FAIRE LE DEUIL DE PARENTS VIVANTS : LES PARENTS « HOLOGRAMME »
Définition de « hologramme » : un hologramme représente une image en trois dimensions apparaissant comme « suspendue en l’air » (Wikipédia)
Lors d’une rupture, il est bien plus difficile d’accepter que la personne qui vous a laissé tomber soit encore vivante, ait deux jambes pour venir vers vous, deux bras pour vous enlacer et une bouche pour vous embrasser et dire « je t’aime », mais ne le fait plus… Si cette personne est décédée, alors, vous n’avez plus aucune attente et, surtout, personne n’a pris votre place à ses côtés. Eh oui, c’est la dure réalité : l’autre n’existant plus, souvent, vous faites votre deuil plus facilement, qu’il y ait eu rupture ou non avant son décès. Plusieurs de mes clients, en début de coaching, m’ont avoué, rougissant, qu’ils préféraient que celui ou celle qui les a quittés soit décédé(e), ce qui éviterait cette obsession de vouloir que l’autre revienne à tout prix, de l’attendre et de l’espionner. Qu’en est-il d’un père et d’une mère qui ont le titre de « parents », mais n’en ont pas la fonction ? Pourquoi courrez-vous après eux toute leur vie et même après leur mort ? Comment faire le deuil de parents vivants qui ne sont que des hologrammes ?
« PARENTS » : ce n’est pas juste un titre, c’est aussi une fonction !
Un enfant a viscéralement besoin de reconnaissance, d’affection et de protection dans son enfance et tout se joue dans ses 15 à 20 premières années. S’il n’en a pas bénéficié ou mal ou peu, toute sa vie, il va courir après à travers les personnes qu’il rencontrera et, particulièrement, en couple. Rejeté par ses parents, il devient soit Desperado (celui qui donne tout pour acheter l’amour) soit Trou noir affectif (celui qui prend tout – cf. « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur). Quoi de plus terrible que le supplice de Tantale : vous avez deux parents, capables de venir vers vous, vous prendre dans leurs bras, vous dire « je t’aime », mais ils ne le font pas. Certains étant même incapable de dire « bon anniversaire »… Ce sont des parents « hologramme » : ils sont au milieu du salon, mais vous ne pouvez interagir avec eux. Peut-être ne vous ont-ils pas vu, pas remarqué ? Alors, depuis que vous êtes capable de faire plaisir, vous essayez d’attirer leur attention en faisant tout pour eux ou tout simplement en « inexistant » pour ne pas les déranger, dans le but paradoxal qu’ils voient que vous êtes là… Mais ça ne fonctionne pas. Cherchant leur reconnaissance à travers les compliments, leur affection à travers les gestes, pire attirant leur attention à travers des bêtises qui vous attirent leurs foudres et leurs coups, tout ce que vous entreprenez pour établir un lien échoue. Tout ce qu’ils vous « donnent » ce sont des coups de pied quand vous êtes dans leurs jambes, vous humilient ou vous insultent quand ils remarquent que vous êtes là, vous culpabilisent pour vous rendre esclave afin que vous endossiez leur lâcheté. Ils ont le titre de « Parents », mais pas la fonction, ces personnages d’une pièce de théâtre qui jouent un drame devant vous alors que vous ne réussissez pas à modifier le scénario. Leur fonction devrait être de développer votre confiance et votre estime à travers la reconnaissance, l’affection et la protection. Protection, dites-vous ? Que faire quand le danger vient de ceux qui sont sensés vous protéger ?
Pourquoi courez-vous après eux toute leur vie et même après leur mort ?
