Depuis quelques années voir même quelques décennies, un type d’escroquerie internationale s’est largement répandu depuis le Nigéria et plus généralement depuis l’Afrique de l’Ouest.
L’idée du mécanisme est ici de convaincre dans un premier temps un futur payeur qu’il peut gagner des sommes importantes sans risque, celui-ci étant souvent basé à l’étranger en Europe ou au Moyen-Orient. Puis, à la suite d’un processus de mise en confiance, la cible se voit solliciter pour payer une avance limitée par rapport au le gain final espéré. Les demandes d’avances se succèdent les unes aux autres sans que bien sur aucun gain n’arrive.
Le ressort psychologique est omniprésent tout au long de l’escroquerie: il faut appâter le payeur grâce à sa cupidité, jouer avec son égo (il n’osera pas avouer qu’il s’est fait avoir) et, finir de l’escroquer en utilisant le désespoir qui l’envahit et la volonté d’en finir même au prix d’un dernier paiement !
Ces escroqueries sont diverses et apparaissent dans de nombreuses activités telles que les rencontres sur internet, les locations, les embauches, les loteries, les offres de prêts et de bourses d’études, les demandes d’entre-aides religieuses, etc.
Ces escroqueries ne visent bien souvent que quelques dizaines de milliers d’euros mais parfois beaucoup plus et acquièrent ainsi une dimension internationale avec l’intervention de véritables VIP.
Récemment, ce fut au tour d’un riche Emirati de se faire escroquer par une bande d’individus africains mais aussi français et libanais. C’est l’affaire Bertin Agba. Ainsi, des individus comme le ministre togolais Pascal Bodjona mais aussi l’ancien président d’Elf Loïk Le Floch-Prigent figurent au rang des escrocs.
La victime fit l’objet d’une véritable opération de « tamponage » de la part d’escrocs africains spécialement venus à Dubaï pour lui vendre leur histoire et ses belles promesses. L’Emirati téléphonera alors à Loïk Le Floch-Prigent avec qui il est en relation d’affaire pour avoir son avis. Ce dernier, comme par enchantement connaissait les protagonistes et a pu assurer la victime du sérieux de ces escrocs. Par la suite, Loïk Le Floch-Prigent accompagnera la victime lors de ses déplacements en Afrique pour le déroulement de l’escroquerie et continuera à crédibiliser toute l’opération. Plus encore, le célèbre Loïk Le Floch-Prigent assurera à l’Emirati qu’il a lui-même vu de ses propres yeux le magot de 275 millions de dollars américain qu’ils étaient censés récupérer.
Dans cette affaire actuellement en cours d’instruction et dans laquelle plusieurs mandats d’arrêt internationaux ont été émis notamment à l’encontre de Loïk Le Floch-Prigent, le montant du dommage subi est estimé à quelques 50 millions de dollars américains.
Encore une fois et de manière analogue à d’autres escroqueries de plus petite envergure, la dimension psychologique a joué un rôle majeur avec une victime mise en confiance et qui reste longtemps incapable de se remettre en cause à la vue d’une escroquerie à tiroir. L’Emirati en plus d’être trompé par Loïk Le Floch-Prigent est véritablement géré, voire marabouté, par celui-ci et ce, en coordination avec l’action d’autres acteurs africains et libanais.
Si cette affaire complexe aux multiples ramifications sort de l’ordinaire, son mécanisme intérieur reste malgré tout assez typique et très commun. Pauvre ou riche, la victime n’en reste pas moins humaine avec les mêmes faiblesses.