Artistes, réalisateurs ou encore petits producteurs se partagent le marché de l’industrie musicale en Guadeloupe. Il existe encore des artistes qui se disent représenter la Guadeloupe aux yeux de l’ensemble de la zone Caraïbéenne, de la France et même dans le Monde.
Industrie naissante ou milieu encore un peu trop archaïque pour être pris au sérieux, le constat est peu satisfaisant. Plus de 90% des producteurs musicaux locaux n’ont pas su imposer la musique de leurs artistes à une plus grande échelle. La musique Guadeloupéenne est donc très peu reconnue à l’échelle de l’arc Antillais et de l’ensemble de la France.
D’autres Iles comme la Jamaïque, bien qu’économiquement plus pauvres semblent s’en être mieux sortie, avec des artistes ayant fait notamment du Reggae-Dancehall un style musical très apprécié selon les tendances musicales internationales. (En savoir plus sur ce sujet sur Lefigaro.fr)
Comment expliquer ce manque de reconnaissance ?
Nous vous épargnerons les traditionnels conflits d’intérêt et prises de position hasardeuses et désaccords entre les acteurs musicaux de la Guadeloupe. Ce genre de conflit étant le résultat d’une différence de vision et aussi du manque d’une capacité à prendre du recul de tout un chacun. La problématique de la rentabilité immédiate (au profit de l’esprit collaboratif et d’entraide) rajoute une couche de complexité à la chose.
Mais restons concentrés, ce genre de situation est commune à tous les types d’entreprises, tous les secteurs confondus.
Des temps difficiles créent des hommes forts
Pour une raison que l’on ignore, l’Histoire de nos sociétés et celles de nos entreprises semblent inscrites dans ce cercle vicieux depuis la création de l’humanité :
- Les temps difficiles créent des hommes forts.
- Les hommes forts créent des périodes de paix.
- Les périodes de paix créent des hommes faibles.
- Les hommes faibles créent des temps difficiles.
Cette célèbre citation du sociologue, économiste et démographe d’origine ARABE Ibn Khaldoun illustre bien la situation. L’industrie de la musique que ce soit aux échelles, locales, nationales et dans le monde n’échappe pas a cette règle.
« Le problème étant que trop de petits acteurs du milieu musical en Guadeloupe et en Martinique essaient aujourd’hui de s’enrichir trop rapidement avec une mauvaise stratégie qui n’est pas adaptée au contexte actuel. »« Sans s’en rendre compte, ils condamnent leur propre réussite et entrainent dans leurs chutes celles des artistes régionaux qu’ils sont censés mettre en avant car les intervenants de l’industrie de la musique, les personnes ainsi que les entreprises plus importantes du secteur semblent ne pas les prendre au sérieux dans leurs schémas. »
« Combien connaissez-vous de nos artistes régionaux en France ? »
« Des artistes tels que Missié Sadik ou encore Keros-n** ont pris des années avant d’être vraiment reconnus même au niveau local. De plus, ils y sont parvenus sans avoir bénéficié vraiment d’un accompagnement solide (au moins à leur début). Heureusement, leurs engagements envers leurs paires et les vrai messages transmis avec la musique leurs ont naturellement assuré de la durabilité dans l’industrie musicale locale. »
Témoignage de Jean-Pierre***, communicant pour la radio Guadeloupe première, l’un des médias historiques et principaux de l’Île.
Notons qu‘il applique le même constat en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane Française mais nous en parlerons plus en détail dans un prochain article.
Perspectives d’évolution de l’industrie musicale Guadeloupéenne.
La situation bien que préoccupante semble néanmoins rattrapable avec le temps.
Les 2 dernières années ont été des années riches en nouveaux artistes émergents et en nouvelles tendances sur ces Îles. L’on retiendra pour notre cas la montée exponentielle au niveau régionale de chanteurs, souvent très jeunes tels que Wylix, Don Snoop, Alpha ou encore Mathieu White** .
Malgré se manque de reconnaissance dans l’industrie et un parcours qui s’envisage être long, certains nouveaux médias tentent néanmoins l’aventure de la collaboration artistique en visant la réussite et l’audimat.
Donnons ici l’exemple du Gomko Média, un média musical récent qui donne l’opportunité à des artistes peu connus de se faire reconnaitre à l’échelle Caribéenne et Nationale (vous pouvez consulter la chaîne YouTube du Gomko Media en cliquant ici). Ce succès est notamment du à des formats de show et des prestations artistiques simples, originales et de qualités, des critères de réussite très importants aujourd’hui.
Les médias traditionnels n’arrivent plus a capter assez d’audimat.
Avec l’ère du numérique et des modèles économiques axés sur le profit constant, les médias traditionnels et historiques en Guadeloupe tels que la Radio Musical NRJ Antilles n’arrivent plus à toucher le cœur de leurs auditeurs autant qu’il y a encore quelques années. Nous nous abstiendrons de juger la pertinence des choix éditoriaux et de la stratégie de communication de ces radios mais une chose est sûr, cela laisse une belle marge de manœuvre aux nouveaux médias.
Voilà le genre d’informations qui pourraient faire réfléchir à deux fois les maisons de disques dans leurs avis sur la valeur perçu des artistes de la Guadeloupe, de la Martinique et de la Guyane.
Un chose est sûr, les nouveaux médias de la Guadeloupe devront miser sur le potentiel des artistes qu’ils promettent, autant, voire plus, que les recettes pendant quelques années si ils veulent s’établir durablement. L’ouverture d’esprit des géants historiques du milieu tels que la maison de disques Universal ou encore Sony semblent également de mise. Ces dernières semblent surestimer leurs impacts sur la qualité musicale présente sur les plateformes de streaming mais leurs bénéfices monstres ainsi que des méthodes de sélection toujours plus floues donneront du fil à retordre à des petits artistes et entreprises si elles souhaitent collaborer avec elles. Le public Guadeloupéen doit donc également donner aux artistes la force de s’imposer sur la scène musicale de la Caraïbes et nationale.
Notes éditoriales :
* Les informations citées dans cet article n’engagent que la rédaction de la section Art de MaChronique.com.
**Pseudonymes d’artistes Guadeloupéens.
***Par souci de confidentialités et pour respecter la vie privée du témoignant, le nom cité ici est un pseudonyme utilisé uniquement dans le cadre de l’écriture de cet article.