Essai routier: Nissan Versa 2012

Vous savez, dans le monde cruel de l’industrie automobile, il y a des règles qui ne sont pas écrites.  Et l’une de celle-ci est que les véhicules, particulièrement dans les catégories-clés du marché, doivent être revus, mécaniquement et/ou stylistiquement parlant, à tous les trois ou quatre ans.  Même s’ils se vendent bien!  C’est le cas de la Honda Civic cette année qui, même si elle était au sommet des ventes en 2011, a été redessinée pour 2012.  C’est aussi le cas de la Nissan Versa, du moins en partie.  En fait, seule la berline est renouvelée.  Pour ce qui est du modèle à hayon, ça viendra.  Cette catégorie des sous-compactes est l’une des plus chaudes sur le marché canadien et particulièrement au Québec où on aime les petits véhicules… et les petits prix.  Nissan fait sa part en positionnant dramatiquement sa berline Versa au plus bas prix possible.  Est-ce une bonne idée?  À vous d’en juger!

Avant de vous parler du modèle SV que j’ai essayé, laissez-moi vous décrire le modèle S qui, vous me voyez venir, est le modèle de base.  Il est le moins cher mais, et il y a un mais, êtes-vous prêts à sacrifier vos glaces électriques, votre verrouillage des portières électrique, le climatiseur, la banquette arrière rabattable, le régulateur de vitesse, la télécommande, le compte-tours, la lumière dans le coffre, et tous les ensembles d’options qui pourraient vous tenter?  Rassurez-vous, le volant est en équipement standard.  C’est à vous de faire le choix.  Moi je sais qu’il y a certains équipements dans ceux que j’ai nommés que j’aurais beaucoup de difficulté à me passer.  Pas parce qu’ils sont essentiels mais parce qu’ils rendent la vie plus agréable au quotidien.

Trêve de plainte capitaliste, voici la berline Nissan Versa 2012, entièrement redessinée tant en dehors qu’en dedans.  Elle est offerte en trois niveaux d’équipements soit S, SV et SL.  Les lignes extérieures sont moins anguleuses que sur la génération précédente et je crois qu’elle a perdu beaucoup de personnalité.  L’avant a perdu du lustre, aucune originalité au niveau de la calandre et des phares.  Les côtés souffrent de panneaux très verticaux qu’une moulure aurait pu découper.  L’arrière est débalancé par rapport au reste de la voiture à cause d’un porte-à-faux très long.  C’est bénéfique pour le volume intérieur mais pas pour le style.  Enfin, le couvercle du coffre intègre un aileron, seule élément joyeux d’un style fade et sans saveur.

Le contenu est à l’image du contenant.  On ouvre la porte et tout est noir.  Les communiqués de Nissan disent que cette couleur est « charbon » mais on convient que c’est noir.  Il est aisé de prendre place à bord grâce à de larges portières.  Les sièges avant sont confortables sans offrir beaucoup de support latéral qui, de toute façon, ne serait pas d’une grande utilité.  C’est à l’arrière que les lignes allongées de la Versa sont le plus bénéfique avec beaucoup d’espace pour les jambes et les genoux.  Même si Nissan se vante que c’est une cinq places, notez qu’il n’y a pas d’appuie-tête au centre!  Alors, quatre personnes, c’est assez.  La fiche technique de la Versa parle de « cadrans de tableau de bord à haute définition ».  Disons que chiffres blancs sur fond noir, c’est plus conventionnel.  Une touche de modernité entre ces deux cadrans avec un petit ordinateur de bord pour quelques données, entre autre sur la consommation d’essence.  Au centre, sous les buses de ventilation, une radio tout ce qu’il y a de plus basique avec quatre haut-parleurs (seulement deux dans le modèle S!).  La qualité du son est tout de même pas mal.  Sous la radio, une touche d’originalité avec ces commandes de ventilation disposées en triangle.  Facile d’utilisation, le chauffage est efficace et le ventilateur pas trop bruyant.  Tout en bas, presque sur le plancher, des porte-gobelets placés beaucoup trop bas pour être accessible aisément.  Finalement, un tableau de bord qui ne casse rien et qui semble tout droit sorti d’un VUS des années ’90 particulièrement avec son bloc central proéminent.  Il fait aussi souligner que les espaces de rangement sont assez rares, il n’y a pas beaucoup de vide-poches n’ont plus.  Par contre, le coffre est très grand (à cause du porte-à-faux long) et peut être agrandi en abaissant la banquette si vous avez pris soin de choisir les versions SV ou SL.  Et signe ultime qu’on a coupé partout pour sauver quelques dollars à l’achat, il n’y a pas de miroir de courtoisie sous les gardes-soleil!  Malheur!!!

