DÉPENDANT AFFECTIF/DÉPENDANTE AFFECTIVE : JE VOUS LE DIS !
Vous me demandez comment détecter la dépendance affective chez les autres : ils vous le disent ! Comme vous le dites aussi. Inconsciemment, au lieu de clamer un véritable amour, vous clamez votre dépendance affective !
Voici quelques exemples qui vous feront sourire, car je suis certaine que, comme moi par le passé, vous les avez prononcés, intimement persuadé de déclarer votre flamme par ces quelques mots :
« Tu me manques » : très classique ! Vous annoncez à l’autre que vous avez un grand vide quand il n’est pas là. Il faudrait dire : « Je suis heureux de te revoir bientôt ». L’homme qui m’avoue que je lui manque est viré sur le champ ! Pire, s’il attend que je le lui dise. Le meilleur des hommes pour moi ne me manquera jamais : j’aurai plutôt plaisir à imaginer nos retrouvailles… ! C’est d’ailleurs ce que je fais déjà, en tant que célibataire : Cet homme ne me manque pas, parce que je sais le feu d’artifice que ce sera quand je l’aurai rencontré !
L’Oscar revient au poète Lamartine (ils sont tous forts, les poètes, pour déclarer leur névrose !) qui a écrit : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». Résumer la population mondiale à une seule personne, c’est fort ! Ou encore « Je ne suis rien sans toi », « Tu es mon soleil », « Sans toi, il fait nuit tout le temps, je n’existe plus, ma vie n’a plus aucun sens », « Tu es ma raison de vivre, mon oxygène ». Bref, vous déclamez votre incapacité à vivre seul : ça sent la dépendance à plein nez !
Les chanteurs sont aussi très forts dans ce domaine : « Elle était mes ailes, ma vie en plus beau » (Patrick Fiori – « Quatre mots »). Donc, le pauvre gars est écrasé au sol et vit une vie de misère, parce que sa conjointe est partie. Côté chanteur, l’Oscar revient à Jacques Brel dans la chanson « Ne me quitte pas » : « Laisse-moi devenir l’ombre de ta main, l’ombre de ton chien ». Ces paroles vous démontrent le peu de respect que ce pauvre homme a pour lui : il est prêt à devenir l’ombre du chien pour garder celle qui veut le quitter ! « Inexister », mais du moment que c’est dans son ombre.
Et vous, vous croyez que c’est de l’amour !
Je souris quand une femme me dit « Il est jaloux, c’est qu’il tient à moi ! », fière de sa découverte. Ce qu’elle vient de découvrir, c’est que le type est possessif et qu’il a un tel vide et un tel manque de confiance en lui, qu’il va lui mener une vie infernale. Et elle est heureuse ! Les ennuis ne font que commencer ! Il préserve sa bouteille d’oxygène et plus personne ne pourra s’en approcher. Dans certains cas, cela s’appliquera aussi à la famille et aux amis, car le Trou noir affectif vous isolera complètement et vous vous laisserez faire, prenant ses réactions comme des actes d’amour. Les hommes qui pensent que leur nouvelle rencontre les aime parce qu’elle fait des scènes de jalousie sont dans le même cas : un de mes amis m’avait avoué qu’il aimait les femmes qui avaient du caractère et faisaient des scènes : il l’a trouvée. Elle lui en a fait : il n’a plus le droit de me voir. Comment croire que c’est de l’amour ! Allumez !
« Si tu ne viens pas avec moi à cette soirée, je ne m’amuserais pas ». Même pas capable de passer une simple soirée sans l’autre ! En plus, c’est du chantage affectif : ne cédez pas !
« Je ferai n’importe quoi pour te garder », n’est pas une preuve d’amour non plus et, croyez-moi, certains font vraiment n’importe quoi : j’en ai fait partie !
Dans le genre chantage affectif, voici ce que vous entendez : « Je me tue si tu pars ». Ou encore « Quand tu es loin, je ne mange plus, je ne dors plus, je ne vis plus ». Et ça vous rend important ! Vous êtes fier de compter à ce point pour une personne capable de se laisser mourir si vous êtes loin. A l’inverse, si c’est vous qui ne pouvez plus vivre sans l’autre : vous avez un sacré problème ! Car, c’est souvent le terrain propice au suicide. Les parents sont très forts aussi pour le chantage affectif, surtout les mères : « Si tu m’aimais, tu ferais ce que je te dis ». Quel enfant résisterait à ces propos ?! Cette phrase continue à fonctionner avec vos partenaires ! Et vous courez ! Viens ensuite le classique « Après tout ce que j’ai fait pour toi », très prisé par les Desperados en manque de reconnaissance. Ce qui laisse d’ailleurs le Trou noir affectif complètement insensible.
« A quoi ça sert de vivre seul », clame votre incapacité à l’autonomie affective, comme « Si elle/il part, de qui vais-je prendre soin ? », de vous ! Je sais que derrière tout grand homme se cache une femme mais tout de même, dire à sa conjointe « Je me sens si fort quand tu es à mes côtés et si fragile quand tu pars », signifie que vous tirez votre pouvoir de l’autre. Elle peut donc vous faire tous les chantages affectifs de la Terre et si elle s’en va, vous voilà un pantin désarticulé. L’homme est effectivement un protecteur par nature, mais s’il a besoin absolument d’une femme à protéger pour exister, il tombe dans la dépendance pure et dure. C’est vrai qu’à deux, vous êtes plus forts : mais ne retirez pas votre force de l’autre, multipliez-les plutôt !
Passant, accompagnée d’un bel homme, devant une femme, je l’ai entendu dire à son amie : « Je ne pourrais jamais sortir avec un homme comme lui : il est trop beau pour moi ». Combien d’entre vous ont prononcé cette phrase ? Il n’existe personne de trop beau, belle ou intelligent(e) pour vous ! Allons, allons !
« Je préfère la/le savoir mort(e) plutôt qu’avec quelqu’un d’autre », là nous tombons dans les extrêmes, mais je suis certaine que beaucoup l’ont pensé. Un petit nombre est passé à l’acte, ce que les médias appellent « crime passionnel » et que j’appelle « crime de désespéré ».
Et puis, quand vous traitez de tous les noms la nouvelle personne qui entre dans la vie de votre ex, bien après votre séparation, et qui ne vous connaît même pas ! Vous ne savez pas qui elle est, vous la détestez déjà ! C’est votre enfant intérieur qui manifeste son insécurité et son besoin de reconnaissance et reconnaissez que vous faites preuve d’un manque de maturité.
« Après toi, je ne serai plus capable d’aimer » : celle-là me fait rire. Encore faut-il que vous l’ayez vraiment aimé(e) ! Souvent, vous avez vécu de l’attachement névrotique et si c’est vraiment de l’amour, aucune raison de vous quitter : vous restez ensemble, heureux, jusqu’à la fin de vos jours.
L’attachement névrotique est si puissant que vous le confondez souvent avec de l’amour : ça vous prend aux trippes. Que pensez-vous que ressent une personne en manque d’alcool, de drogue ou de bouffe, quand on lui présente l’objet de sa compulsion ?
A partir de maintenant, faites attention à ce que vous dites et écoutez bien les autres : si leurs propos sonnent dépendance affective, sauvez-vous !