Dans son livre, L’Ère numérique, un nouvel âge de l’Humanité, Gilles Babinet dresse un constat simple, les élites françaises sont en train de passer à côté de la révolution du numérique. Depuis longtemps, le représentant de la France à Bruxelles souhaite faire bouger les lignes ; spécialiste des questions technico-juridiques, il formule de nombreuses propositions pour stimuler l’innovation et la créativité dans notre pays.
Alors que les services de Bercy viennent de missionner Philippe Lemoine pour mener une réflexion sur la transformation numérique de notre économie, Olivier de Gandt (GQ) nous livre ses premiers commentaires sur la contribution de l’ancien Président du Conseil National du Numérique. Le journaliste nous explique ainsi « qu’à Matignon et chez la ministre déléguée au numérique Fleur Pellerin on aimerait réussir à faire taire celui dont la parole est si peu politicienne (…) alors même que François Hollande n’a toujours pas nommé à l’Elysée un conseiller chargé des questions liées à Internet ».
L’auteur du roman avait déjà publié en février 2013, une note avec l’Institut Montaigne, Pour un New Deal du Numérique, où il propose de « concentrer et prioriser les pôles de compétitivité ». En France, le pôle de compétitivité cap digital est par exemple spécialisé dans les contenus et services numériques; il fait partie des 67 dossiers qui avaient été retenus lors de leur création en 2005. Il soulignait également à cette occasion que « pour l’Union européenne, qui mesure la capacité d’innovation d’un pays tous secteurs confondus, la France est un innovation follower ».
Pour stimuler la créativité, il envisage justement une réforme de la propriété intellectuelle. En effet, le Digital Champion, conseiller de Nelly Kroes, commissaire européenne en charge du numérique, serait en faveur « d’une gestion liquide des droits d’auteurs ». Ce concept évoqué le 14 novembre dernier à la salle du jeu de paume permettrait selon lui, d’envisager la préservation d’un système voué à évoluer. L’entrepreneur qui admire par ailleurs l’esprit anglo-saxon, refuse « de voir le droit comme [un système] répressif, mais préfère le penser comme une opportunité créative », citant en exemple les fondateurs des licences Creatives Commons.