Comment coudre ses boutons

Il ne doit y avoir qu’un bijou qui mérite toute votre attention, Messieurs les esthètes, c’est le bouton, car son histoire est intimement liée à celle de la mode et tout particulièrement du vêtement masculin.

En France, au XIIIème siècle, la corporation des boutonniers, tabletiers et orfèvres produit toute sorte de ces bijoux que les nantis s’arrachent pour exhiber leur richesse. Afin de tempérer les ardeurs des coquets sires, des lois de l’époque vont même jusqu’à limiter le nombre de boutons précieux qu’un noble peut porter sur un vêtement. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le bouton reste un accessoire essentiellement masculin. Dans le vestiaire d’à-côté, les vêtements des femmes sont pourvus de lacets qui s’ajustent plus facilement.

Aujourd’hui, les boutons sont les parents pauvres des marques de prêt-à-porter. Ils sont systématiquement réalisés dans des matières synthétiques et bien souvent mal posés. Les boutons sont relativement médiocres et mal cousus. D’une manière générale, même les plus belles pièces de ces marques, celles réalisées avec des tissus de bonne qualité, ont des boutons sans intérêt.

A travers cet article, je vais vous apprendre à coudre un bouton proprement et durablement. En plus de pouvoir réparer en un instant tous ceux qui auront sauté, vous serez en mesure de personnaliser vos vêtements préférés en choisissant les boutons les mieux adaptés.

Attrapez le nécessaire à coudre dans lequel vous avez investi après avoir lu l’incontournable article sur les ourlets invisibles. Muni d’une aiguille, enfilez un fil doublé pas plus long que votre bras et terminez par un noeud liant les deux extrémités. Le fait de doubler le fil lui confère une plus grande résistance

Piquez sur l’envers, de l’autre côté où le bouton doit être fixé, tirez sur le fil jusqu’à ce que le noeud vienne buter contre le tissu. Rappel : l’endroit d’un tissu est sa partie la plus noble, celle qui est visible, l’envers est a contrario la partie intérieure. Passez l’aiguille dans le premier trou du bouton et faites-la rentrer dans un second trou.

Puis piquez sur l’endroit en essayant de faire ressortir l’aiguille au niveau du noeud qui est de l’autre côté.

Attention à ne pas tirer excessivement sur le fil au risque de plaquer le bouton contre le tissu, ce qui ne laisserait plus la place de boutonner la boutonnière. Laissez un espace égal à l’épaisseur du tissu pour éviter cet écueil. Une technique satisfaisante consiste à placer une allumette entre le tissu et le bouton que l’on retire à la fin du processus.

De la même manière, piquez encore et encore. La technique n’est pas très compliquée. Il s’agit simplement de veiller à passer dans tous les trous du boutons et de toujours conserver le bon espace entre le bouton et le tissu. Au bout d’une dizaine de points – quantité variable selon la matière et le poids – le bouton est suffisamment bien accroché pour avoir une bonne durée de vie. Vous pouvez choisir de faire un signe « x » comme sur l’image ou, si vous aimez prendre des risques et vous mettre en danger, un signe « = »

Il ne reste plus qu’une petite étape à réaliser : passez une dernière fois dans un trou et, plutôt que de repasser une fois encore dans le tissu, enroulez votre fil autour des passages antérieurs en serrant autant que possible pour que cela forme un ensemble compact – voir schéma ci-dessus. Une fois que vous avez fait 4 ou 5 tours autour des fils, piquez sur l’endroit et faites bien ressortir l’aiguille au niveau du noeud initial.

Terminez par un point d’arrêt sur l’envers, conformément aux explications de l’excellent article sur les ourlets invisibles qui mérite une nouvelle fois d’être mentionné. Coupez l’excédent de fil au ras du noeud.

Dans le cas d’un tissu avec doublure, il est possible de ne pas avoir à traverser le tissu intérieur en piquant l’endroit sous le bouton et en ressortant instantanément l’aiguille. L’astuce qui permet d’y arriver facilement consiste à pincer le tissu sous le bouton. Le premier point est piqué sur l’endroit de sorte que le noeud se trouve entre le bouton et le tissu mais la marche à suivre reste la même. Variante pour recoudre un bouton sans transpercer la doublure. sur un remarquable tweed

Si votre style repose déjà sur des pièces fortes sublimées par des basiques solides, passez à l’étape supérieure et upgradez vos vêtements préférés pour leur donner un second souffle.

Imaginez ce qui conviendrait le mieux en terme de rappel de couleur, de matière et lancez-vous ! C’est l’occasion d’acheter des morceaux de corne véritable pour votre duffle coat ou d’accorder le reflet des boutons de votre chemise en coton égyptien à la couleur de votre pantalon en flanelle.

Si vous êtes dans une grande ville, vous pouvez trouver des boutiques qui ne vendent que des boutons (= merceries spécialisées). Le choix y est suffisamment large pour trouver les boutons de vos rêves en nacre italienne ou en os de super héros. Vous pouvez aussi trouver votre bonheur dans des brocantes ou autres dépot-ventes. Sinon, rendez-vous à la mercerie de votre village, vous aurez largement de quoi composer.

Enfin, Vous pouvez toujours commander sur internet ici ou là mais il est dommage de devoir s’acquitter de frais de port qui peuvent devenir importants en comparaison de si petits montants

Maintenant que vous connaissez la vraie valeur des boutons, cupides lecteurs, prenez garde. Veillez à ne pas sombrer dans les excès de la fibulanophilie. Argent, or, nacre, cristal de roche, jais et ivoire sont autant de matières précieuses qui peuvent constituer un véritable trésor pour lequel on pourrait finir par vous agresser sans prévenir.