De la quête de performance à la réalisation de soi

L’humain est un être aux multiples facettes, aux multiples talents, et aux multiples besoins. Parmi ceux-ci, un que je considère crucial à son bien-être est de se réaliser. C’est-à-dire, faire ce qu’il aime avec les aptitudes et les talents qui lui sont propres. Malheureusement, dans une société qui nous soumet à toute sorte d’obligations sociales, financières ou autres, certaines personnes en viennent à penser que la définition que je viens de donner est un luxe en pensant : «Dans la vie on fait pas ce qu’on veut, on fait ce qu’on peut!». Cela est d’oublier le plus important don que la vie nous aie donné : le libre-arbitre (liberté de décision).

L’être humain, cette machine!

Quels que soient les milieux de travail dans lesquels nous avons évolué, nous avons tous à un moment ou à un autre, entendu cette expression remplie de compassion : «Amène pas tes problèmes de la maison à la job!»… Comme quoi l’être humain se doit d’être une machine fiable, performante, productive et rentable en tout temps. Parlez-en aux infirmières par les temps qui courent. En 2010, l’expression à la mode n’est plus «Amène pas tes problèmes de la maison à la job!», mais bien «Amène pas tes problèmes de la job à la maison!».

Peu importe le secteur d’activité, la ligne directrice est la même : faire plus avec moins. Conséquences :  le nombre des tâches individuelles augmentent sans cesses, soutenu par l’omniprésence et l’instantanéité des technologies de l’information (Internet, courriels, cellulaires, etc.) et le faux sentiment d’urgence qu’elles génèrent. Ou encore le manque de personnel versus la demande. Le ratio tâches/temps à parfois de quoi être épuisant, voir irréaliste. Le résultat pour bien des gens : l’équilibre de cette équation devient de plus en plus instable, et se compresse au détriment de leur bien-être global.

Bigger, Better, Faster, More, Now!

S’il existe un slogan qui brille par sa présence omniprésente et subconsciente, c’est bien celui-ci. Tout autour de nous nous incite à rechercher plus, mieux, et toujours plus. Nous ne souhaitons plus le bonheur, nous l’exigeons! Cela génère en nous des attentes démesurées et irréalistes, tant vis-à-vis des autres, que vis-à-vis soi. Or, ces attentes irréalistes coûtent cher! Cher à l’entreprise, à l’individu, au couple, aux enfants, à la famille, et à la société.

Je n’apprends peut-être rien à personne en disant que nous vivons dans un monde stressé, axé sur la performance, la compétitivité, la productivité et la consommation… ou devrais-je dire, la surconsommation. Ce qui est triste cependant, est de constater à quel point ces valeurs, véritables facteurs aggravants de stress, se sont insidieusement installés dans nos mécanismes de reconnaissance et d’estime de soi, au point de créer chez l’individu des sentiments de manque, d’échec ou de dépréciation qui n’ont rien à voir avec les qualités et les valeurs qui font de lui ce qu’il est à la base : un être conçu pour aimer, être libre, et réaliser son plein potentiel.

Le dépassement de ses propres limites

C’est une tendance naturelle chez l’humain de chercher à se parfaire, et donc, à repousser ses propres limites, de ce qu’il connait, de ce qu’il peut faire, etc. Or, lorsque le besoin de reconnaissance, de gloire,  de réussite et/ou de survie sociale ou financière prend le dessus sur le simple plaisir de s’accomplir et de faire un travail que l’on aime, les risques de dépassement sont plus grands. On ne parle plus alors de dépassement de soi, mais de dépassement de ses propres limites, c’est-à-dire, de ce qui est «encaissable» tant au niveau physique, psychologique, que psychique.

Pourquoi les dépasse-t-on? C’est là qu’entre en jeu deux éléments importants : notre échelle de valeurs, et nos peurs. Qu’ils soient d’ordre physique, affectif, social, familial, financier, ou autre, nous acceptons ces dépassements pour deux raisons principales : on croit que le résultat nous apportera satisfaction, bonheur, et sécurité, ou encore, on craint de ne pas les rencontrer. Cependant, la difficulté dans le reconnaissance de nos limites, est qu’il faut parfois les dépasser pour se rendre compte qu’elles sont là. Ironique n’est-ce pas!?

Peur… quand tu nous tiens

La peur nous habite tous à divers degrés. Elle peut être une source de motivation incroyable, ou encore un gardien de prison indécrottable. Bien que l’être humain soit habile à masquer ses peurs, il possède une faille : il juge ce dont il a peur. D’ailleurs, une personne en burnout ou en dépression est souvent jugée, non seulement par ses employeurs, mais également par ses collègues. Pourquoi? Parce que l’être humain tend à critiquer ce dont il ne veut pas avoir ou être. Quoi de pire qu’une machine imparfaite et non-performante dans une société qui demande le contraire.

