Les dernières études de consommation montrent une explosion de la téléphonie mobile en Afrique, que des observateurs comme Jean-Yves Ollivier expliquent par la volonté des Africains de se développer économiquement et de se décloisonner géographiquement.
Le marché de la téléphonie mobile connaît une croissance constante de 44% par an depuis l’an 2000. Ce continent est le deuxième marché continental pour la téléphonie mobile, juste après l’Asie-Pacifique.
Le responsable des affaires réglementaires de GSMA, l’association d’opérateurs internationaux de téléphonie mobile, Tom Phillips, explique ainsi que « le portable a déjà révolutionné la société africaine, et pourtant la demande ne cesse de croître, de près de 50% par an ».
D’ailleurs, d’après un communiqué publié par GSMA, « le nombre de connexions mobiles a bondi à 475 millions, contre seulement 12,3 millions de lignes fixes ».
L’organisme considère que son secteur apporte directement 32 milliards de dollars à l’économie de l’Afrique sub-saharienne, ce qui représente 4,4% de son PIB actuel. La téléphonie mobile emploierait également 3,5 millions de personnes dans cette région du globe.
Pour l’homme d’affaire Jean-Yves Ollivier, ce constat confirme la volonté des peuples africains de se développer économiquement par leurs propres moyens. Il estime que l’aide au développement des occidentaux ferait mieux de se concentrer sur les infrastructures (énergie, routes, industrie…) plutôt que sur l’habituel (et stérile ?) assistanat de la santé et de l’éducation.
« Qu’est-ce que cela veut dire ? », interroge ainsi Jean-Yves Ollivier au sujet de cette explosion du mobile africain avant de donner sa version de la situation :
« Que des populations parmi les plus pauvres du monde se sont appropriées en un temps record une avancée technologique majeure. Qu’elles considèrent la capacité à communiquer comme une priorité. En Afrique, le portable a supplanté des urgences qu’on croirait plus vitales que le besoin de téléphoner. Autant dire que les priorités des nécessiteux ne sont pas si évidentes. Il faut faire un effort pour comprendre que, pour eux, le rendement d’un dollar investi dans la communication est supérieur à celui d’un dollar investi dans la santé ou dans l’éducation » , explique-t-il.
Jean-Yves Ollivier estime ainsi que les Occidentaux devraient investir dans ces secteurs économiques plus importants que les aides actuelles, aux yeux des populations elles-mêmes :
« Ne serait-il pas temps de reconnaître que les gens se trompent rarement sur leurs besoins les plus élémentaires? Je sais bien qu’il est mal vu de se moquer de la charité, qui commence souvent par l’hôpital et l’école. Mais en dépensant leur propre argent, qui est pour le moins compté, les plus démunis nous révèlent d’autres priorités. Pour eux, l’énergie et les voies de communication -la route, le chemin de fer, les bateaux, l’avion, le téléphone et, de plus en plus, internet- sont leurs atouts les plus précieux. »