Depuis quelques années, si vous passez la porte d’une cave à vins, commandez une bouteille dans un restaurant, ou un verre dans un bar à vins, il n’est pas rare que l’on vous propose une sélection de vin nature, bio et biodynamique pour étancher votre soif ou accompagner vos mets. Jusque-là réservé à petit un groupe de consommateurs avertis, ces vins se sont peu à peu imposés comme une norme. Il est désormais peu commun de trouver un établissement (allant du bistrot de quartier à la table gastronomique) sans un seul vin naturel, bio ou biodynamique à la carte, car il se fermerait à tout une partie de la population (et donc à des clients potentiels). Plus qu’un effet de mode, car ancré dans l’air du temps, dans cette volonté grandissante de consommer plus responsable et local, il y a encore beaucoup de consommateurs, et parfois même des professionnels, qui ne connaissent pas ou ne peuvent expliquer clairement la différence entre ces trois types de vins…. On vous dit tout !
Qu’est-ce qu’un vin biologique ?
Aujourd’hui, le terme « vin biologique » désigne un vin dont les raisins proviennent de vignes en agriculture biologique, et dont les produits œnologiques utilisés pour la vinification doivent être aussi certifié bio. Mais cela n’a pas toujours était le cas.
Le premier cahier des charges européen de 1991, réglementant le « vin issu de la viticulture biologique » (comme son nom l’indique), ne prévoyait que le champ de la viticulture et non de la vinification. C’est-à-dire qu’un vin dont les raisins étaient issus de l’agriculture biologique mais dont on utilisait des produits chimiques de synthèses lors du processus de vinification pouvait recevoir la certification bio.
Depuis 2012, avec le nouveau cahier des charges appelé « vin biologique », la réglementation est plus stricte. Les produits utilisés pour la vinification sont maintenant pris en compte dans l’attribution du label.
Cependant, pour certains consommateurs, vignerons et autres acteurs du monde viticole, le cahier des charges « vin biologique » n’est pas assez restrictif. Même si les produits œnologiques utilisés pour la vinification doivent être certifié bio, ils reprochent qu’un trop grand nombre soit encore autorisés. (Exemple : Jusqu’à 150 mg/l de sulfites, Acide citrique, Morceaux de bois de chêne, Hydrogenophosphate di-ammonium, Tanins œnologiques, Tartrate neutre de potassium, Sulfate de cuivre, …)
La liste complète des produits autorisés est disponible sur le site officiel de L’institut Français de la vigne et du vin.
Qu’est-ce qu’un vin biodynamique ?
Tout comme le vin biologique, le vin biodynamique est fait sans produits chimiques de synthèse dans la vigne ou à la vinification. Mais il pousse la démarche encore plus loin.
Tous les travaux à la vignes (taille, plantation, vendange, traitements, …) ou à l’élaboration du vin (changement de cuve, soutirage, …) sont réalisés en fonction du calendrier biodynamique. La position de la lune et des planètes (et donc de leur force d’attraction sur le vivant, à l’image de la lune sur les marées) sont prises en compte pour décider quel jour est le plus propice à effectuer quelle tâche.
De plus, pour la prévention ou le traitement des maladies dans la vigne, la biodynamie utilise des potions naturelles à base d’infusions ou de macérations de plantes pulvérisées à dose homéopathique. Les vignerons essayent également de dynamiser la vie au sol, recherchant un meilleur échange entre la vigne et la terre. Pour cela, ils utilisent de la bouse de vache qu’ils enterrent dans une corne de bœuf afin de favoriser le développement des racines et la vie du sol.
Enfin, le cahier de charges des différents labels biodynamiques (Biodyvin et Demeter) sont bien plus stricts sur la dose de sulfites (jusqu’à 90mg/l) et les produits œnologiques autorisés que le celui du « vin biologique ».
Qu’est-ce qu’un vin naturel ?
Un vin naturel est tout simplement un vin dont les raisins vendangés à la main sont issus d’agriculture biologique ou biodynamique et sans aucuns intrants œnologiques à la vinification (même labellisé biologique). Le seul produit autorisé est une dose de sulfite ne dépassant pas 30mg/l.
Pendant longtemps, il n’y avait pas de label officiel et donc de contrôle réglementant le vin naturel. C’était un cahier des charges tacite basé sur la confiance entre le consommateur, le caviste ou le sommelier et le vigneron. Mais depuis février 2020, le jeune Syndicat de défense du vin nature, présidé par le vigneron jacques Carroget (44), a validé une charte nommée « Vin méthode nature ». La démarche a été officiellement validée en mars par la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes). Pour le moment, cette volonté de donner un cadre réglementaire aux vins naturels reste limitée. Il faudra sans doute plusieurs années avant que ce label s’impose comme une norme. Seul une cinquantaine de vignerons ont adhéré aux mouvements, alors qu’il en existe beaucoup plus se revendiquant faire du vin naturel.