J’ai enfin dormi un peu, mais il faut que j’aille voir le médecin, je me sens pas bien, mais pas bien du tout. Ma tête est rempli de problèmes, j’ai des rebondissements au niveau du cœur, j’ai peur, peur que mon cœur craque, qu’il ne batte plus. Mais j’ai dormi.
Alors, ces fameux Dimanche, le samedi soir je pouvais m’endormir à penser quelle robe nouvelle j’allais mettre, je me voyais déjà jolie.
Vous rigolez, les belles robes dans mes rêves ! Ma mère s’empressait de les ranger, non, avant elle faisait des essayes sur ma sœur Nadia. Ce qui était trop grand elle les pliait et les mettais dans une valise ou un carton, quand c’était plein elle les envoyait au bled, pour sa famille. A sa famille. Comme je les déteste. Le jour où ils ont commencé à venir en France, soit maudit ce jour. Je ne sais plus, mais j’y reviendrais.
Il arrivait que ma grand sœur Saliha vienne nous rendre visite, je ne me souviens plus très bien. Mais je sais que chaque fois qu’elle venait je la trouvais belle, épanouie, heureuse, son visage était radieux, comme j’étais jalouse à ce moment-là. Chaque fois qu’elle repartait je pleurais, je croyais qu’elle allait m’emmener avec elle, pour que moi aussi je sois heureuse.
Je saute des étapes de ma vie, mais tout s’embrouille, je voudrais tout écrire, d’un coup de baguette. Plus tard je reviendrais insérer ou modifier, mais je continue.
J’étais belle moi aussi avec mes cheveux noirs, mes grands yeux noisettes, je penche la tête sur le bahut j’y ai mis un cadre avec quelques photos de mon enfance, mes Frères et mes Sœurs Vous me manquez.
Mon plaisir à moi, mes cheveux longs, j’aimais les brosser, je les coiffais toujours, c’était à moi. Sauf qu’un jour je ne sais plus pourquoi, en rentrant de je ne sais où. Je me revois dans la cave à pleurer comme jamais, sur un tabouret, ma mère avait une paire de ciseaux, de rage elle m’avait coupé mes beaux cheveux, je pleurais, c’était moche, je ressemblais à rien, je me souviens être parti en courant et mon papa était assis, il fumait sa cigarette une gitane, je me souviens et il écoutait le poste le tiercé, c’était sa passion, le pauvre. Il m’a vu, et il s’est mis à hurler, à se prendre le visage dans la main, là j’ai compris mon papa que tu m’aimais bien, tu avais de la peine pour moi. Tu m’as fait un reproche et je me souviens t’avoir menti, je t’ai dit que j’avais demandé à ma mère de me les couper, mais pourquoi je t’avais menti, je ne voulais pas que tu frappes ma mère, pour moi, elle se serait vengée après ton départ.
J’ai oublié de vous dire, une fois que mon Papa est sorti de prison, il est parti vivre à Chilly-mazarin. Il n’habitait plus dans notre maison, mais il venait toujours les week-ends. Je me rappelle le bon poulet, les frites et le quart d’orange sans oublier la limonade. Avant de partir, à chaque fois je le voyais mettre de l’argent sur la table. Il nous a toujours aimés. Sitôt parti, ma mère prenait l’argent, et le lendemain, on allait à la poste, je sais puisque c’est moi qui remplissait les mandats, elle envoyait notre argent à sa famille, je les détestais « ce mot je sais je vais souvent l’employer mais je ne sais pas par quoi je pourrais le remplacer »
J’avais quel âge. Alors voyons voir, un jour en prenant mon bain, ma mère me criait dessus, elle me faisait honte, je pleurais, elle me faisait mal, elle me criait dessus en me faisant des reproches, j’avais osée me mettre nue devant elle alors que je commençais à avoir des petits seins, je me souviens je me cachais avec les mains, mes jambes pliées, j’avais honte, honte de ce corps, à cause de toi je me fais taper, humiliée. Ma pauvre, c’était la dernière fois que ma mère me vit nue, plus jamais elle ne me lavait, mais par contre le piment elle continuait à me le mettre, c’était dégueulasse, comment une mère peut-elle faire cela à son enfant. Un jour je me souviens, elle avait tellement écrasé le piment sur mon sexe et la bouche, je ne vous l’avais pas dit elle m’en mettait aussi sur la bouche elle l’écrasait avec une rage sur mes dents comme ci qu’elle me brossait les dents, des larmes et des grimaces je fais en tapant cette phrase, mais je vous jure que c’était vrai, imaginez la honte que je pouvais ressentir. Oui, ce jour, j’avais fait semblant que je ne voyais plus, parce que bien sur elle me frottait les yeux à la fin, j’ai criée et fait semblant. Elle a paniquée, elle criait tellement fort que mes frères sont arrivés en courant, ils m’ont vu la culotte baissée, à ce moment je n’étais plus rien, vide, mes frères m’ont vu nu. Quelle image horrible.
