L’interdépendance: la prochaine étape de l’évolution humaine?

L’interdépendance: la prochaine étape de l’évolution humaine?

Par Emilie Paquin

Lorsqu’un être humain vient au monde, il est dépendant de ses parents car il ne peut s’alimenter seul, ni s’abriter, ni se vêtir. Avec le temps, il apprendra à faire toutes ces choses et finira par s’émanciper. Il gagnera son indépendance. Le même phénomène s’est produit avec l’humanité, c’est-à-dire qu’il y a des milliers d’années, notre survie était précaire. L’homme était chasseur, ensuite agriculteur. Sa survie dépendait de la chasse et des récoltes.

Dans notre société occidentale, depuis la révolution industrielle, l’humanité a trouvé son indépendance et nous avons réussi à combler nos besoins primaires. Aujourd’hui, chaque individu gagne sa vie afin de pouvoir combler ses propres besoins et se procurer tout ce qu’il désire. L’indépendance est maintenant dominante et l’individualisme prône. En soi, l’indépendance a ses bons côtés où une personne peut choisir la vie qu’elle a envie de mener et gagner ses propres victoires. Par contre, l’individualisme a ses défauts car beaucoup de gens croient qu’ils n’ont pas besoin des autres, se retrouvent isolés, sont prêts à écraser les autres afin de réaliser leurs objectifs et deviennent immunisés contre la souffrance d’autrui.

Est-ce là la fin de notre évolution humaine? Avons-nous parcouru tout ce chemin pour en arriver là? Je ne crois pas. Selon ce que plusieurs chercheurs disent, la prochaine étape de l’évolution humaine est l’interdépendance.

La différence entre la dépendance et l’indépendance

Tout d’abord, définissions ce que sont la dépendance et l’indépendance. Selon Stephen Covey, auteur du livre 7 Habits of Highly Effective People, la dépendance s’exprime par le « vous » : vous prenez soin de moi, vous vous sacrifiez pour moi, etc. À ce niveau, l’individu n’est pas capable de prendre la responsabilité de ses propres décisions, ni de poser ses propres actions et blâmera tout ceux autour de lui ou les événements extérieurs. Les personnes dépendantes ont besoin des autres pour obtenir ce qu’elles veulent.

L’indépendance quant à elle, s’exprime au « je » : Je suis capable, je peux y arriver, je suis responsable, je suffis à mes besoins, je pense que…, je dis que…, j’affirme que…, etc. L’indépendance est un peu comme une réaction allergique à la dépendance, à se voir commandé, utilisé ou manipulé par autrui. Les personnes indépendantes parviennent à leurs fins par leurs propres efforts car ils ont maintenant la force d’agir au lieu de se laisser guider.

Qu’est-ce que l’interdépendance?

Selon Covey, l’interdépendance est un concept beaucoup plus profond impliquant davantage de maturité physique, émotionnelle et intellectuelle. L’interdépendance s’exprime par le « nous » : nous pouvons faire cela, nous pouvons associer nos efforts, nos talents et nos capacités pour produire quelque chose de mieux. Les personnes interdépendantes joignent leurs efforts pour atteindre leurs plus grands succès. La communication, le travail d’équipe et la coopération sont des qualités mises de l’avant.

L’interdépendance permet d’accomplir ensemble des actions de loin supérieures à ce que l’on peut accomplir seul. De plus, comme l’indépendance, elle nous permet de trouver notre propre valeur, mais la transcende en reconnaissant le besoin d’aimer, de donner et de recevoir l’amour des autres. En devenant interdépendant, on apprend à associer nos meilleures idées à celles des autres et il ne s’agit plus là de victoires personnelles mais de victoires publiques.

L’interdépendance dans la société

L’interdépendance existe déjà et est nécessaire au bon fonctionnement d’un couple, d’une famille ou d’une équipe de travail. Aussi, tout dans la nature est interdépendant, on appelle cela un écosystème où les animaux, les plantes et les arbres dépendant les uns des autres et jouent leur propres rôles dans un état d’interdépendance réciproque.

Dans son livre Out of our minds, Sir Ken Robinson fait état du fait que la société dépend d’une diversité de talents, et non pas d’une conception singulière de l’habilité humaine. Il affirme que le talent humain est extrêmement diversifié et que nous avons tous des aptitudes et passions diverses que nous devons apprendre à développer et à mettre en commun afin de bâtir des sociétés fortes et solides.

Selon lui, une des premières raisons pourquoi les jeunes abandonnent l’école est qu’il n’y a qu’une seule forme de pensée linéaire mise de l’avant par nos systèmes d’éducation, alors qu’il y a une multitudes de talents et de types d’intelligences. Il donne l’exemple d’un homme qui a toujours voulu être pompier. Un de ses professeurs à l’école lui disait qu’il perdrait son temps et son potentiel à vouloir être pompier, alors qu’il pouvait faire des études supérieures et avoir une profession. Cependant, le jour où, des années plus tard, cet homme a sauvé la vie de son ancien professeur des flammes, ce dernier a réalisé que la société avait bel et bien besoin de pompiers. La preuve que chacun doit jouer son rôle.

De plus, les métiers valorisés et les plus prisés dans nos sociétés sont des professions qui demandent de nombreuses années d’études et qui sont réputées pour gagner de bons salaires telles que médecins, notaires ou ingénieurs. Cependant, lorsque nos motivations de sociétés tournent seulement autour de l’économie et de la réputation, nous passons à côté des choses essentielles, nous réprimons les passions et passons à côté de milliers de talents et d’idées ingénieuses et révolutionnaires.

Pour que l’humanité puisse prendre la maturité dont elle a besoin pour créer une société d’interdépendance juste, équilibrée et forte, chacun doit jouer son rôle. Cela commence par apprendre quel est le rôle que nous devons jouer, basé sur les talents qui nous sont propres et les passions qui nous animent. Le changement est déjà amorcé et certains « écosystèmes » sont déjà mis en place. Ainsi, il faut continuer à développer notre interdépendance pour les générations à venir.

Sources :

COVEY, Stephen. 7 Habits of highly effective people. 1996. Éditions FIRST. 318 p.

https://www.stephencovey.com/7habits/7habits.php/

ROBINSON, Ken. Out of Our Mind. 2010. Éditions Capstone. 232 p.

http://sirkenrobinson.com/skr/read

Emilie Paquin est auteure et conférencière en développement personnel. Elle est l’auteure du livre « Comment trouver sa voie? », et contribue aux magazines Mieux-Être et Cheminement, ainsi qu’au site internet Mesacosan.

https://www.facebook.com/pages/Emilie-Paquin/124000234425883


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