COLÈRE, AGRESSIVITÉ : LA RAGE AU VOLANT
Avez-vous remarqué comme certaines personnes se transforment avec un volant dans les mains ? Peut-être même est-ce votre cas ou celui de votre conjoint(e)… Que se passe-t-il dans la tête de l’agneau, quand la conduite le rend… enragé ? Je me souviens d’un dessin animé, en noir et blanc (ça ne me rajeunit pas !), réalisé par Walt Disney : on voyait ce gentil Dingo (Goofy en Amérique du Nord) dans sa vie de tous les jours, courtois et serviable à souhait (presque Desperado !), puis il montait dans sa voiture. Là, de sympathique et attachant, il passait à agressif et dominateur, hurlant et insultant les autres conducteurs. Le simple fait de monter dans sa voiture en transforme plus d’un !
Le mot est lâché « Dominateur », car il s’agit bien de domination. Donnez du pouvoir à un dominé et il deviendra le pire des dominateurs. Puisque 98 % de la population est constituée de dominateurs et de dominés et qu’un dominé peut devenir un dominateur, quand il s’attaque à plus faible que lui, imaginez la mêlée sur la route : avec une voiture, certains dominés se sentent puissants, parce que protégés ! Leur armure est la voiture et leur protection la distance et la vitesse entre leurs « adversaires » et eux. Qu’ils croient ! Car parfois, un feu rouge, des embouteillages peuvent l’obliger à s’arrêter et le conducteur qu’il a agressé verbalement ou par un mauvais coup de volant va venir cogner à sa fenêtre. Là, notre enragé se calme instantanément, redevenant agneau, il ferme vite les portières du véhicule à clef, se tasse dans son siège, les gouttes de sueur coulant sur son front et demande pardon !
Mais si l’enragé est un dominateur, égal à lui-même dans sa vie de tous les jours comme au volant, s’il tombe sur un de son clan, c’est la bagarre assurée ou alors l’un des deux plie devant la corpulence de l’autre. Pourquoi ce besoin de klaxonner ? Pour se faire reconnaître ! Ce bon vieux besoin de reconnaissance se manifeste bruyamment quand on vous manque de respect. Les appels de phares sont également un avertissement. Que dis-je, une dispute ! Car klaxon, appels de phare, insultes, queue de poisson et le majeur brandit en l’air sont autant de moyens de vous disputer : vous avez commis un crime de lèse-majesté, vous les avez gênés ! Prenez chaque personne qui s’égare dans ce style d’agression et descendez-la de la voiture : dans la majorité des cas, bizarrement, elle deviendra beaucoup plus polie. Vous lui avez retiré son armure, la voilà « à poil » devant vous, sans moyen de s’échapper, de vous échapper, aucune possibilité de se cloîtrer dans son véhicule.
Me retrouvant malencontreusement au beau milieu d’un carrefour, à Montréal, dans les embouteillages, bloquant ainsi la rue transversale, un homme baisse sa vitre, furieux et m’apostrophe violemment. Je baisse immédiatement la mienne et sort la tête par la fenêtre pour… lui présenter mes excuses très gentiment. Il pensait que j’allais riposter, utilisant tous les noms d’oiseaux du vocabulaire du conducteur aigri ou de la « mal baisée » (pas « baisée » du tout en ce qui me concerne, mais ça ne change pas mon vocabulaire). Le ridicule ne tue pas (Dieu merci !), mais il lui a fait rentrer sa tête dans sa voiture et dans ses épaules, tout piteux. Souvenez-vous : la colère engendre la colère et pour tirer sur une corde, il faut être deux. Souvent, quand une personne est prise à partie par un autre conducteur, c’est qu’elle a fait quelque chose qui a nui : au lieu de présenter ses excuses (ce que je fais dans ce style de situation, quand je suis en tort), elle va contre-attaquer et insulter aussi, augmentant la fureur de l’offensé. La colère monte alors crescendo et finit en bataille rangée. Vous réclamez la clémence des autres automobilistes, vous détestez être agressé, mais vous n’avez aucune indulgence vis-à-vis de ceux qui ont fait un écart de conduite. Personnellement, j’ai la même indulgence envers les autres que celle que je souhaite envers moi.
La pire situation dans laquelle j’ai été le plus insultée, c’est par une autre femme, à Paris cette fois-ci : je suis en moto et passe entre les files de voitures coincées dans les embouteillages, sur les quais de la Seine (c’est permis en France et interdit au Québec : une moto ne se faufile pas entre les voitures mais reste derrière). Je cogne le rétroviseur extérieur droit d’une voiture de luxe et je m’arrête pour vérifier si je l’ai cassé : une furie descend de son véhicule, tailleur Chanel, très chic, assortie à l’automobile luxueuse, mais grossière comme vous ne l’imaginez pas, me traitant de tous les noms ! Elle arrive sur le rétroviseur pour constater… qu’il n’a rien. Je la regarde, remonte la visière de mon casque intégral et je lance calmement : « Votre mari vous a acheté une belle voiture, mais pas le vocabulaire qui va avec ! ». Et je repars sous l’œil goguenard des autres automobilistes qui, n’ayant rien d’autre à faire, n’en ont pas manqué une miette.
