Du mythe de Gilgamesh, il ne reste plus grand-chose. Quelques fragments de pierre gravée du premier texte mythologique du monde, fresque dont se sont abreuvées les cultures et les rituels. L’adapter au théâtre aujourd’hui relève du défi, et non des moindres : récit fantastique et poétique, « L’Épopée de Gilgamesh » ne semble guère, au premier abord, se prêter à l’exercice de la scène.
Comment transposer correctement l’âme de cette aventure gigantesque, qui nous entraîne d’Uruk au royaume métaphysique, sans faire l’impasse sur des éléments clés de la pensée mésopotamienne sur la mort ? Comment restituer une légende à la tradition orale ancestrale ? Ce défi, la troupe Le Phoenix le relève aisément grâce à une réécriture dramatique haute en imagination et une mise en scène étonnante ainsi que des comédiens d’exception. Comédiens ? Plus précisément, comédiens-chanteurs-danseurs ! Les cinq comédiens hauts en couleurs ponctuent l’action de danses et de chants antiques, créant par là une ambiance folklorique propice aux aventures légendaires de Gilgamesh et Enkidu, faisant appel à l’imaginaire collectif et ralliant ainsi définitivement le spectateur à leur cause. Car petits et grands se délecteront de ce conte initiatique dans lequel, il y a plusieurs milliers d’années, l’amour, l’amitié et la mort étaient déjà au centre des discussions. « Fragments d’argile – Gilgamesh » est la surprise de la saison au Maroc déjà et aussi en Europe puisque sa tournée se poursuit dans plusieurs Festivals de théâtre de renommée comme celui de Belgrade en Mars prochain.
La pièce démarre dans la vivacité, le décor est posé, l’enthousiasme est à son comble. Les deux personnages dogmatiques La Vie et La Mort nous transportent avec brio dans cette intrigue historique. Tout y est présent, de l’émotion pure des comédiens à la musique et la danse en passant par la mise en scène, les décors et les costumes. Une véritable unité de jeu se crée entre les comédiens. Une heure et demie durant laquelle nous sommes plongés successivement dans l’émotion, la tragédie et la tendresse. Tarek RIAHI incarne un Gilgamesh sur de lui, arrogant et suffisant, jeune roi se croyant invincible ayant un ego surdimensionné se croyant plus fort que son destin qui l’entraine à sa défaite. Les têtes d’affiches sont superbes mais il est bon de noter que tous ont une présence et un talent indéniable. Onze spectacles dans tout le Maroc et un public qui ne se lasse pas de les suivre. Une pièce à voir absolument… très rapidement !
La Troupe Le Phoenix
Texte et mise en scène : Tarek RIAHI – Production : Omar Zahi – Chorégraphie : Faiza TALBAOUI – musique : Bechir RIAHI – Comédiens : Tarek RIAHI – Loubna ETTAZROTI – Bechir RIAHI – Layla RAHMOUNI – Rabab ELKHECHIBI
