« J’ai surpris mon conjoint sur un site porno et il m’a répondu : Tous les hommes font ça ! Est-ce normal ? » me demande une femme dont le message vient s’ajouter à de nombreux autres. Et de ce que je comprends, les magazines et autres médias diffusent l’idée que l’homme « est fait comme ça ». Je connaissais la fausse croyance expliquant que TOUS les hommes sont adultères (surtout les Français : c’est ce que pensent les Québécois qui sont abreuvés de films venant de France où l’homme trompe sa femme !) et maintenant, faut-il croire qu’ils consomment TOUS de la pornographie et que c’est entré dans les mœurs et dans la normalité ?
Peut-être pensez-vous que si les femmes qui m’écrivent ne sont pas actives sexuellement, c’est normal que monsieur tire sur son « antenne télescopique » en regardant de la pornographie pour compenser. Certaines épouses insatisfaites utilisent aussi des jouets et/ou de la porno féminine : chacun trouvera du confort dans l’inconfort de son couple, à sa façon. Cependant, ces femmes qui m’écrivent expriment qu’elles vivent une sexualité épanouissante, mais l’utilisation des vidéos spécialisées reste présente ce qui les contrarie grandement : elles ont la sensation de ne pas suffire, de ne pas satisfaire leur homme. Et, vous en conviendrez, on peut se poser la question… D’autant que, souvent, la chose se produit dans leur dos et le gars se fait pincer comme un ado. Ce qui signifie bien que monsieur ne trouve pas cela si normal que ça, sinon, il ne se cacherait pas… Certes, de nombreuses conjointes se sentent en compétition avec les danseuses (danseuses topless dans les bars) et les actrices pornos quant à la plastique pour les premières et les performances sexuelles pour les deuxièmes. Performances largement « dramatisées », car je doute que toutes jouissent aussi puissamment à s’en faire « péter les cordes vocales » dans la réalité. Ne vous laissez pas impressionner, madame ! Comme on dit au Québec : « Elles beurrent épais » (elles en rajoutent). J’associe ces scènes aux combats de catch où tout n’est que spectacle et simulation.
Cela dit, c’est un réflexe naturel que se demander pourquoi votre conjoint s’adonne aux plaisirs solitaires, le nez collé à l’écran de l’ordinateur et en catimini, alors que vous l’attendez dans votre lit. Peut-être parce que c’est un gros fainéant qui préfère mettre un plat congelé dans le micro-onde plutôt que couper les légumes, préparer le poulet (la poulette ?), confectionner une sauce goûteuse pour accompagner et s’asseoir avec vous pour déguster ce succulent repas concocté avec amour et habileté. La porno offre un orgasme rapide, sans faire d’effort, et ça détend monsieur. Les jouets de madame aussi, si monsieur va droit au but, zappant les préliminaires, vous laissant sur votre « faim ». Bien sûr, quitte à faire appel à ces raccourcis, pourquoi ne pas en profiter à deux ? Peut-être, monsieur, parce que le mouvement du poignet est moins épuisant que le mouvement des reins et que point n’est besoin d’être attentif à la dame.
L’être humain est un animal de plaisir, mais s’il tombe dedans, il se retrouve dans le besoin : besoin = dépendance = soumission. Les vidéos spécialisées activent le circuit de la récompense se situant dans le cerveau et la récompense, vous en conviendrez, arrive assez vite stimulée par des images différentes de ce que vous pratiquez en couple. Car, j’imagine qu’aucun conjoint n’irait juste regarder un homme et une femme dans la position du missionnaire : il veut de l’exotisme ! Et que faire si madame refuse de sortir des sentiers battus n’ouvrant pas la porte aux fantasmes de monsieur ? Bien sûr, dans ce domaine, il y a une multitude de déclinaisons : certains sont réalisables quand d’autres piétinent le respect de soi et de l’autre. Je conseille à chacun de rester dans ses valeurs et de refuser l’inacceptable. Et le drame, c’est que ce style de consommation vous pousse de plus en plus loin pour conserver la jouissance rapide et il faut donc de la nouveauté sans cesse renouvelée. L’orgasme fast-food est à ce point une course contre la montre que vous raccourcissez le temps de plaisir pour passer le poteau d’arrivée le plus rapidement possible : vous voilà les doigts tout collants sans avoir eu le temps d’en profiter vraiment…
Sans tomber dedans, un célibataire pourra profiter de quelques images stimulantes de temps en temps pour calmer sa libido. Un homme dont la femme n’est plus accessible sur ce plan-là ou de façon insatisfaisante prendra également ce raccourci et probablement avec l’assentiment de sa femme : avouez, madame, que si le sexe n’est plus votre tasse de thé, vous n’avez pas le droit d’empêcher monsieur de se contenter, ce qui peut également faire votre affaire. Mais la question se pose quand le sexe est actif et épanouissant pour les deux et que monsieur s’évade parfois avec ce moyen-là. Qu’en penser ? Certaines femmes vous diront qu’elles ont l’impression d’être « trompées » d’autant qu’elles se donnent à fond dans ce domaine plaisant. Excluons l’homme qui se sert de l’orgasme comme anxiolytique et qui tombe dedans, incapable de s’arrêter et allant toujours de plus en plus loin dans les images parce que l’anxiété gagne du terrain. Si ce n’est pas un besoin, mais un plaisir solitaire auquel vous aimez avoir accès de temps en temps, parlez-en avec votre conjointe et peut-être laissez-la vous regarder, ça peut être très érotique. L’argument de madame est souvent que la porno, c’est dégoûtant. Ok, alors comment monsieur doit-il faire ? Si vous n’avez pas faim, il doit également ne pas manger ? Et si monsieur vous rétorque qu’il ne voit pas pourquoi il arrêterait, sur un ton agressif, alors, madame, soit vous l’acceptez ainsi et vous êtes à l’aise, soit vous le laissez à sa pornographie et vous faites vos valises.
C’est à chacun d’évaluer la situation et à deux de trouver une solution… ou pas ! Car, derrière tout ça, il devrait y avoir de l’amour, non ? Et quand on aime, on communique pour trouver une solution gagnant/gagnant en vous mettant dans les chaussures de votre partenaire pour comprendre le point de vue qu’il/elle défend. Devons-nous finalement penser que c’est « normal » que monsieur utilise la pornographie dans un couple épanoui sexuellement et croire que TOUS les hommes se livrent à ce style de pratique ? Pas tous. Et pas question de filer des complexes à ceux qui préfèrent le sexe « en vrai » et en 3 D, faisant l’amour avec leur femme, plutôt que tout seul devant un petit écran. C’est toute la différence entre les fins gourmets dans un restaurant étoilé et les consommateurs de restauration rapide. Chacun choisira comment nourrir sa libido…