Nous y voilà ! Le cataclysme chronologique semestriel a encore frappé ce 25 octobre 2009.
Eh oui. Nous n’y échapperons pas de sitôt. Comme chaque année à deux reprises, on nous impose cette farce quasi planétaire appelée « passage à l’heure d’été » ou « -d’hiver », selon la saison. Pourquoi une farce ? Parce que l’invraisemblable montagne de désagréments bien réels n’a d’égal que l’absence totale de démonstration d’un quelconque avantage. Chaque année, on nous assomme d’études scientifiques tout aussi sérieuses que contradictoires et à la base de commentaires nébuleux et embarrassés. Logique, comment expliquer intelligiblement au bon peuple que depuis tant d’années on le manipule comme une marionnette remontant inlassablement ses horloges pour une raison qui ne serait finalement pas si bonne que cela.
Car, il est bon de s’en souvenir, ces adaptations des horaires conventionnels du monde vivant ont vu le jour (mais à quelle heure ?) lors de la crise du pétrole. Cette technique avait principalement pour but de produire des économies d’énergie en adaptant les heures d’ouvertures des entreprises et administrations aux plages horaires d’ensoleillement. Théoriquement, leurs locaux auraient dû s’abstenir de consommer éclairage et chauffage en période diurne. Mais de l’aveu même des autorités, le résultat escompté n’a jamais été atteint.
De deux choses l’une :
Soit le système ne produit aucune économie réelle, et il serait bon de se rattraper en économisant l’huile de bras des contribuables.
Soit il subsiste un doute quant à l’efficacité du système : Mais ne dit-on pas « Dans le doute abstiens toi ». Au risque de passer pour un faignant, en l’absence d’effet, ne vaut-il pas mieux choisir la cause la moins fatigante: ne rien faire !
Soit la méthode produit de substantielles économies. Chouette ! Mais dans ce cas, soyons encore plus malins. Si, à l’échelle du pays, le décalage d’une heure permet de faire une économie de (mettons à titre d’exemple) 1.000.000 d’euros, pourquoi ne pas proposer plutôt un décalage de 24 heures ? Cela permettrait d’économiser 24.000.000 d’euros, et il ne faudrait même plus régler nos montres :-)
L’heure d’été ne serait-elle donc qu’un leurre d’été ? Mais incontestablement source de heurts divers.
Les problèmes sont légion. À commencer par la nature qui s’accommode mal de se voir ainsi arbitrairement maltraitée. Expliquez à une vache pourquoi diable elle doit attendre une heure de plus pour passer à la traite… et six mois plus tard, au fermier, pourquoi ses vaches produisent moins de lait, l’obligeant à attendre une heure de plus. Expliquez-nous pourquoi on ne peut plus voir le Soleil au zénith à midi, et comment installer sur les cadrans solaires un dispositif de décalage saisonnier. Et la pauvre planète, pouvez-vous imaginer ce qu’elle subit ? À faire tourner ses 40.000 Km de circonférence en 24 heures, vous l’obligez à faire un bon en avant, ou en arrière, de 1.666 Km en une fraction de seconde. Bien sûr, pas la planète entière, car il existe des pays qui n’adaptent pas leurs horaires. Mais justement, c’est encore pire, car la collision à 1.666 Km/sec entre les différents pays pourrait bien être la cause des mouvements tectoniques des plaques continentales ;-)
Comment s’excuser d’imposer à des millions de gens un décalage horaire sans leur avoir proposé un billet d’avion ? Que dire aux insomniaques venant à peine, en six mois, de s’accommoder du précédent changement, et qui peuvent finalement reprendre le rythme précédent… ou essayer, à coup de somnifères, le déficit de la sécurité sociale réduisant à néant toutes les économies d’énergie.
Sans compter les distraits ayant omis d’en tenir compte et qui ratent leur plus important rendez-vous d’affaire auquel ils se rendent une heure trop tard. Voire deux heures, pour les plus grands distraits qui auront changé l’heure dans le mauvais sens ;-)
Les milliers d’accros du feuilleton fleuve américain à la mode, qui rateront le 576e épisode, ayant oublié de régler leur magnétoscope. Et les millions de systèmes électroniques embarqués qui refusent de fonctionner par leur inadaptation aux caprices de Chronos.
À ce jeu semestriel, nous nous faisons systématiquement battre. Avouez-le ! Avez-vous réglé votre montre ? Les horloges ?
Bien. Ah oui, la montre de votre voiture… du micro-onde… et la chaîne haute-fidélité ? OK. Aïe, le thermostat ! c’était tout juste, vous auriez eu froid ce soir en rentrant. Héhé, tout y est… ah zut, le fax ! … l’ordinateur, et le répondeur, bien entendu. Bon, vous y êtes ?
Tiens, téléphonez à vos copains pour leur dire que cette année, vous ne vous êtes pas fait avoir… Que dit-il ? Si vous avez pensé au GSM ? … ??? ET meeeeerde !
Terminons par le plus retors de tous les constats. Vous imaginez-vous le nombre de personnes s’agitant en tous sens au même moment, pressant des boutons dans un ordre savant, cherchant le mode d’emploi de ce satané appareil, où l’a-t-on mis ?, faisant l’inventaire des chronomètres, montres, horloges… Des dizaines, peut-être des centaines de millions de citoyens « innocents » mais condamnés aux « travaux forcés », contraints de suivre le mouvement sans la moindre compensation. Imaginez ces millions d’heures perdues, multipliez-les par le tarif horaire moyen dans nos contrées. C’est colossal.
Dites, à tout bien réfléchir, ces millions d’heures prestées par le contribuable, non rémunérées et prétendument motivées par de substantielles économies pour la collectivité, ne serait-ce pas, comme qui dirait, un « Impôt indirect déguisé et en nature » ? Mmmm ? Ce n’est pas pour rien qu’on vous « l’impose », cette farce !
Peut-être feriez-vous bien d’en tenir compte et de penser à déclarer le paiement d’un précompte dans votre prochaine déclaration fiscale.