Détail anodin mais oh! combien irritant est cette fonction qui verrouille les portières lorsqu’on roule sur la route avec la voiture.  Vous me direz que c’est courant dans l’industrie et vous avez parfaitement raison.  Ce qui me tape encore plus sur les nerfs dans le cas de cette Versa c’est que les portières ne se déverrouillent que lorsque la clé de contact est retirée de l’ignition!  J’ai donc eu droit à « Papa, débarre la porte! » ou « Chérie, tu débarres pas les portes assez vite! » plusieurs fois dans la semaine d’essai.  C’est une fonction de « gardiennage » inutile qui devrait être retirée au plus vite!

Jasons mécanique.  Sous le capot ronronne un quatre cylindres de 1,6 litre produisant 109 chevaux pour 107 lb-pi de couple.  En équipement de série, vous aurez deviné que c’est une boîte manuelle et elle a cinq rapports.  En option, une transmission CVT à rapports continuellement variables comme c’est désormais la norme chez Nissan.  Pas de puissance à vous caler dans votre siège en accélération mais c’est pas mal en utilisation normale.  Le moteur est bruyant en accélération franche et c’est difficile de savoir si c’est le moteur qui est vraiment grognon ou l’insonorisation qui est déficiente.  Je parierais sur un mélange des deux.  Notons en passant que toutes les boîtes CVT, pas seulement celles de Nissan, n’aiment pas vraiment le froid québécois.  Dès qu’on descend sous les -10 °C, le groupe moteur-CVT perd beaucoup de puissance et le régime-moteur frôle les 4 000 tours/minute et plus.  Après quelques minutes de route, ça revient à la normale, mais c’est un point important à retenir.

Les freins à disque ventilés à l’avant et tambours à l’arrière avec antiblocage de série sont incontournables dans la berline Nissan Versa 2012 tout comme les pneus de 15 pouces.  Le freinage est assez bon compte tenue de cette configuration.  Le mot « sportif » ne s’applique vraiment pas à la suspension qui est un bon mélange entre confort et… confort.  Donc, pas de folie au volant de la Versa.

En tout cas, moi, je ne pense pas que la berline Nissan Versa se soit améliorée en 2012.  On dirait qu’elle n’a pas du tout été conçue pour en offrir le plus possible pour le moins cher possible.  Ou notre dollar s’est beaucoup dévalué.  J’espère que Nissan ne va pas attendre trop longtemps pour réviser cette berline.  En attendant, souhaitons que le « hatchback » ne subisse pas le même traitement.

En terminant, il faudrait que je m’excuse à tous ceux qui ont acheté ou qui achèteront la version « S ».  Mais, mettez-vous à ma place.  Vous vous êtes couché hier soir après avoir payé vos factures sur internet.  Vous vous êtes endormi en vous laissant bercer par la musique de votre iPod.  Vous vous êtes levé ce matin en regardant vos courriels et votre Facebook sur votre téléphone intelligent.  Vous déjeunez et vous prenez votre belle Nissan Versa 2012 neuve pour aller travailler.  En chemin, vous arrêtez au service-au-volant pour vous acheter un café : vous allez baisser votre vitre avec la manivelle?  Je crois que vous avez compris…

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