Qu’est-ce que cela veut dire concrètement la « croissance verte » et la transition énergétique? Alors que l’Assemblée Nationale et le Sénat débattent en ce moment sur les objectifs que la France devrait se fixer concernant les émissions de CO2 ou la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique, il n’est pas inutile de s’intéresser aux applications réelles de cette fameuse transition énergétique. Et c’est en Outre-mer que l’on peut trouver un bon exemple.
En Martinique, l’installation chez soi d’un chauffe-eau solaire est rationnelle d’un point de vue économique : Nordine Khayi, chef d’agence de la maîtrise de l’énergie à EDF, constate que « sur dix ans, un chauffe-eau électrique revient cinq fois plus cher ». Pourtant, l’investissement initial que requièrent l’achat et la pose d’un chauffe-eau solaire incite un grand nombre de ménages à l’achat d’un chauffe-eau électrique. Or la durée de vie d’un chauffe-eau électrique est d’environ 7 ans, contre 20 ans pour un chauffe-eau solaire, et la consommation d’un chauffe-eau électrique induit des surcoûts estimés à 150€ par an. Enfin, à ces coûts strictement économiques doivent être ajoutés les coûts pour l’environnement : l’utilisation d’un chauffe-eau électrique a pour conséquence le rejet d’une tonne de CO2 par an dans l’atmosphère.
Comme l’achat de chauffe-eau solaire relève à la fois de l’intérêt particulier et de l’intérêt général, il semble cohérent que les politiques publiques interviennent. Outre le crédit d’impôt « transition énergétique » de 30% sur l’achat et la pose d’un chauffe-eau solaire, la région Martinique a ainsi signé avec EDF une convention de partenariat pour inciter à l’installation de chauffe-eaux solaires : en plus de la subvention de la région de 350€, s’ajoute désormais une prime dite « Agir plus » d’EDF, pouvant atteindre 450€.
Cette initiative est enfin une opportunité pour la Martinique en termes de création d’emplois : une trentaine d’entreprises sont actuellement agréées « Agir Plus » par EDF pour installer les chauffe-eaux solaires, mais grâce aux aides financières mises en place, la filière devrait se développer rapidement. L’Agence martiniquaise de l’énergie estime en effet que le nombre d’installations pourraient s’élever dès cette année à 4000, pour 1300 seulement en 2014.