Mais bon, elle s’est dépêchée de me laver de me monter dans une des chambres et a appeler le docteur, docteur Toblem je me souviens de vous docteur.
Mais avant qu’il n’arrive, bien sûr elle m’avait dit de ne rien dire, sinon gare à moi, la police viendrait me prendre et je ne pourrais plus voir mes frères et ma sœur. Je les aimais tellement, je ne pouvais pas partir et les laisser c’était mes enfants c’est drôle, non, je me suis donner le rôle de maman, toute seule à onze ans, car j’ai une fille de onze ans et je vois bien qu’elle commence à être pubère
Je m’identifie à elle, j’aurais voulu être ma fille, car je suis une maman aimante, j’aime mes enfants, ils sont tout pour moi, surtout ma dernière. Je ne sais pas, j’ai l’impression que je revis certaines images à travers elle. Je l’envie de recevoir mon amour c’est une sensation bizarre, j’en ai peur.
Zut, le docteur n’a rien compris, il n’a rien vu même si je faisais semblant de ne pas voir sa lampe, je voulais qu’il me fasse quitter la maison, qu’on me fasse hospitalisée. Zut, il a seulement dit à ma mère qu’il fallait que je me repose, et que demain je serais mieux, bon, c’est pas grave, mais au moins je vais dormir dans un vrai lit, et bien manger. Hum.
J’avais oublié de vous dire, à part les dimanches je ne mangeais pas à table avec les autres, je finissais les restes, comme un chien, il m’arrivait de lécher les assiettes, je jure que je ne raconte pas de mensonge. Ou alors, avant que ma mère ne dise à table, je prenais du pain et je le trempais dans la sauce, hum, c’était bon, pourvu que mes frères et sœur ne mangent pas tout, à chaque repas je priais pour qu’ils ne finissent pas qu’ils m’en laissent, mais gourmand, ils ne laissaient pas grand-chose.
Une fois fini, chacun allait se laver les mains, et les dents (je sais plus) avec du sel et du citron, le dentifrice c’était cher pour sept, il aurait fallu sept brosses à dents, et deux tubes de dentifrice. Pourquoi je dis sept, je compte sur mes doigts, non six Saliha n’était pas là.
Et, voilà tout le monde remonte à l’étage, s’assieds par terre et regarde la télé, pendant que moi je faisais la vaisselle, je balayais et passais la serpillère, j’étais déjà maniaque à ce moment-là , toute ma vie je l’ai été, la moindre poussière je ne supporte pas. Et, j’allais me coucher, en attendant qu’à l’aube ma mère me réveille.
9 heures, je voudrais continuer, je suis trop contente de pouvoir écrire, je ne sais pas si un jour j’arriverais à faire la paix avec moi-même, mais je dois écrire, j’ai besoin de dire à la vie, au monde entier que je suis une femme malheureuse, c’est bientôt l’anniversaire de ma chère sœur Saliha. Je voudrais lui envoyer ces écris pour qu’elle me comprenne, qu’elle me pardonne de ne pas la voir, elle n’habite pas loin de chez moi, mais je suis tellement malheureuse d’avoir vécu cette vie, et je n’ai pas fini le plus grave arrive, mais je voudrais lui dire que je l’aime et je lui présente mes excuses d’avoir eu ma mère comme mère. Elle n’avait pas le droit de lui faire vivre tout ce que j’ai vécu, moi oui, parce qu’elle m’a mise au monde mais pas ma grande Sœur ce n’était pas sa fille.
A demain ou à plus tard, j’ai hâte de finir d’écrire, je veux envoyer des fleurs à ma Sœur et une copie pour ces 61 ans, le 15 aout prochain. Elle me manque.
Merci mes amis Hannah