Après le deuxième tour de votes des élections législatives et présidentielles, marquées par certains cas d’irrégularité et de fraudes, le nouveau locataire du palais national est connu : Joseph Michel Martelly est son nom. Chanteur très populaire en Haïti tantôt pour ses musiques à succès, son style jugé parfois très dévergondé ou tantôt pour ses propos obscènes en pleine prestation ont contribué à faire de lui ce personnage très critiqué par certains et apprécié également par d’autres.
Agé de cinquante ans, l’auto titré président du Konpa Direct (rythme musical le plus populaire en Haïti), Michel Martelly dit Sweet Micky n’a eu jusqu’à date aucune expérience sur la scène politique si non que ses positions radicales face à l’ancien président Jean Bertrand Aristide, n’empêche que depuis quelques temps il se versait dans le social à travers son mouvement caritatif « Fondation Rose et Blanc« . A ce second tour du scrutin, l’homme à la crane rasée s’était opposé a la constitutionaliste, Mirlande Hypolite Manigat. Cette dernière, contrairement à son heureux concurrent est très connue dans le secteur politique, non seulement pour avoir été la première dame de la nation, même si c’était à une courte période (février-juin 1988), mais par ailleurs elle a été aussi sénatrice de la république à l’une des plus récentes legislatures haΪtiennes. Entre ces deux personnages diamétralement et parallèlement opposés, le peuple avait le choix d’élire le successeur de René Préval, donc le choix de son destin. Comme pour une gifle historique en plein visage de cette soit disant petite classe politique et une victoire massive pour le peuple, l’annonce est tombée comme une bombe sur le pays. Le chanteur controversé se fait élire au dépend de la professeure de l’université à une bagatelle de 67,57% des votes contre seulement 31,74% pour la candidate malheureuse, qui, certainement prendra retraite de la scène politique après cette défaite cuisante.
Depuis le lendemain du 1804 jusqu’à aujourd’hui, la plus haute magistrature de la première république noire indépendante a déjà connu des résidents aux titres diversifiés : analphabète, médecin, prêtre, avocat, agronome, etc. En tout cas, en 2011 c’est le tour du secteur musical de croquer son image sur la galerie des chefs d’état haïtien. Apres cinq, dix ans encore, peut-etre ce sera le tour d’un membre du secteur humoristique soutenu par Ti Bato, Pastè Blaze, Jessifra, Tonton Bicha, Alcibiade, Tonton Dezirab, Pè Maximo, d’ailleurs qui peut prédire le contraire, connaissant qu’Haïti est la république du possible. Arrivé à la tête d’un pays toujours en chantier après le séisme apocalyptique du 12 janvier 2010 où des rescapés sont encore sous des tentes, le choléra qui ne dit toujours pas adieu au pays et sans même mentionner les éternels problèmes auxquels déjà font face les haïtiens, le nouvel élu aura fort à faire, surtout au début de son mandat, et n’en parlons même pas des probables oppositions parlementaires et politiques qui planent déjà sur le sentier du nouveau chef d’état.
Après avoir été accepté au deuxième tour des élections au rejet de Jude Célestin par le Conseil Electoral Provisoire (CEP), conseillé ou dicté par la communauté internationale qui a voulu à tout prix éviter un bain de sang au pays, monsieur Michel Martelly, plus connu sous le sobriquet de Sweet Micky aurait donné une sacrée leçon à cette dite classe politique traditionnelle, moribonde qui perd depuis quelques temps la confiance de la masse populaire, fatiguée de cette politique anarchique qui détient depuis environ deux décennies l’arène du pays.
Comme ses prédécesseurs, le président fraichement élu sous la plate forme politique de Repons Peyizan n’a pas manqué une seconde tout au long de sa campagne à faire valoir sa nouvelle forme politique (même s’il ne s’y connait pas trop) et ses nouvelles stratégies pour décentraliser la république, remodeler le système agricole du pays. Et pour ne pas échapper à la tradition, il a promu tant et tant de belles choses au peuple qui entend respirer un nouvel air.
Inconstitutionnellement, la cérémonie d’investiture est prévue pour le 14 mai 2011 où le chef d’état sortant, René Préval passera les commendes du pays au président du konpa, aujourd’hui nouveau président de la nation. Le cahier du nouvel élu est rempli, le programme est charpenté, la corbeille des promesses est bien garnie, maintenant reste à attendre si l’autoproclamé « Bandi legal« aura l’opportunité de concrétiser ses rêves, de tenir ses promesses face à ce peuple qui connait depuis bien des lustres toutes les peines du monde pour survivre, car rapellons-le bien que « l’homme aux abords du pouvoir, n’est pas souvent celui au pouvoir« , qui vivra, verra.