ESTIME ET CONFIANCE : ÊTES-VOUS FIER ?
Souvent, vous confondez fierté et orgueil. J’aimerais, par cette chronique, rendre à la fierté ses titres de noblesse, sachant qu’elle est parfaitement compatible avec l’humilité. J’en reviens à ce bon vieux dictionnaire Larousse pour les deux définitions :
Fierté : sentiment de satisfaction légitime de soi
Orgueil : estime excessive de sa propre valeur
Êtes-vous fier/fière de vous ? Sur une échelle de 1 à 10, où vous situez-vous ? Lors d’une formation en entreprise, je posais la question à l’un des participants qui me répondit :
– Je suis à 7.
– Pourquoi pas à 10, lui fis-je remarquer.
– Parce que 10, c’est orgueil, répondit-il.
– Donc, vous considérez que vous êtes un homme bien, mais pour ne pas passer pour un orgueilleux, vous vous déclarez seulement à 7/10, constatais-je.
La formation durait plusieurs jours et il revint le lendemain en me disant :
– J’ai réfléchi cette nuit à ce que vous m’avez dit hier
– Et ?
– Je suis à 10 !
Et croyez-le ou non, il avait les larmes aux yeux, parce que ça lui avait demandé tout un effort (et toute une nuit !) pour oser se considérer à 10 et se départir du sentiment d’orgueil.
Quand je pose cette question en conférence ou pendant une formation en entreprise, je vois la gêne (et peut-être la vôtre ?) que les participants éprouvent à se déclarer à 10, emberlificotés qu’ils sont dans les méandres de l’humilité. D’ailleurs, vous pensez que c’est une qualité l’humilité, eh bien lisez donc la définition du Larousse : « État d’esprit, attitude de quelqu’un qui est humble, se considère sans indulgence, est porté à rabaisser ses propres mérites ». Alors, je vous le dis, je n’ai pas envie d’être humble, pas plus qu’orgueilleuse, juste fière. Il est temps de vous reconnaître à votre juste valeur et sans le jeter au visage des autres, vous avez parfaitement le droit de bien vous considérer. Est-ce prétentieux pour vous ? Être à 10 au niveau fierté n’est pas de l’orgueil, c’est de l’estime de soi. Vous estimez-vous ? Encore là, faites bien la distinction entre estime et confiance : en pensant que vous êtes quelqu’un de bien, vous pouvez être fier de vous, mais ce n’est pas pour autant que vous avez confiance en vous. Votre dialogue interne peut être le suivant : « Je suis quelqu’un de bien, mais je n’ai pas assez confiance en moi pour réaliser ce que je souhaite ». Certains, à l’inverse, ont beaucoup de succès dans leurs études et dans leur vie professionnelle, mais ont une piètre opinion d’eux-mêmes, surtout quand cette réussite a été facile à leurs yeux. Pour eux, seul ce qui est difficile est digne de fierté, peu importe le résultat.
D’autres pensent que pour être fier de soi, il faut avoir accompli un exploit, être médiatisé, avoir trouvé le vaccin pour le VIH, grimpé le Kilimandjaro les yeux bandés, être PDG d’une entreprise prospère ou célèbre d’une façon ou d’une autre. Sachez que ce n’est pas pour autant que ceux qui réalisent des exploits sont fiers d’eux… Vous pouvez être simplement fier de vous parce que vous avez de belles valeurs, des amis, peut-être une famille et/ou un bien immobilier, un job, une stabilité financière. Comprenez que si Barack Obama est président des États-Unis, c’est simplement parce que c’est à cela qu’il était destiné. Vous êtes peut-être facteur, éboueur, agriculteur, coiffeur, caissière, plombier, charpentier ou autre et vous vous comparez à ceux qui ont des postes élevés et de gros revenus, tels que les patrons, les médecins, les chirurgiens, les avocats, les dentistes, les stars de cinéma, etc., mais la comparaison ne tient pas la route : que feraient tous ces gens sans vous ? Que feriez-vous sans eux ? Qu’est-ce qui vous fait croire que la position sociale et l’argent apportent systématiquement la fierté ? Chacun de vous est destiné à une profession qui fait partie de la chaîne de soutien des êtres humains : vous avez besoin de la profession des uns et des autres et ils ont besoin de la vôtre. Il n’y a pas plus de gloire à être chirurgien qu’éboueur. Si les éboueurs font la grève, les chirurgiens font la tête !
Pourquoi toujours vous comparer à ceux que vous croyez au-dessus de vous ? Il n’y a personne au-dessus, en dehors de ceux que vous y mettez. Pourquoi mesurer votre fierté à votre compte en banque ou votre profession ? Vos valeurs n’ont pas de prix, votre loyauté envers votre famille et vos amis non plus, votre honnêteté, votre compassion, votre capacité à écouter et bien d’autres choses encore ne sont pas quantifiables en montant d’impôts que vous payez. Il y a une multitude de raisons d’être fier de vous : ce que vous êtes et également ce que vous réussissez. Et si vous avez fait une chose dont vous n’êtes pas fier, vous pouvez toujours la réparer ou comprendre pourquoi vous avez agi ainsi et ne plus jamais le refaire. Vous pouvez être fier de choses très simples comme avoir tondu la pelouse et apprécier le résultat, faire la vaisselle et ranger la maison un lendemain de fête, terminer votre déclaration d’impôts, changer de travail, acheter une nouvelle voiture, avoir des enfants en bonne santé, des amis fidèles qui vous apprécient. Peut-être que vous ne pensez tout simplement pas à vous féliciter pour toutes ces tâches quotidiennes que vous accomplissez, sans vous rendre compte que vous le faites bien. Faites-vous partie de ceux qui pensent que ça doit être dur et souffrant pour avoir de la valeur ? Pourquoi ce que vous réalisez facilement ne vous rendrait pas fier ?