Cela a souvent pour effet de pousser certaines personnes à performer par peur, par culpabilité ou par obligation, plutôt que par plaisir. La société performante dans laquelle nous sommes laisse peu de place à l’erreur ou aux faiblesses, poussant parfois certaines personnes à se culpabiliser pour leurs soient-disant  «manquements», et à s’isoler avec leur malheur. La culpabilité, ou la peur de la culpabilité, sont des facteurs importants dans le dépassement détrimental de ses propres limites . La peur du jugement des autres est bien ancrée dans notre culture, et elle est en soi une forme de dépendance affective.

La difficulté de dire « non » aux autres, et « oui » à soi

La dépendance affective est sans aucun doute LE cancer psychologique par excellence, car elle ne se limite pas qu’aux relations amoureuses. LE symptôme le plus indicateur de la présence de la dépendance affective (la peur de ne pas être aimé),  c’est la peur de dire non. Cette peur d’être désapprouvé, rejeté, humilié, ou abandonné, est certainement LE point commun de tout ceux et celles qui flanchent sous le poids de la pression. Depuis notre tendre enfance jusqu’à aujourd’hui, nous avons à divers niveaux expérimenté le jeu du OUI et du NON. Malheureusement pour beaucoup d’entre nous, notre désir de dire «NON» s’est souvent buté aux règles et aux attentes des autres, ou encore refoulé par peur de ne pas être aimé. Chemin faisant, notre capacité à SE dire «OUI» et à mettre nos valeurs et nos priorités en premier, s’est étiolé avec le temps, tout comme notre estime de soi… d’où le dépassement par besoin d’être aimé et de la difficulté du «NON».

Cela est tellement vrai, que pour beaucoup de gens, la dépression, le burnout, et la maladie grave, deviennent souvent des tremplins, et parfois même une renaissance… une chance de «mettre les breaks» et de réévaluer leur vie en profondeur. Et je sais de quoi je parle! Bref, cela devient l’occasion de faire face à leurs peurs, leurs blessures, leurs forces, leurs désirs, afin de redéfinir leur «OUI» et leur «NON». À cet effet, Il n’est pas rare de voir certaines personnes devenir soudainement égoïste ou égocentrique, le temps que le balancier se rééquilibre.

De la quête de performance à la réalisation de soi

Comment retrouver l’équilibre? Il n’y a que vous qui puissiez déterminer si vos choix quotidiens sont en accord avec vos convictions, vos valeurs, vos intérêts, et vos talents… …et si tout cela vous apporte la joie et  la satisfaction que vous rechercher. Certes, notre vie n’est pas toujours comme on la souhaiterait, d’où l’importance de s’arrêter et de s’auto-évaluer, afin de réenligner le cap.  Le malheur, tout comme le bonheur, dépend de soi, et personne d’autres. Parfois, dire «OUI» à soi peut vouloir dire «NON» aux autres. Cela peut représenter tout un défi dépendamment des gens ou des circonstances. Mais si vous agissez par respect pour vous, vous attirerez des situations ou des réactions en accord avec vos choix. Et si elles ne le sont pas, vous pouvez choisir à nouveau.

Comment savoir si vous êtes en train de vous réaliser ou si la quête de performance vous pèse? Comment savoir si vous êtes dans le «OUI»? La joie! Pourquoi la joie? Parce que de toutes les émotions, la joie est celle qui nous transporte et qui nous donne le goût et l’énergie d’accomplir tout ce que nous désirons. Son pouvoir est immense : elle peut lever d’innombrables obstacles, combler tout nos besoins, et changer nos pensées, nos paroles et nos actions de façon instantannée. Quand nous sommes capable d’entendre «OUI» au fond de nous, alors nous sommes dans la joie. Lorsque la joie nous habite, nous avons le sentiment encore plus ancré d’être vraiment à notre place. Toutefois, quelqu’un peut être vraiment à sa place, mais ne plus avoir de joie, ou si peu. Alors il faut voir pourquoi. Est-ce dû à un manque d’affirmation, de communication, d’attentes non-recontrées, de stress extérieurs, etc?

Est-ce que la quête de performance a insidieusement prit la place de la joie dans votre vie? C’est à vous d’y voir! Votre joie est votre responsabilité, car elle repose sur votre capactié à dire «OUI» ou à dire «NON». C’est le cadeau du libre-arbitre, et le chemin qui mène à la réalisation de soi!