La nouvelle image de soi: Facebook, Twitter et consorts

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La nouvelle image de soi: Facebook, Twitter et consorts

Quelle formidable invention que l’ordinateur, internet et les réseaux sociaux car ces moyens de communication permettent à des personnes qui ne se seraient jamais rencontrées d’un bout du monde à l’autre, de le faire et de communiquer. L’information circule plus vite et d’un clic, nous pouvons nous retrouver virtuellement à n’importe quel endroit du monde, sans quitter sa chaise.
Les plus célèbres d’entre eux: Facebook et Twitter se retrouvent même au centre de l’information comme étant une source plus rapide que les agences de presse. L’information est d’abord annoncée sur un de ses réseaux sociaux puis relayée ensuite par les médias. Des événements sociaux telles les révolutions arabes et mouvement des indignés du monde entier prennent leur source sur le réseau social. Ils deviennent aussi un contre-poids à l’information ou désinformation officielle des médias et gouvernements. Ils se retrouvent aussi parfois au centre de drames et faits divers, les autorités judiciaires consultent le profil Facebook ou Twitter des individus concernés pour y trouver un profil psychologique, des indices, des explications ou des témoignages.
Il se retrouvent aussi comme nouvelle vitrine virtuelle des sociétés, entreprises, associations, artistes en tous genre. Pour celui qui veut communiquer au plus large public, il se doit d’utiliser les réseaux sociaux.
Facebook et Twitter sont donc devenus: une source d’informations et de communication marketing.
Mais pas que cela…

Les réseaux sociaux sont avant tout, utilisés par le quidam pour pouvoir rentrer en relation avec l’autre, faire des connaissances, échanger, partager, se montrer, se dévoiler et donc d’exister (même) virtuellement aux yeux des autres et, c’est cet aspect que je vais explorer.

Avant, quand nous désirions rencontrer une personne, nous allions la voir chez elle ou l’invitions chez nous et nous partagions ensemble visuellement, des émotions, des ressentis. Cela avait l’avantage d’un vrai rapport constructif, authentique.
Maintenant, sur les réseaux, nous communiquons avec des personnes que nous ne voyons pas et aussi que nous ne connaissons pas réellement.
Nous rentrons chez eux (leur mur) quand bon nous semble, sans se préoccuper s’ils sont disposés à nous recevoir et parce qu’ils nous ont accepté en contact (la permission), nous avons le pouvoir intrusif de rentrer dans leur vie en toute sécurité devant notre écran, dire ce que bon nous semble sans être inquiété.
Cela nous donne un sentiment de « toute puissance » sur l’autre. En étant informé en permanence, de ce qu’elle fait, de ce qu’elle dit et en inter-agissant avec elle sur toutes choses, en laissant des commentaires, des « j’aime » ou pas, nous avons un contrôle sur elle, sa vie.
Qui accepterait cela de ses voisins, collègues, de la boulangère ou du marchand de journaux chez qui nous allons quotidiennement ? …Personne.
Qui a en « amis », ses voisins, ses collègues, la boulangère, le commerçant du coin ? Beaucoup vont répondre, je n’ai pas envie que des personnes que je croisent soient informées de ma vie privée, cela ne les regarde pas. Et pourtant, combien dans vos contacts sont réellement des ami(e)s que vous rencontrez régulièrement ?
Sur les réseaux sociaux, nous ne rentrons pas en contact physique avec la personne, nous ne voyons pas ses réactions émotionnelles et cela nous rassure, nous protège.
Courant chez les adolescents et jeunes adultes, on n’hésite pas à humilier, insulter, menacer et combien parmi eux le feraient face à la personne incriminée?
Nous sommes donc face au net comme face à un miroir, nous imaginons et projetons sur nos interlocuteurs virtuels, nos sentiments, nos pensées comme étant les leurs.

Autre constatation: Étant protégé, nous restons dans un moi idéal de nous, c’est-à-dire que nous nous montrons tels que nous souhaiterions être et pas vraiment tels que nous sommes puisque nos réactions seront différentes (exagérées ou minimisées) de ce qu’elles peuvent être instantanément dans la vraie vie.
C’est aussi pour cette raison que nous avons tendance à idéaliser la relation avec l’autre (nous ne le connaissons pas, nous l’imaginons), il n’est que la projection de nos sentiments et pensées et devient… fantasme.
Étant positionné dans un moi idéal de soi et de l’autre, nous ne sommes plus dans la réalité, ni dans l’intimité avec l’autre mais avec nous-mêmes et nous ne faisons que de répondre à ce besoin narcissique d’être au centre du monde, d’être tout puissant face à l’autre.

Des internautes racontent leur vie sans pudeur sur leur mur mais refusent de se dévoiler en thérapie, encore plus si c’est une thérapie de groupe. Autre exemple, il est devenu plus facile de parler à des personnes inconnues et idéalisées qu’à des personnes proches comme ses voisins. Pourquoi ?
Parce que notre « ami » virtuel est comme nous le désirons, il ne juge pas nos actes, nos pensées, il est accueillant à n’importe quelle heure et surtout il est prêt à nous aimer, nous admirer en cliquant sur « J’aime » ou en nous envoyant des « pokes ».
Des comiques (Gad Elmaleh ou Elie Semoun ), des séries TV (South-Park, les Simpsons) se sont emparés avec humour de nos travers virtuels.

Il y a aussi un côté exhibitionniste que nous n’oserions pas dans la vie réelle, en s’exposant ainsi face à des inconnu(e)s – imaginez que demain tous vos « amis » s’installent chez vous, seriez-vous aussi naturel que sur le réseau ou tout simplement, vous-même? Là encore, nous avons la sensation d’être le centre du monde sans être dérangé dans sa propre intimité.

Le côté narcissique va se retrouver prononcé chez les collectionneurs effrénés d’ « amis » à plus de milliers de contacts, baromètre de leur popularité virtuelle, submergés de messages, de notifications jusqu’à en oublier leurs vrais amis réels, et chez ceux qui s’exposent en se photographiant eux-mêmes en gros plans style:
Zazie dans le métro, Zazie dans le jardin, Zazie au salon, Zazie au restaurant, Zazie en bateau…etc…etc…
Il n’y a pas d’échanges autre qu’approuver ou remercier ceux et celles qui les ont flatté à coups de « j’aime » ou de « oh! ah! super! génial! bravo! félicitations! etc… »  Est-cela la vraie vie de la relation à l’autre ?

Les réseaux sociaux nous permettent de vivre dans notre imaginaire et non la réalité, tout en flattant notre égo.
Ils sont un puissant moyen de communication mais nous ne communiquons plus au sens propre du terme, en intimité avec la personne en toute authenticité, sincérité, et « in vivo ».
Nous ne sommes pas vraiment dans la relation à l’autre, nous communiquons avec nous-même avant tout, avec notre moi idéal et sommes dans la relation à soi.

Chaleureusement à vous
Christophe GEORGIN

http://www.libreavecsoi.com

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