Je suis très fière d’avoir fait partie des premières femmes qui montaient les chevaux de courses dans les années 80, alors que je n’avais que 19 ans. Pourtant, je n’ai gagné que 2 courses en 15 ans. Ce n’est pas automatiquement le résultat qui doit vous rendre fier, mais le chemin parcouru pour l’obtenir, même si vous ne l’avez pas obtenu. J’étais fière de participer à chaque course, que je montais pour gagner, même si je savais que mon cheval n’avait aucune chance sur le papier. Je suis tout aussi fière de prendre soin de moi, de ma fille, de tout ce qui m’appartient. Nous sommes des milliers à faire ce que je viens d’évoquer, mais combien sont fiers de faire ce qu’il faut pour maintenir simplement ce qu’ils ont acquis ? Être fier ne signifie pas courir après les honneurs. Et heureusement qu’il n’y a pas que ceux qui reçoivent des honneurs qui sont fiers. S’ils le sont… Je reçois dans mon bureau des personnes qui devraient être fières de tout ce qu’elles ont accompli, célèbres ou pas, mais qui ne le sont pas. Pourquoi ? Parce qu’une voix remonte du passé pour leur dire « tu ne vaux rien », « tu n’arriveras à rien », « personne ne voudra de toi », « tu n’es pas assez intelligente », « tu n’es pas doué », etc. Cette petite voix qui vient souvent des parents ou autres adultes, saboteurs de l’enfance, vous empêche simplement de regarder ce qui constitue votre fierté. Être fier, ça s’apprend. Et pour être fier de vous, il faut savoir qui vous êtes et reconnaître tous les bons coups que vous avez faits. Vous devriez être fier d’être toujours debout après tout ce que vous avez vécu.
La fameuse petite voix du passé vous a « dressé » à ne considérer que ce que vous ne faites pas le mieux, occultant ce que vous réussissez : Et si vous faisiez l’inverse ? Si vous preniez le temps de regarder tout ce que vous faites de bien, tout ce que vous êtes de bien et tout ce que votre entourage apprécie ? Vous aurez une autre perception de vous-même, vous serez fier de vous. Si vous savez qui vous êtes, vous ne laissez plus personne vous remettre en cause, ni vous faire passer pour un imbécile ou une idiote. Fier/fière de vous, vous forcez les autres au respect, s’ils ne le font pas automatiquement, parce que vous vous respectez. Vous pensez aussi qu’être fier de votre physique, c’est être orgueilleux ? Si vous vous appréciez, il est évident que vous serez fier de vous, cependant il ne sera pas utile de le clamer sur tous les toits. Juste à des moments pertinents. Jeter votre beauté à la figure des autres, c’est nager en plein narcissisme. En ce qui me concerne, je suis fière de moi physiquement, parce que je suis en bonne santé et en forme. Et vous ?
Très important également d’être fier de votre conjoint et de vos enfants, ainsi que de vos amis. Quant aux parents, c’est une souffrance que je retrouve beaucoup en coaching : des clients qui avaient honte de leurs parents, ce qui les privait de faire venir leurs amis à la maison et, plus tard, leurs conquêtes. C’est très important d’être fier de vous et de votre conjoint(e) : certains clients m’ont également avoué n’être pas fiers de leur partenaire et surtout en public ou pendant les réunions de famille. Qui a-t-il de pire que d’avoir honte de l’autre qui ne sait pas se tenir en société ? Sans aller jusqu’à se moucher dans la nappe ou éructer, voire avoir des gaz à table, il y a une multitude de façons d’être décalé par rapport à un milieu particulier, quel que soit ce milieu. Celui qui n’en fait pas partie est vite montré du doigt et vous voilà gêné d’être à ses côtés… Alors qu’à l’inverse, quand vous êtes fier de lui/d’elle, vous avez plaisir à le/la présenter. Mais parfois, vous tombez dans le panneau d’être fier de l’autre, mais pas de vous. Vous l’exhibez comme un trophée qui renvoie l’image que vous souhaitez renvoyer de vous-même. Vous vous affichez avec votre poupée Barbie ou votre Ken, dont vous supportez les mille et un caprices, juste pour qu’on dise de vous que vous avez de la chance. Je le sais, je l’ai fait ! N’ayant aucune estime pour moi et encore moins pour ma féminité, j’ai voulu renvoyer l’image d’une femme capable de sortir avec des plus jeunes (NÉVROSÉS !) que moi.
Si j’avais été fière de moi à cette époque, comme je le suis aujourd’hui, jamais je ne serais tombée dans le piège des beaux ténébreux : j’aurais fait le choix, qui est celui que je fais aujourd’hui, d’avoir à mes côtés un homme équilibré et fier de lui. Car votre Barbie ou votre Ken ont également un problème d’estime et de fierté : ils sortent avec une personne qui les gâtent et se laissent donc acheter. Ou alors, ils cherchent un « sugar dady » ou une mère. Bref, aucune trace de fierté dans ce style de relations. Souvenez-vous que la fierté fait partie de l’Identité : être fier, c’est vous reconnaître pour ce que vous êtes et aimer ce que vous êtes. C’est la plus grande force d’un être humain que connaître ses capacités et sa valeur. Donc, à partir d’aujourd’hui, vous ne confondrez plus fierté et orgueil et vous serez fier de vous à chaque bon coup, aussi petit soit-il. Et si je vous repose la question : sur une échelle de 1 à 10, où en est votre fierté ?
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