Crime passionnel : il vaut mieux prévenir que mourir

Crime passionnel : il vaut mieux prévenir que mourir

A Québec, un homme de 50 ans vient de tuer son ex-conjoint de 30 ans, lui infligeant plusieurs coups de couteau et vous appelez ça « crime passionnel » ?! La passion n’a rien à voir là-dedans : c’est un geste désespéré. C’est la souffrance de toute une vie, le manque d’affection dans l’enfance, les faux-amis qui se moquent de vous, tous ceux qui vous ont fait du mal et les conjointes précédentes qui vous ont rejeté qui se cristallisent dans une seule personne qui vous rejette aussi : elle paie, dans un moment de folie passagère, pour tous les autres. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Enfant, vous êtes incapable de vous rebeller contre votre mère, pourtant, vous avez parfois souhaité sa mort, tellement elle vous faisait souffrir. Adulte, vous avez la puissance physique de vous révolter, quand celle ou celui qui vous a apporté l’affection dont votre mère a été incapable, vous signifie qu’il ne vous en donnera plus et vous ferme définitivement la porte. C’est la deuxième, troisième ou quatrième mère qui vous abandonne.

Toute la haine accumulée, les humiliations du passé, les blessures d’enfance qui ne se sont jamais refermées vont rejaillir en une fraction de seconde parce que la rupture vous a jeté, une fois de plus, dans un vide qui vous terrifie. Souvent sous l’effet de l’alcool ou de la drogue, preuve que vous avez un grand vide à l’intérieur, la violence va décupler et pousser celui qui n’y avait jamais pensé à tuer. En dehors des tueurs en série, personne ne peut tuer froidement. D’ailleurs, je vous rappelle que le tuer en série veut tuer sa mère au travers des conquêtes qu’il attire dans ses filets et qu’il supprime. A-t-on jamais vu un enfant tuer sa mère ? En revanche, adulte, vous êtes capable de passer à l’acte sous le coup d’une immense souffrance qui vous submerge violemment.

J’en sais quelque chose puisque j’ai failli tuer mon mari à coups de couteau : au moment où je me suis vue le faire (Dieu merci, je ne l’ai pas fait !), je voyais défiler toutes les personnes qui m’avaient fait souffrir : son ex qui m’avait harcelée pendant 9 ans, sa maîtresse qui me harcelait depuis mon 6è mois de grossesse et de mariage (ma fille était née depuis deux mois) et lui qui ne voulait pas quitter ma maison. En plus de ma mère qui ne m’avait toujours écrasée. Il allait payer pour toutes ces personnes. Je savais que ma colère grandissait, je sentais la violence monter chaque jour, mais je n’avais jamais pensé en arriver là. Pourtant, nous nous étions déjà battus, mais les coups échangés ne m’avaient jamais poussée jusqu’à cette envie de tuer.

Pouvez-vous imaginer ma terreur quand j’ai réalisé que je tenais mon mari plaqué sur la gazinière de la cuisine, parce qu’il avait dit un mot de trop, dont je ne me souviens même plus, et que j’étais en train de fixer le grand couteau à viande, me voyant lui porter plusieurs coups, chaque coup m’apportant un bien-être grandissant : toute ma souffrance semblait s’estomper à chaque coup porté. C’était tentant ! Ce qui m’a sortie de ma transe ? Il a dit « Vas-y, fais-le ! ». Je l’ai repoussé, horrifiée de ce que j’avais cru faire, qui m’avait donné la sensation que je pouvais effacer toutes mes souffrances dans ce geste. Quand j’ai vécu la même chose avec Jim, le deuxième conjoint, j’ai compris que c’est la rage accumulée qui me mettait dans cet état. J’ai eu le réflexe de courir travailler la colère et la tristesse en shiatsu (manuponcture) car je savais que quand je recroiserai Jim (nous étions séparés mais il me harcelait), un des deux allait mourir. Pourquoi ? Parce que j’avais accumulé tellement de rage dans mon enfance, puis dans ma relation avec mon mari, que je savais qu’il allait payer pour tous les autres : j’allais frapper jusqu’à ce qu’il m’assomme ou me tue ou jusqu’à ce qu’il meurt.

Quand ce dernier affrontement a eu lieu, qu’il est venu chez moi, nous avons commencé à nous battre et je suis tombée en arrière, la lèvre fendue par le coup de poing qu’il venait de m’asséner. Au lieu de me relever, folle de rage, et de me transformer en « moissonneuse-batteuse » (dans ces moments-là, je ne sens plus les coups, à cause de l’adrénaline, j’imagine) pour le frapper jusqu’au bout de mes forces, ma colère est tombée instantanément et j’ai pris calmement le téléphone pour appeler la police. Ne vous rendez pas jusque-là ! Quand une personne démontre un déséquilibre affectif, sauvez-vous, car vous ne pouvez pas la sauver. Vous êtes incapable de sonder les blessures qu’elle porte pour savoir à quel point elle souffre et ce dont elle est capable si vous la quittez. Et ce ne sont pas ceux qui démontrent le plus de violence qui sont les plus dangereux ! Il vaut mieux prévenir que… mourir !

Vous avez tous les outils maintenant pour détecter un adepte de Tarzan (lire « Le syndrome de Tarzan » (Béliveau éditeur)), en lui posant les 5 questions qui sont sur mon site. S’il démontre une compulsion à la drogue et l’alcool, il y a de plus grands risques de violence, de crime passionnel. Les autres compulsions sont moins dangereuses (sexe, médication, bouffe, travail, TOC (tiques obsessionnels compulsifs)) mais sont le symptôme d’un grand vide affectif. Ceux-là seront peut-être plus enclins à se suicider. Mais je ne vous le répèterai jamais assez : une personne heureuse + une personne heureuse = deux personnes heureuses.
Une personne heureuse + une personne malheureuse = deux personnes malheureuses !

Vous ne pouvez sauver personne et vous n’êtes pas responsable d’un conjoint. S’il souffre, il va empoisonner votre vie, vous détruire et vous entraîner par le fond avec lui. Et si vous avez besoin de sauver quelqu’un, c’est que vous avez développé ce bon vieux syndrome du sauveur, Desperado en quête d’un Trou noir affectif. Attention : il y en a plein les rues ! Et si vous préfériez une personne équilibrée, juste pour changer, pour voir comment ça fait ?! Il faudra peut-être d’abord travailler sur le vôtre, d’équilibre. Retrouver le respect de vous-même, votre confiance et votre estime au travers d’un coaching, en très peu de temps, est à votre portée. Cette femme de 30 ans n’aurait peut-être jamais imaginé que cet homme de 50 ans pouvait la tuer. Personne, dans mon entourage, n’aurait imaginé que je pouvais tuer. Moi non plus.

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Pascale Piquet

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