Séduire demande beaucoup d’énergie que vous ne placerez pas au bon endroit, alors que charmer est tout à fait à votre portée et sans effort particulier. Pensez-vous vraiment que prendre des cours de séduction vous conduira vers la bonne relation ? Séduire, c’est monter un piège pour devenir le prédateur que vous n’êtes pas et, croyez-moi, un animal piégé est rarement satisfait… J’ai été une grande séductrice dans la première partie de ma vie affective, par instinct inconscient de survie, ne réalisant pas ce que je faisais : où cela m’a-t-il menée ? A découvrir dans cette chronique ! Vaut-il mieux séduire ou plutôt charmer ? Vous en déciderez !
Ecrasée par une mère dont l’objectif était « de me briser » (selon ses dires) afin que je lui obéisse au doigt et à l’œil (selon ses dires aussi), soumise, timide, avec un physique peu avantageux, j’ai vécu ma scolarité dans l’ombre des filles populaires et jolies, attractives pour les garçons. Grassouillette, quelque peu acnéique, avec des lunettes, plutôt garçon manqué, dépourvue de féminité, j’étais inexistante pour le sexe opposé. Bien sûr, quand un camarade de classe me déclara sa flamme, à l’âge de 13 ou 14 ans, j’en concluais qu’il se moquait de moi et le redirigeais vers une autre fille, vexée qu’il ait essayé de m’humilier. Avec le recul, il était tout simplement sincère, attiré certainement par mon côté « pas belle en détresse » réveillant son instinct de sauveur… Je mis 18 longues années avant d’avoir mon premier baiser et il n’y en eu qu’un, maladroite que j’étais à cet âge avancé, inexpérimentée. Cependant, j’avais décidé que je ne cèderais ma virginité qu’à un garçon qui me respecterait : ça a pris deux années de plus et aucun autre baiser pour rencontrer celui qui serait le Premier. Un jeune homme formidable qui fit les choses dans les règles de l’art pour une première fois, me respectant au-delà du respectable. Je lui suis encore reconnaissante pour cela et, surtout, pour le fait qu’il ne m’en tienne pas rigueur aujourd’hui, car celle qui fut irrespectueuse, c’est moi !
Effectivement, ayant perdu 10 kilos dans l’objectif de monter les chevaux de courses, devenant jockey amateur, je sculptais mon corps sans m’en rendre compte, conservant des habitudes de « p’tite grosse » cachant ses formes, toujours dépourvue de féminité. Un entraineur pour lequel je montais en course et que j’appréciais beaucoup me secoua en me faisant remarquer que j’affrontais des hommes sur un terrain peu fréquenté par les femmes et que je me « déguisais » comme eux ! Giflée par sa réflexion tout à fait justifiée, moi qui boycottais les robes depuis mon enfance, j’invitais ma grand-mère à venir avec moi courir les magasins : je changeais ma garde-robe et découvrais l’art du maquillage, le tout avec un corps soutenant parfaitement l’ensemble. Une séductrice était née découvrant à travers le regard des hommes l’impact que j’avais sur le sexe opposé. Moi, la p’tite grosse inexistante, je déclenchais la concupiscence : donnez du pouvoir à un dominé et il peut devenir le pire des dominateurs. Je devenais la pire des dominatrices séductrices… D’instinct, je compris toutes les ficelles de la séduction nourrissant ce besoin extrême d’attirer l’attention, ce dont j’avais été privée jusqu’à l’âge de 20 ans.
De la tenue vestimentaire (robes, chapeaux, bas à couture et ce qui les tient, sous-vêtements affriolants, talons hauts), aux ongles peints, en passant par le maquillage et la féminité mise en avant et bien soulignée, dans ce monde composé d’hommes à 90 % qu’était le milieu des courses de chevaux, je ne comptais plus mes admirateurs. Paris était assez grand pour élargir mon cheptel et je butinais tout à loisir, ne frappant qu’une seule fois, ne revenant que rarement sur les lieux du crime. Si un homme manifestait l’envie de me voir une deuxième fois, j’étouffais et fuyais provoquant le « je te fuis, tu me suis » inconsciemment et ils me courraient après. Rampant sur la moquette discrètement, attrapant avec les dents string et porte-jarretelles pour m’enfuir en courant au milieu de la nuit, le petit-déjeuner n’était pas compris. J’adorais cette chasse à l’affût, pleine de subtilité, laissant croire au gibier que c’est lui qui m’avait capturée : je n’attisais que celui que j’avais choisi pour proie. Les autres, je ne les « allumais » pas, mais mon déséquilibre affectif les attirait et j’en étais flattée. Pendant ces heures de gloire et toutes ces années, effectivement, je me sentais puissante et je m’amusais, inconsciente de la névrose que je développais : je n’avais aucun égard pour mes proies et la première victime fut bien celui qui m’avait respectueuse déflorée… Je l’avais planté là, sans autre forme de procès, sans me préoccuper de la souffrance que je lui infligeais : ma quête du sexe commençait, je voulais tout savoir de la mécanique des hommes pour mieux les contrôler… Je passais donc du statut de « petit boudin » à celui de « sex-symbol » avec délectation, sans me préoccuper des états d’âme des victimes que je laissais derrière moi. J’étais devenu un magnifique Trou noir affectif*, ce que vous nommez communément PN : une pervers narcissique manipulatrice ou encore une séductrice… Et j’attirais de grands névrosés, à la hauteur de ma propre névrose.