Passé 20 ans, vous n’avez plus BESOIN de parents, quand vous êtes capable de travailler et d’avoir un job permanent ou qui vous permet de payer vos études, vous offrir un logement et payer vos factures. Les parents ont une fonction vitale tant que vous n’êtes pas capable de vous assumer. Certains ont été jetés à la rue à 16 ans et ont réussi à subsister, de peine et de misère, mais c’est possible. Et n’allez pas croire que je parle de temps anciens : plusieurs de mes clients, homme ou femme, ont fini dans la rue à cet âge-là et ont aujourd’hui 25 ans et plus. Faites simplement la différence entre le besoin et le plaisir : vous êtes aujourd’hui majeur et vacciné, vous avez un emploi, un logement, peut-être même une vie de famille, vous vous assumez pleinement, mais vous courez encore après l’approbation de vos parents. Vous n’êtes pas dans le plaisir avec eux, mais dans le besoin : d’indifférents à agressifs et humiliants, ils continuent le sabotage de vos premières années. Vous espérez un miracle : peut-être auront-ils la « révélation »… Peut-être réaliseront-ils que vous êtes quelqu’un de bien, malgré toutes les horreurs qu’ils vous ont diffusées tel un venin que vous avez absorbé, assoiffé : le venin, c’est mieux que rien. Ce besoin de reconnaissance devient obsessif et vous faites tout pour que vos géniteurs (car, à ce stade, on ne parle plus de parents) vous voient. Adulte, vous revenez chez vous après les avoir visités et être passé dans leurs griffes, recroquevillé dans vos chaussures de petit garçon ou de petite fille, le coeur arraché pour la énième fois, votre confiance complètement hypothéquée et votre estime évaporée. Et pourtant, vous y retournerez dimanche prochain et/ou à chaque fête. Sur leur lit de mort, vous pensez que passer dans l’au-delà les assouplira, les humanisera, vous vous êtes occupé d’eux alors qu’ils étaient diminués, bien qu’ils furent des tyrans, vous leur avez tout passé, en bon fils/bonne fille que vous étiez. Vous attendez le précieux « je t’aime », prononcé dans un dernier souffle, mais c’est une vacherie que vous entendrez, même aux portes de la mort, ou encore, les yeux au plafond, ils partiront comme ils ont vécu : indifférents à vous, aigris par la vie, emportant les clefs de votre prison. Et vous continuez à souffrir de ce désert affectif dans lequel ils vous ont oublié, l’oasis ayant foutu le camp avec leur dépouille. Vous cherchez à vous abreuver auprès de n’importe qui, cherchant désespérément ce que ces parents « hologramme » n’ont pas pu vous donner.
Comment faire le deuil de parents vivants ?
Vous ne pouvez aimer que des personnes aimables. Vos géniteurs ont-ils démontré qu’ils l’étaient ? Même si, dans certains cas, ils vous ont agité la carotte sous le nez pour vous appâter, vous avez surtout reçu du bâton*. Dans certains cas, c’est le fantasme de la carotte qui vous tient là, car vous n’y avez même jamais goûté. J’ai demandé à ma génitrice de me citer une de mes qualités : vous noterez que je ne lui en demandais pas une liste. Elle fut incapable d’en nommer une seule. Je n’avais plus d’attente et c’est la curiosité qui me poussa à poser cette question, juste avant de mettre un terme à cette non-relation. Elle ne s’est pas rendue aimable, ni auprès de moi, pas plus auprès des ex-conjoints que vis-à-vis de mes amis qu’elle traita de ratés. En revanche, elle fut amie avec la maîtresse de mon mari. Continuer à la côtoyer aurait relevé du masochisme ! Je ne l’aime pas, elle ne m’aime pas, pourquoi continuer à la laisser croire qu’elle est au-dessus de moi et lui donner le pouvoir de vie ou de mort sur moi ? Vos géniteurs (mot que j’utilise pour les distinguer des parents qui remplissent leur rôle) ne s’aiment pas, ne savent donc pas aimer et n’ont vécu que pour se faire les dents sur vous, comme un chiot qui ronge tout ce qu’il trouve