Est-ce une bonne idée de faire « le grand huit* », « la brouette chinoise* » et le « tourniquet de la Porte d’Asnières* » lors de la première relation sexuelle, déployant tous les artifices, tous vos talents et tout votre « savoir », dans le cadre d’une relation que vous souhaitez sérieuse tous les deux ?
*Note de l’auteur : « Ne cherchez pas dans le Kâma-Sûtra, j’ai inventé ces positions, enfin, je veux dire, j’ai inventé les noms ! ».
Bien évidemment, il ne s’agit pas de séduire pour une nuit, mais plutôt de charmer pour la vie (cf. « Séduire pour une nuit ou charmer pour la vie ? » – Béliveau éditeur) : remettons-nous bien dans le contexte. Car, si c’est pour une nuit, tout est permis ! Pour commencer, si vous avez « Gagnez au jeu des échecs amoureux » (Beliveau éditeur), vous êtes conscient que le sexe est la cerise sur le gâteau : il intervient en dernier, après avoir établi une relation de confiance et de respect, après avoir fait des activités ensemble et appris à se connaître au niveau des croyances, valeurs, philosophie de vie, éducation, vision du couple et du monde. Faire la cour à une dame ne se fait pas en un claquement de doigts ! Apprendre à se connaître non plus. D’autant que l’intérêt de monsieur se mesure à sa capacité à attendre que madame l’autorise à se rapprocher de plus en plus, au fil du temps, construisant une confiance réciproque propice à aborder le sujet de la sexualité. Je n’ai pas écrit « pratiquer », mais plutôt discuter de cet aspect en toute franchise parce que vous vous sentez suffisamment à l’aise pour en parler librement.
En discuter avant de pratiquer vous permettra d’éviter les quiproquos qui risquent bien de vous mettre mal à l’aise, une fois le pantalon en bas des pattes, le soutien-gorge accroché au ventilateur ou encore nus dans un lit. Si vous invitez une personne à faire une partie de tennis, vous vous assurez de connaître son niveau avant de l’entraîner sur un court. Au niveau du sexe, mieux vaut évaluer, tout habillés, ce qui peut mettre mal à l’aise votre nouveau partenaire, sans entrer dans tous les détails. Vous pouvez, par exemple, décider de rester très classiques, vous découvrant physiquement plutôt que vous lancer directement dans ce qui serait sensé épater l’autre. Parce que souvent, loin de l’épater, vous le faites fuir. Je sais que vous croyez, madame, que les hommes veulent une femme vierge avec l’expertise d’une prostituée, cependant, si vous avez quelque talent et êtes totalement désinhibée, est-ce une bonne chose de tout dévoiler lors de la première joute sexuelle ?
Pas question non plus de jouer les oies blanches ou les vierges effarouchées alors que vous avez déjà de l’expérience. Mieux vaut rester vous-même. Mais la fausse croyance que les hommes préfèrent les femmes d’expérience peut vous pousser à sortir la guêpière, les porte-jarretelles, les jouets électriques et toutes les positions et faveurs que vous connaissez et qui, à vos yeux, devraient subjuguer votre nouvelle conquête. Eh bien, vous risquez de l’ébouriffer à ce point que lui, plutôt romantique et respectueux, se sentira tombé dans les filets d’une prostituée, alors qu’il n’a pas payé pour se retrouver face à une walkyrie du sexe, mais plutôt une femme qu’il pensait pouvoir aimer et découvrir progressivement. C’est comme si un serveur d’un très grand restaurant vous mettez la tête dans le dessert directement, alors que vous n’avez même pas pris l’apéritif ! Pourrait-on y aller crescendo ? Commencer par apprendre à se connaître sexuellement, apprécier la nouveauté des corps et des odeurs, y aller tout en tendresse et en douceur et, au fil du temps, découvrir d’autres menus quand vous vous connaissez suffisamment ?
Un homme sait distinguer l’usage qu’il fera d’une femme pour une nuit et l’attention qu’il portera à une femme qu’il envisage pour la vie. Vous comporter en prostituée torride dès le premier soir peut totalement le déstabiliser, d’autant que vous prenez le lead et qu’il se sent comme un objet. Il n’appréciera pas plus d’être traité comme tel que vous traiter ainsi aussi. Une femme ne s’attend pas non plus, quand elle est équilibrée, à ce que sa première nuit ressemble à un sexshop où elle pourra tout essayer : all inclusive ! La motivation d’une femme pour sortir le grand jeu est souvent la croyance que tous les hommes sont des cochons qui aiment les cochonnes. Donc, pensant harponner le sexe opposé en déployant ses habiletés, elle se livre à des prouesses auxquelles monsieur ne s’attendait pas. Ce qui peut avoir le résultat inverse de celui escompté. De même que si monsieur, se sentant en compétition avec Rocco Siffredi, se met à explorer tout ce qu’il a vu dans la pornographie, il risque bien de faire fuir la belle. Evidemment, ma chronique repose sur des témoignages, recueillis en coaching, d’hommes et de femmes pensant vivre leur « première fois » d’une façon exceptionnelle qui restera gravée dans leur mémoire, pensant être en présence de la personne de leur vie. Mais l’expérience tourne au drame quand vous vous sentez complètement dépassé par un partenaire qui a dans l’idée de vous montrer le grand film dès le premier soir.
Si vous « balancez » tout le premier soir, comment mettrez-vous encore une bûche dans le feu pour continuer à alimenter votre vie sexuelle ? D’autant, encore une fois, que les hommes qui découvrent d’entrée leur nouvelle conquête sous l’aspect d’une star de la pornographie risquent de porter un jugement sans appel : ils n’aiment pas être traités comme des cochons par une femme qui pense qu’elle les tiendra par la barbichette, avec des promesses de sexe échevelé. De même que madame n’a pas besoin de tout savoir, le premier soir, du curriculum vitae de celui qu’elle prenait pour l’homme de sa vie. Et le romantisme, l’érotisme et l’amour dans tout cela ? Mon conseil : parlez-en avant et restez très classiques dans les débuts, tout en douceur et en tendresse et vous irez crescendo en envisageant des avenues qui plairont aux deux. Et, surtout, il est agréable de penser que « le service complet » est réservé à la personne chère à votre cœur et non au premier ou à la première venu(e).