EN FINIR AVEC L’AGORAPHOBIE ?

MON AGORAPHOBIE

Aussi loin que je puisse m’en souvenir, tout a commencé en 1995. Je travaillais à l’époque dans une agence de voyages dans un grand centre commercial. Néons au plafond, pas de fenêtre ni de vue sur l’extérieur et plutôt l’impression d’être un poisson dans un aquarium … avec le monde qui passait, repassait et repassait… une très mauvaise expérience… je manquais d’air… Cette même année, j’ai eu une histoire sentimentale difficile à gérer et tout s’est enchaîné par la suite.

Ce sentiment de « panique » s’est aggravé un jour où je me suis rendue compte que j’étais la dernière à sortir avec ma voiture d’un tunnel sans casse… juste derrière moi, il y avait eu un énorme accident… Quelques mois auparavant, j’avais été également témoin d’un accident mortel juste devant moi alors que je sortais avec des amis en soirée. J’adore conduire et en règle générale, je ne suis pas trouillarde. Mais là, j’ai eu un choc.

Passé ces épreuves perturbantes, je me suis retrouvée au chômage. Et là, ça a évolué. Je paniquais lorsque j’allais faire mes courses, j’avais ce besoin à tout prix de regarder où il y avait une sortie lorsque j’étais au restaurant, faire la queue devant une boîte de nuit me stressait, aller à la poste, faire la queue à la banque, etc… mes mains devenaient moites, j’avais mal au ventre et au coeur. Je coupais carrément ma respiration (sans le faire exprès) car je me tenais mal et mes symptômes empiraient. J’avais peur de tomber dans les pommes, d’avoir un malaise, de mourir.. oui c’est cela l’agoraphobie !

LA PEUR DES GRANDS ESPACES ET DES LIEUX PUBLICS

agoraphobieL’agoraphobie est souvent à tort, apparentée à l’unique peur de la foule. En effet, l’agoraphobe redoute le monde, la personne est avant tout effrayée par la fréquentation des lieux publics ou d’espaces dont elle ne peut s’échapper ou être secourue facilement en cas de difficultés. Ainsi, dans les cas les plus sévères, une personne souffrant d’agoraphobie se retrouvera dans l’incapacité de sortir de chez elle et évitera toutes les situations redoutées. Il s’agit d’un véritable handicap dans la vie quotidienne. Sachez qu’elle touche près de 2% de la population, et le plus souvent des femmes. Longtemps ignorés, ces symptômes handicapent beaucoup de monde.

Pour ma part, tout était prétexte à reporter. J’allais plus facilement en fin de journée faire mes courses (juste avant la fermeture en pensant qu’il y aurait moins de monde), je refusais toutes sortes d’invitations des copines (et je donnais une fausse excuse), je me faisais porter pâle au bureau (car trop d’angoisse dès le réveil), etc. Bref, je n’osais pas leur dire car j’avais l’impression d’être folle. Des fois, j’arrivais à certains endroits (restaurants, bars ou autres rendez-vous) et je repartais aussitôt. J’ai rencontré mon petit ami de l’époque à cette période. C’était très difficile pour lui mais il m’a acceptée comme j’étais et il essayait, comme il le pouvait, de me rassurer ou de me motiver à bouger davantage. Malheureusement, au vu l’incompréhension, c’était des crises assurées. Impossible pour lui de se mettre à ma place… donc ma relation a été un peu chaotique de ce côté-là, même si elle a duré 7 ans.

A cette époque, j’avais bien entendu honte et je n’en parlais qu’à peu de monde. Le peu de personnes à qui j’expliquais mes malaises ne me comprenaient pas et me disaient que c’était dans ma tête. La pire phrase… genre je suis débile et je fais exprès, c’est psychologique! Je n’arrivais pas à trouver de solution. Seule, fatiguée tout le temps, sur les nerfs, triste et anxieuse, je tournais en rond. Le sentiment d’échec était bien là. Je travaillais à 100% et il fallait faire avec. Mentir aux collègues, m’absenter plus vite que prévu à des soirées, n’être pas vraiment disponible comme je l’aurai souhaité. Gérer du mieux possible, chaque jour était un défi. Un excès d’adrénaline et un tourbillon de pensées et soudain, j’étais mal. J’ai carrément presque mis un trait sur les sorties, l’idée d’aller à un concert me terrifiait, je me faisais silencieuse et cela m’a coupée du monde. Le plus bizarre c’est que certains jours, ça allait très bien. J’évitais tout simplement les endroits que je redoutais et du coup, je vivais presque normalement (à mes yeux!). J’ai dû toutefois me faire violence et m’obliger à me bouger dans certaines obligations privées ou professionnelles et toute la préparation et le stress du « avant d’y aller » me paraissait insurmontable.

