, et les périodes de déplaisir, il existe des moments de la vie qui sont situés entre les deux. « Je m’ennuie » me répète sans arrêt mon fils, « je ne sais pas quoi faire ». Il arrive fréquemment que l’on n’ait plus d’idée pour démarrer une activité, ou s’occuper. Nous ne voyons pas de plaisir immédiat à consommer, pour faire passer ce moment très banal et un peu pénible, voir « plate ». Nous recherchons l’excitation constamment dans notre vie et pendant cette période là nous sommes en panne de plaisir et de motivation. Quoi faire alors? Le plus simple est souvent le moins bon. Allumer une cigarette, boire un verre, manger un bonbon, allumer la télé, la radio, regarder pour la centième fois sa boîte de courriel sur Internet etc.
Le but de tout cela est de fuir cet instant, éviter cette sensation peu plaisante de ne savoir pas quoi faire, de ne pas trouver assez d’énergie pour se lancer dans un projet motivant, de ne pas trouver dans son environnement de choses suffisamment excitantes à entreprendre.
Comme dans les phobies, l’évitement renforce l’évitement. Ce qui revient à dire, que moins je sais gérer les situations d’ennui, plus je vais les redouter, les fuir, et faire n’importe quoi pour les éviter. Plus grave encore, je vais anticiper la peur de m’ennuyer.
Je pense que notre époque est propice au développement de la phobie de l’ennui. Alors que l’ennui est un état naturel de conscience de l’homme qui peut aboutir sur des idées créatrices, notre société rivalise d’ingéniosité pour faire passer ces moments-là d’une manière passive, moyennant finance évidemment. Tout est proposé dans le commerce pour « se changer les idées ». Il faut que cela ne coûte pas cher, que l’effet soit rapide, et surtout que cela ne demande aucun effort de la part de l’individu. Alors allons-y ! DVD, MP3, Playstation, MSN, Internet, télévision, tout est fait pour déconnecter l’individu de son état de conscience naturelle de l’ennui. Il se fait bombarder d’informations visuelles, auditives, kinesthésiques (de contenu très pauvre) dans le simple but de lui recréer de l’excitation, et lui faire oublier le plus vite possible le moment pénible où il se retrouve face à lui. Une fois cette excitation passée, car elle s’ émousse aussi vite avec le temps, il faut absolument en trouver une autre, car il n’est plus question de rester seul, dans son coin à ne rien faire, branché sur sa seule personne. Quand je parle phobie, je pense vraiment que c’est le mot juste.
Comment faisait on avant ? Il faut savoir que la sensation de l’ennui ne dure pas. Au bout d’un moment, on a toujours envie de faire quelque chose. Comment faisaient nos ancêtres, pour occuper ces longues soirées d’hiver ennuyantes? L’ennui est souvent lié à la solitude, donc les anciens se réunissaient autour d’un repas, d’une boisson, ou même tout simplement, d’une cheminée. Seulement quoi faire? C’est là que l’ennui devient intéressant, pour occuper le temps, chacun s’est mis à inventer des histoires, des contes, des chansons etc.
S’ils avaient eu à l’époque la télévision, nous n’aurions jamais pu profiter aujourd’hui de leurs géniales créations. Auraient-ils eux aussi, passés d’aussi bonnes soirées ? Pas si sur ! Moi je dis, que l’ennui est une période importante qui conduit inévitablement à la création. Pensez-vous que, lorsque je suis pris dans le feu de l’action, mon esprit est disponible pour rêver, imaginer et trouver des nouvelles pistes à des problèmes connus? La danse, les chorales, la musique sous toutes ses formes, la peinture artistique sont autant de réponses que nos anciens ont trouvées pour passer le temps de façon agréable et par conséquent éviter l’ennui.
Comment faire aujourd’hui ? Votre travail est ennuyeux ? Votre conjoint est ennuyeux ? Votre famille est ennuyeuse ? Au lieu de ressentir cette tristesse face à une situation imposée qui ne vous excite plus, réjouissez-vous, cherchez au fond de vous, les 1000 et une façons d’agrémenter, d’améliorer, et inventez de nouvelles méthodes et attitudes pour profiter mieux de l’instant qui passe. Tout le monde vous en sera reconnaissant.
Vous avez maintenant envie de vous ennuyer ? Je comprends cela fort bien, mais de grâce ne profitez pas seul, de ce moment précieux. Venez, s’il vous plaît, vous ennuyer avec moi, le voulez-vous ?
Je vous conseille la lecture du livre de Mihaly Csikszenthmihalyi « Vivre, la psychologie du bonheur » chez Robert Laffont
Alain Hypnothérapeute diplômé à Montréal 514 735 9672