L’autre jour, une drôle de question m’a été posée lors d’une entrevue radio que j’accordais. Racontant que j’ai fait une tentative de suicide, en me jetant devant un train — routier, L’animateur m’a demandé en introduction, « ’ est-ce que c’était la meilleure idée de se tirer devant une vanne comme ça? »’, parlant du chauffeur et autres automobilistes qui vivraient ce drame? Ma première réponse était que ce n’était peut-être pas la meilleure, mais c’était la mienne.
Depuis cette entrevue je me repasse souvent cette question, je vais donc tenter d’y répondre, du point de vue de la personne que j’étais a ce moment la.
Quand nous sommes en dépression et de surcroit en période suicidaire, plus rien d’autre ne compte au monde que d’arrêter de souffrir et ce par tous les moyens, l’irrationnelle est bien ancré en nous et y habite en maitre.
Cette souffrance qui nous habite et qui travestit nos façons de penser et d’agir est toujours omniprésente en nous et en quelque sorte dérègle tout jugement de notre part. Peut importe la façon dont nous décidons de mettre fin a nos jours, quelles sois douces ou brutale, en privé ou publique, la soif de quitter nos souffrances l’emporte sur tous les aspects néfastes que notre geste posera.
Dans mon cas, j’ai trois belles filles que j’aime plus que tout et pourtant je n’ai freiné ma volonté de mourir pour elles. Non, j’ai pris le temps de leurs écrièrent une belle lettre (tout comme au chauffeur de la vanne), sachant très bien qu’elles souffriraient de mon geste.
La porte de sortie d’une personne dépressive/suicidaire est la fin du mal profond que nous avons dans nos entrailles depuis longtemps, parfois depuis toujours dans mon cas. Ce n’est donc ni les enfants, la famille, les amis proches, les collègues qui ne nous arrêteront dans notre décision d’en finir, alors imaginé le pauvre chauffeur comme il devient loin dans ma liste de personnes pouvant m’empêcher d’agir!
Je suis heureux aujourd’hui que cette vanne m’est manquée et que ce pauvre chauffeur ne gardera, du moins je l’espère, qu’une méchante frousse pendant longtemps.
Mais tout compte fait, aujourd’hui je peux dire encore que ce n’était pas la meilleure des façons et qu’avec ces quelques réflexions si jamais la vie m’amenait a revivre une autre période aussi sombre, je crois que je repenserais quelques instants a cette entrevue, mais encore la, je ne peux jurer que l’irrationnel ne s’emparerait pas de moi encore une fois.
C’est la grâce que je me souhaite, bonne route à tous.
Serge Larochelle, auteur
Maintenant, ma vie prend racine
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