J’ai suivi ensuite une thérapie comportementale avec un certain succès et avec une psychologue très professionnelle. Chaque semaine, j’avais des exercices à faire, je devais écrire un maximum de choses, me fixer des objectifs (même petits) et en discuter avec elle à la séance suivante. Elle me faisait faire de la relaxation et me suivais vraiment pas à pas. C’était bien mais c’était très long et je supportais mal les échecs puis les réussites. Pourquoi un jour ça allait et pourquoi un autre jour, ça n’allait pas du tout ? J’ai enchaîné avec de nombreuses lectures, CD de relaxation, programmes sur internet et un jour, j’ai eu entre les mains un livre qui m’a (je peux le dire aujourd’hui) quasiment sauvée…. Cet ouvrage s’appelle « Les Clés du Secret » de Daniel Sévigny. Cela parle du réel saboteur qui est en nous. Ce n’est pas forcément un livre sur l’agoraphobie comme il en existe tant, mais celui-ci m’a permis de comprendre et de mettre en pratique la technique de la visualisation ou plutôt la gestion de pensées. C’est très puissant. Je l’utilise toujours aujourd’hui et de manière régulière et j’avoue que mes progrès sont bien visibles.

Comme beaucoup de personnes et comme je le disais tout à l’heure, j’ai commencé par éviter les transports en commun aux heures de pointe, j’avais peur des embouteillages, des travaux sur les routes, l’idée d’être bloquée dans un tunnel me faisait presque tourner de l’oeil. J’étais constamment inquiète. Les situations qui cristallisent les peurs des agoraphobes sont extrêmement variées. C’est également un début de phobie sociale car on est dans l’évitement pour de mauvaises raisons, on a peur du regard de l’autre ou d’avoir un malaise en public et donc, on choisi la solution la plus simple, on reste chez soi. Et on se coupe de tout.

Pour rappel, voici quelques symptômes de l’agoraphobie

agoraphobie

– vertiges ou perte d’équilibre
– difficultés respiratoires
– tremblements
– bouffées de chaleur
– peurs déraisonnées
– peur de mourir

Ce qu’il faut se rentrer dans le crâne… c’est que ce n’est pas une maladie. Ce sont uniquement des crises d’angoisse violentes. Elles se déclenchent chaque fois qu’un événement actuel (passé le plus souvent, inaperçu) vient faire résonner le « fond » d’angoisses inconscientes que chacun de nous a accumulé au cours de sa propre histoire.

Le « travail » consiste donc d’abord à essayer d’identifier l’événement actuel : quand la crise a-t-elle commencé ? S’était-il passé quelque chose auparavant (une discussion, une rencontre, une lecture, un rêve, etc.) ? Cela pouvait-il évoquer quelque chose ?

Il faut jouer les détectives privés et je peux vous dire que j’en ai usé des carnets de feuilles blanches. Cette enquête minutieuse sert à faire baisser notre taux d’angoisse (car elle permet de mettre des mots sur ce que l’on éprouve) et sert aussi à trouver, ce faisant, de nouvelles « pistes » pour cerner l’angoisse initiale.
Pour ma part, la peur de mourir était très présente jusqu’au moment où je me suis rendue compte qu’au final, j’étais toujours là! C’est tout bête, mais c’est vrai !