Comment vous sentez-vous sur le siège du passager, quand l’autre est agressif au volant ? Mal, très mal ! Quelqu’un avait insulté Jim (le deuxième conjoint) et avant que j’aie eu le temps de réaliser, il sortait de la voiture, l’autre aussi, et lui décochait un crochet du droit. J’étais évidemment très mal à l’aise, ma fille dans la voiture, ne sachant plus que faire, sinon essayer de le calmer. Dominateur, il ne supportait pas plus d’être contrarié par un autre automobiliste que par sa conjointe et il n’y avait pas que les chauffards qu’il frappait. L’agressivité, comme chez beaucoup de personnes, faisait partie de sa vie et sa colère se déclenchait pour n’importe quelle raison, surtout s’il est contrarié : les prétextes sont nombreux au volant. Si c’est votre cas, il s’agit juste de travailler cette colère qui pointe le bout de son nez, jusqu’à vous faire dresser les poings. Je sais que c’est plus fort que vous, mais vous devez savoir que vous pouvez la gérer et la régler. Celui ou celle qui occupe le siège du passager a souvent honte des réactions que vous avez et craint qu’un jour vous tombiez sur plus fort que vous et vous fassiez étaler. Avant d’en arriver là, allez consulter. Certains deviennent dangereux une voiture entre les mains, car ils l’utilisent pour se venger d’une erreur de conduite et vous finissez dans le fossé.
Combien de disputes, de « chicanes de couple » ont lieu dans la voiture ? Soit vous avez une conduite dangereuse et l’autre serre les fesses tout le long du trajet, car il n’a pas confiance en vous du tout (on ne peut pas l’en blâmer !), soit l’autre conduit depuis le siège du passager, vous disant quoi faire, critiquant votre façon de vous comporter. Un conseil : arrêtez le véhicule et demandez-lui de débarquer ! Ma mère était ainsi et, pire, criait « Attention !», pour un oui ou un non, me faisant sursauter. Il faut alors faire comme le druide dans Astérix : bandez-lui les yeux et la bouche, ainsi vous pourrez conduire en toute sérénité ! Mais surtout, si vous n’avez pas confiance en le conducteur, je vous conseille de ne pas monter dans sa voiture. C’est bien difficile quand c’est votre conjoint(e), mais c’est un voyant lumineux rouge qui clignote sur votre propre tableau de bord : l’autre (se) conduit mal et devient agressif au volant, voire dangereux, c’est qu’il a un problème de colère qui n’est pas géré et, qu’un jour, il risque de se retourner contre vous. Si vous êtes bien dans votre peau, vous prenez les choses avec philosophie : que quelqu’un vous klaxonne parce que vous ne démarrez pas assez vite au feu vert, vous lui répondez d’un signe de la main, comme s’il venait de vous dire bonjour. S’il brandit stupidement son majeur par la fenêtre, éclatez de rire et quand vous avez l’occasion de laisser passer quelqu’un faites-le, soyez courtois(e), souriez au volant, même si les autres ressemblent à des carpes dans leur aquarium privé. Quand vous êtes confiant, l’agressivité des autres ne vient pas vous chercher ou très peu. Mais quand vous êtes à cran, tout prend des proportions insensées !
Dans une chronique précédente, je vous expliquais qu’un premier rendez-vous au restaurant est révélateur : vous observez comment la personne se comporte vis-à-vis des serveurs. C’est encore plus révélateur au volant : montez en voiture avec votre nouvelle conquête et vous aurez une multitude d’informations. Conduit-elle vite, de façon saccadée, est-elle trop proche du pare choc des autres ou à distance raisonnable, hurle-t-elle des insultes, des grossièretés qui vous font rougir ou est-elle décontractée et courtoise ? Chasse le naturel, il revient au volant ! En ce qui me concerne, ceux qui conduisent de façon saccadée (accélération, freinage, accélération, dépassement brutal) me voient devenir verte et l’étape suivante… je vomis ! Je déteste être secouée ! Je déteste donc secouer et ma conduite serait la même si j’avais une caisse de nitroglycérine dans la voiture. En revanche, je vais me fâcher quand quelqu’un met ma vie en danger : conduite dangereuse, dépassement risqué ou quand quelqu’un ayant mal estimé votre vitesse vous passe sous le nez, vous obligeant à freiner d’urgence. Là, ça ne me fait plus rire du tout. D’autant que j’ai ma fille, Cassandre, dans la voiture ou d’autres passagers dont je suis automatiquement responsable. Il y a une différence entre celui qui ne vous laisse pas passer, celui qui ne vous a pas vu et change de file ou autre et celui qui risque de provoquer un accident parce qu’il conduit dangereusement volontairement.
Ayant ma publicité sur mon 4×4, mon nom et numéro de téléphone, je suis identifiée et identifiable : si je commets une erreur de conduite, on sait qui c’est ! Mais je me conduis bien. La rage au volant est révélatrice des comportements : dominateur ou dominé, vous vous métamorphosez en chevalier noir (et non blanc !), à l’affût du moindre prétexte pour exploser, menacer, insulter, empêcher de passer. La colère étant souvent reliée à la tristesse, écrasé dans votre enfance, vous n’êtes plus en mesure de vous contrôler. Allez consulter, ça se répare ! Si vous êtes heureux et bien dans votre vie, vous êtes courtois au volant et, en dehors des imbéciles dangereux qui risquent de provoquer un accident, vous restez calme avec ceux qui commettent des erreurs de conduite, comme vous en commettez parfois vous-même.
Restons polis et courtois, les uns vis-à-vis des autres et… SOURIEZ , à la ville comme au volant !
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