Certes, j’ai enchaîné les conquêtes, les « one-night » ou les « one-shot » n’ayant plus aucun intérêt pour celui que j’avais mis une fois dans mon lit ou encore batifolant régulièrement avec ceux qui, comme moi, n’avaient aucun sentiment, recherchant juste le plaisir. En déséquilibre affectif, remplissant un vide en séduisant, rassurée et nourrie par mon succès auprès de la gent masculine, connaissant sur le bout des ongles les ficelles de la chasse à l’homme, où cela m’a-t-il conduite ? À rencontrer pire que moi et deux fois de suite ! La séductrice fut séduite par aussi abîmé qu’elle et se mit à vouloir sauver et faire le bonheur d’autrui : je me « fracassais » sur deux conjoints successifs, allant de pire en pire, qui se nourrirent de toutes mes attentions, Desperado** que j’étais devenue après plusieurs années de séduction ! C’est pour vous dire que je connais mon sujet et que j’ai payé cher mon déséquilibre affectif, car c’est bien de déséquilibre dont il s’agit : la dépendance affective et émotive. Vous souhaitez remplir votre vide par des conquêtes et même si vous ne prétendez qu’à une seule, séduire mettra dans votre lit une personne qui répondra à votre névrose, mais en aucun cas à votre désir de vivre une relation de couple épanouie. Apprendre à piéger quelqu’un fait de vous un prédateur et non un futur conjoint prêt à être heureux à deux. On vous apprendra à appuyer sur les boutons de la névrose pour obtenir la soumission de votre proie qui ne sera qu’une antilope à la patte cassée, que vous capturerez parce que vous l’aurez trompée sur votre propre marchandise.
Le soi-disant coach en séduction vous enseignera à être le prédateur, le Trou noir affectif, le PN sur lequel vous avez appris à « cracher », tout en vous montrant comment lui ressembler… Quand séduire signifie « faire », donc faire un piège pour trapper parce qu’incapable d’attirer quelqu’un par vous-même, charmer, c’est « être » : être tout simplement ce que vous êtes. Aucune stratégie, aucun stratagème, aucun piège, juste l’authenticité de qui vous êtes et c’est à prendre ou à laisser. Muscler votre confiance en investissant sur vous sera bien plus bénéfique que remplir les poches de coachs qui vous enseignent ce que vous ne réussirez jamais sans développer votre instinct de prédateur, de Trou noir affectif ou de PN. Sachez simplement que l’amour ne se chasse pas, il s’attire. Et pour l’attirer, il faut rayonner le bonheur et non transpirer le besoin compulsif de piéger pour remplir un vide et votre lit. Alors, que choisissez-vous : séduire pour une ou plusieurs nuits en devant un prédateur ou charmer pour la vie en restant ce que vous êtes ?
Epilogue : ça m’aura pris deux relations catastrophiques, puis 11 longues années de célibat et d’abstinence pour comprendre, toute seule, que la séduction n’est pas la solution et que l’amour ne se chasse pas, il s’attire. J’ai maltraité mon tout premier amoureux pour devenir une séductrice et j’ai terminé ma carrière de « prédatrice » dans la souffrance, tombant sur pire que moi. Quand j’ai compris qu’être qui je suis était la seule stratégie pour attirer l’amour plutôt que le chasser, j’ai enfin rencontré l’homme qui accompagne mes pas depuis plus de six ans, aujourd’hui. C’est amusant, car j’avais demandé à l’Univers d’être dépourvue de tout artifice, pas de maquillage, en jean, pas coiffée, le jour où l’homme avec lequel je connaîtrais l’amour me croiserait. C’est ce qu’il s’est produit et c’est ce que je suis qui a attiré son attention et non ce que je fais. Et vice versa !
* Trou noir affectif : qui prend tout – Cf. « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur)
** Desperado : qui donne tout – Cf. « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur)
« Séduire pour une nuit ou charmer pour la vie ? » (Béliveau éditeur)
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