Le lien entre les angoisses et l’ hyperventilation

agoraphobie

Il faut encore savoir que l’ hyperventilation et l’agoraphobie ne sont pas les mêmes choses mais l’hyperventilation est aussi fortement liée à l’ anxiété et à l’angoisse. Pendant une attaque de panique, le symptôme le plus connu est le cœur qui bat trop vite. On pense alors qu’on va avoir une crise cardiaque et on fabrique d’autres peurs qui s’accumulent. Il faut d’abord savoir qu’on est pas fou et surtout pas seule dans cette situation. C’est uniquement un dérèglement émotionnel.

Voici encore un exemple : vous vous trouvez dans un avion et tout d’un coup, il y a quelques turbulences. A cause de ce facteur externe, vous avez de l’angoisse (et c’est normal) et votre cœur bat de plus en plus vite. Tout le monde dans l’avion ressent la même chose que vous à ce moment-là. Par contre, les agoraphobes pensent davantage à leur propre corps et leurs symptômes qui risquent d’être vus par les autres passagers plutôt que de l’avion qui risque lui peut-être d’avoir des problèmes! Et ils aggravent la situation. C’est comme une locomotive, tout s’emballe et on n’arrive plus à arrêter… c’est l’effet boule-de-neige!

Cela veut dire que le problème peut être résolu lorsque l’on accepte les vertiges et le coeur qui bat plus fort et tous les autres symptômes désagréables. Tout est normal car nous sommes des personnes méga sensibles. Du moment que l’on accepte que c’est normal, on commence à ne plus avoir peur d’eux … et le résultat ? plus d’agoraphobie….

En effet, nous faisons partie de personnes hyper sensibles et souvent trop émotionnelles. Nous réagissons trop fort à tout. Nous voulons que tout soit parfait et que nous soyons parfaites. Nos exigences sont bien trop élevées en général. Nous nous mettons la pression pour tout et pour rien et si on échoue, c’est la crise d’angoisse est assurée. On est fâchée contre nous et on a l’impression d’être vraiment nulle. Ce qu’il faut également comprendre c’est que ce sont les agoraphobes qui créent la crise de panique. Ce n’est pas l’endroit, c’est nous ! Ce qui est bien, c’est qu’on arrive à arrêter cet effet un jour ou l’autre !

Lorsque c’est la panique dans notre cerveau, on commence à se dire : Oh non, pas maintenant, non non … mon dieu comment je vais faire là, j’ai chaud, mon dieu, tout le monde va me voir et si je fais un malaise, blablabla…. et on augmente sa peur ! La confiance en soi et en son corps est donc nécessaire pour moins penser de l’avis des autres et cela s’apprend mais cela prend du temps. Ne plus s’inquiéter de ce que les autres pensent, c’est un point vital dans la guérison. Le but est de se sentir à l’aise dans un maximum de situations. C’est vrai. Ceci n’est pas simple ! Mais avec de l’aide, on y arrive !


Mes médecins, mes meilleurs amis

J’ai consulté bon nombre de médecins y compris cardiologue (car j’avais des douleurs au bras gauche et dans la région du coeur … j’étais certaine de faire une crise cardiaque. J’ai consulté encore d’autres thérapeutes, chamanes, hypnotiseurs, kinésiologues, médecins chinois, acuponcteurs, etc… le diagnostic médical était chaque fois le même : « rien sur le plan organique, c’est du stress mademoiselle ! » Le problème c’est que je ne les croyais pas ! C’était impossible ! Je ressortais du cabinet souvent frustrée, énervée, déprimée et presque déçue qu’il n’aient rien trouvé. On m’a proposé des anti-dépresseurs mais rien que l’idée me donnait la nausée. Je suis donc devenue hypocondriaque ! (un souci de plus à gérer, grrr !)
Là, j’ai décidé de me battre et de comprendre le pourquoi !!


Des attaques de panique fréquentes mais sans danger

Ce qu’il faut essayer de comprendre également c’est que c’est normal d’avoir peur si on se trouve face à un vrai danger (un lion qui se balade à 2m de vous par exemple!) mais ce n’est pas normal d’avoir peur sans raison réelle. Il faut arriver à différencier ces 2 types de peurs. Pour ma part, j’ai eu une grande chance de découvrir sur Internet un jeune homme qui était passé par là et qui proposait des conseils/accompagnement tout en expliquant son propre parcours. Chaque jour, je travaillais sur moi, j’écrivais, je testais, je me relaxais. Et petit à petit, cela a porté ses fruits.


