LE PASSÉ DE COUGUAR DE PASCALE PIQUET (Anecdote 3/8)

« Duel entre deux Trous noirs affectifs, lequel gagnera ? »

Alors, il recule lentement vers la porte, attendant de moi la phrase magique annonçant ma reddition. Est-ce que ma « petite friandise » va m’échapper ? Mon cadeau d’anniversaire (c’est ainsi que je le voyais) va-t-il me passer sous le nez ?

Je le fixe et ne bouge pas un cil. Il arrive à la poignée, s’immobilise attendant une réaction. Puis la tourne, persuadé que je vais paniquer. Je veux voir jusqu’où il va aller ce petit dominateur en herbe : ma curiosité et mon amusement sont bien plus forts que le désir qu’il a provoqué chez moi. Il ouvre la porte, toujours en me fixant. Je ne bronche pas, plus têtue et expérimentée que lui : finalement, j’aime son jeu. Ce qu’il ne sait pas, c’est que quoi qu’il arrive, je suis gagnante : je suis tellement claquée que j’en tombe de sommeil, alors s’il s’en va, je dors et s’il reste, youpla boom ! Il franchit lentement le seuil de la chambre, à reculons, comme on se retire de la cage d’un fauve… Ses yeux lancent un dernier appel, comme pour me donner une dernière chance (en fait, je ne sais pas si c’est à lui ou à moi qu’il donne une dernière chance !). Il reste là, dans l’encadrement de la porte, un sourire carnassier aux lèvres, persuadé que je vais céder. Qu’il est beau, avec son air frondeur, son insolence et son corps qu’il sait mettre en valeur ! Je suis connue pour apprécier les petits jeunes, comment pourrais-je lui résister, doit-il penser, sûr de lui. Et comme je ne dis pas un mot, ne fais pas un geste, observant la scène, amusée, le voilà obligé de passer la porte et de la refermer. Son orgueil l’a emporté ! Avant de me retourner pour dormir, je lance, en riant « quel crétin ! » et je m’endors. Je ne sais pas s’il est resté à attendre derrière la porte, s’il est revenu dans la chambre alors que je dormais à poings fermés, s’il a encore espéré que je le rappelle en descendant les escaliers menant au salon, s’il y croyait encore, quand il a ouvert le portillon, pour sortir dans la rue.

Je l’ai revu quelque temps plus tard, en boîte de nuit, et il m’a suppliée de reprendre où nous en étions restés : je lui ai répondu que ça ne m’intéressait plus et qu’à ce jeu-là, c’est lui qui y avait perdu, car des petits jeunes comme lui, j’en avais autant que je voulais, mais lui, pour qu’une autre occasion avec une femme de mon âge se représente, ça risquait d’être un peu plus long… Malheureusement pour lui, j’avais plus d’expérience en matière de domination (j’étais Trou noir affectif) et ça me réjouissait de savoir qu’il pensera toujours à moi, parce qu’il ne m’a pas eue.

Souvenez-vous, j’étais névrosée : au jeu du « je te suis, tu me fuis, je te fuis, tu me suis », c’est toujours moi qui gagnais ! Et ne jouez pas avec un Trou noir affectif, car lui, il ne joue pas, il est ce qu’il est…

« Il venait d’avoir 18 ans, il était beau comme un enfant, fort comme un homme… » (Dalida) : http://www.youtube.com/watch?v=yU47maTdP78

A mercredi prochain, le 31 juillet 2013, pour une autre anecdote !

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