quand ses crocs poussent. Pourquoi continuer à leur service de punching-ball ? Êtes-vous heureux de livrer votre confiance et votre estime que vous essayez de refaire pousser en deux visites à ces personnes munies de sécateurs aiguisés ayant pour objectif de les couper à ras à chaque fois ? Il est temps de regarder la vérité en face : vous n’avez jamais eu de parents. Vous avez tricoté un fantasme autour de vos géniteurs que vous avez entretenu par l’espoir qu’un jour ils changeraient. Ils vous cracheront qu’ils ont été de bons parents quand les reproches pleuvront, à bout que vous serez de leur domination : ils auront mis un toit sur votre tête, de la bouffe dans l’assiette (plus ou moins dans certains cas) et des vêtements sur le dos (ceux de vos aînés ?). Une minorité, certes, réalisera le mal qu’elle a fait et en demandera pardon. Mais cette minorité a une ouverture qu’une majorité n’a pas. Quand vous vous êtes écorchés savamment, à chaque visite, chaque coup de fil, sur les récifs de leur méchanceté, qu’attendez-vous pour vous respecter ? Vous n’avez plus besoin d’eux, contrairement à ce que vous croyez, et vous n’êtes pas dans le plaisir quand vous les côtoyez, d’autant qu’ils ne se sont jamais rendus aimables. Faites le bilan de votre relation et même s’ils ont parfois des sursauts d’humanité, leur méchanceté submerge ces petites éclaircies dans la tempête déchaînée. Faites attention au syndrome de l’iceberg : la partie au-dessus de l’eau représente les qualités de la relation avec vos parents et la partie submergée, 90 % de l’iceberg, représente les souffrances qu’ils vous ont infligées. Sachez que le Titanic, au moment où le commandant a vu la partie submergée de l’iceberg, était déjà éventré par la partie immergée…
Nous avons tous un seuil de tolérance à la souffrance et celui-ci est plus ou moins élastique. Mais la sagesse n’est-elle pas de se rendre à l’évidence que vous n’avez JAMAIS eu de parents, qu’ils soient morts ou vivants ? Vous avez eu des géniteurs qui ont commencé un profond sabotage dans votre enfance : allez-vous les laisser continuer ? Vous cherchez désespérément à réparer votre confiance et votre estime que vous laissez systématiquement écraser par le rouleau compresseur de vos géniteurs. Vous ne reprendrez jamais votre pouvoir si vous continuez à vous coucher sous la semelle de vos bourreaux. Nous ne sommes pas là pour les juger, ils ont été élevés eux-mêmes dans la haine et l’humiliation ou encore l’indifférence, mais ce n’est pas une raison pour les laisser vous tuer à petit feu. Vous n’êtes responsable de personne et vous ne pouvez sauver personne en dehors de vous-même (et de vos enfants mineurs). Qu’attendez-vous ? Vous n’êtes pas responsable de leur bonheur que vous ne pourrez, de toute manière, jamais leur donner. Décrochez ! À partir de maintenant, les enjeux sont les suivants : c’est eux ou vous. Soit vous vous sacrifiez et vous acceptez de continuer à vous laisser humilier par amour et loyauté filiale, soit vous comprenez qu’il n’y a rien à faire pour eux et tout pour vous. Depuis plus de 10 ans, j’ai mis un terme à cette non-relation avec cette génitrice qui portait le titre de « mère », mais qui n’en a pas eu la fonction. Je me suis autorisée à être une Femme à part entière et non plus une petite fille écervelée, irresponsable et en dépression, telle qu’elle me dépeignait. Elle pensera bien ce qu’elle voudra sur sa planète, car, moi, sur la mienne je suis une Femme, adulte, libre et heureuse. Si vos parents ne sont que des géniteurs, des parents « hologramme », dites-moi donc, quand vous libérerez-vous ?
*Expression populaire : pour faire avancer un âne, assis sur son dos, vous attachez une carotte d’une perche que vous agitez sous son nez. Ou alors, vous utilisez le bâton pour le frapper.
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