Mes conseils, pas à pas

agoraphobieJe vous conseille tout d’abord de faire un check-up chez votre médecin afin d’éliminer tout autre problème de santé. Si votre médecin ne trouve rien, pensez à cela : c’est réellement psychologique et c’est le stress que l’on créé qui donne ces symptômes. Il faut l’accepter. Alors, à ce moment-là, on essaie, on avance. On se force. C’est douloureux. On a l’impression que l’on n’avance pas mais en fait, oui on avance. Cela peut être très long, surtout si on a attendu de nombreuses années (comme moi!) avant de décider de combattre et à ne plus subir cette phobie.

Au début, je me faisais accompagner par un proche (merci maman!), je gardais mon portable et mes gouttes Rescue dans ma poche. L’idée est de procéder graduellement en maintenant un certain niveau d’inconfort mais en évitant les grosses crises.

On reste positive (souvent impossible, je le sais!), on est démoralisée, je le sais mais souvenez-vous :

« Personne n’est JAMAIS mort d’une crise de panique, aussi incommodante et intense soit-elle ! »


Et vous ?

Si vous n’osez plus quitter votre maison, si vous ne vous sentez pas à l’aise dans des espaces publics, si vous avez souvent la nausée, des tremblements, des vertiges, peur de ce que les autres pensent de vous et que vous essayez de faire bonne impression en toute circonstance mais que vous n’y arrivez pas vraiment, je vous encourage à vous battre et à ne jamais baisser les bras… je suis passée par là!

Si vous n’osez plus aller manger dans un restaurant, vous êtes souvent fatiguée et plus tellement motivée pour faire les choses, vous rêvez d’aller mieux mais vous n’y arrivez pas et vous ne savez pas comment faire…. etc… Et bien, j’étais comme vous! et aujourd’hui, c’est du passé !

Mes crises

Je faisais une crise dans un supermarché et vu que je ne voulais plus jamais ressentir ça et être si mal, je commençais à éviter tous les supermarchés. Puis j’avais peur dans la voiture car peur d’un embouteillage, d’un accident et pour ne plus ressentir ça, je commençais à éviter de prendre la route. Est-ce que j’avais réellement peur de ma voiture, du supermarché ou des bouchons éventuels ? Oui un peu mais j’avais surtout peur des sensations bizarres que j’avais eu dans ces lieux. Et donc, j’avais peur que cela recommence, donc j’ai commencé à éviter plein de situations et de lieux. Malheureusement ce n’est pas une bonne idée car les angoisses ne disparaissent pas. Elles vous suivent et vous embêtent partout.

« Un jour, je me suis dite : STOP, y en a marre ! je vais pas vivre ma vie tout le temps comme ça !!! Cela ne peut plus durer ! »

J’ai appris la relaxation, la gestion de pensées, la visualisation, la bonne respiration. J’ai compris qu’on pouvait effectivement causer des maux qu’avec nos pensées. J’ai eu ces crises d’angoisses durant près de 15 ans. Je mentirais si je disais aujourd’hui que je suis entièrement guérie car il m’arrive encore de faire des minis-crises… mais je me bats quotidiennement, je me mets des défis et je me convaincs chaque jour que je vais bien et mon saboteur file aussitôt arrivé!


Qu’est-ce que d’autres ont vécu ? le saviez-vous ?

Pour un peu plus de légèreté, plusieurs personnes célèbres ont lutté contre le trouble panique et ont contribué de façon remarquable à la société comme certains artistes, politiciens, scientifiques, athlètes ou financiers. Ces exemples nous rappellent que, malgré cette maladie qui est parfois très sévère, le rétablissement est toujours possible !

  • Kim Basinger, actrice américaine
  • Drew Barrymore, actrice américaine
  • Clay Aiken, chanteur américain, gagnant d’une des premières éditions de l’émission American Idol

Aujourd’hui, guérie à 99%, je peux confirmer que l’on peut s’en sortir !

N’hésitez pas à me contacter ou m’écrire pour tout contact, question et infos.