mai 1984,

Et, me revoilà ce vendredi 2 septembre 2011; 3h25′

A la recherche de soi et de l’autre, très beau recueil, je l’ai lu d’un trait, comme j’aime bien lire ce genre de livre, il me montre que bien d’autres personnes souffrent. Nous passons à côté de notre vie, c’est une boite d’archives mon cerveau, il suffit que je pense à une situation vécue, j’ai la vision. Tout est négatif dans ma vie. Sauf la naissance de mes trois enfants.

Si seulement j’avais eu de l’argent, je me serais fait soigner, la pauvreté comme c’est moche. Et encore je devrais avoir honte d’écrire cela.

Pourquoi cette envie d’écrire, j’ai comme l’impression que je débloque, j’ai trop de soucis à gérer, mon travail, c’est eux qui m’ont fait revivre mon passée de par leur attaque, tout est liée. Le moindre conflit, me ramène au passé. Je déteste les conflits.

Je reviens quelques années en arrière. Un jour j’ai rencontré un homme qui fut mon concubin pendant dix-sept ans. Jamais je n’aurais dû le rencontrer. Le jour où nous nous sommes rencontrés ma vie a basculé.

A la recherche de mon moi, je suis allée dans un groupe religieux. Un jour sans savoir pourquoi, j’ai eu ce besoin, besoin de croire.

Blessée par mon enfance, j’ai vécu de drôle d’épreuves dans ma vie, jusqu’à mes vingt-sept ans. Entrainée par ma sœur, elle m’a fait rencontrer ce groupe, je pourrais écrire cette secte, mais je ne peux pas, j’ai trop peur d’être puni !

Quand vous êtes perdue, vous êtes tellement fragile, sensible à la recherche de l’amour pas physique, mais plutôt l’amour invisible, cette sensation d’avoir un ange qui vous guide, alors quelque fois c’est le mauvais et d’autre fois c’est le bon. Moi, j’ai toujours eu la sensation d’être protégée par qui, par quoi, je ne sais pas, ou plutôt je ne veux pas l’admettre. C’est très dur d’être en conflit avec soi, la vérité, mais qu’elle est la vérité.

3H57’, le silence qu’elle paix, je me sens sereine, paisible, je regarde par la fenêtre, et je m’interroge du pourquoi, pourquoi vivons nous, qui y a-t-il après ? J’ai la chance de vivre dans ce pays, bien des gens souffrent, pleurent, je devrais avoir honte de m’apitoyer sur moi. Je peux manger, je peux boire, je peux dormir dans un lit, j’ai tout, même si je me sens pauvre intérieurement. Certains se battent pour survivre. Et moi je suis là à vouloir vous faire pleurer sur ma vie.

Mais qu’allons-nous devenir dans ce monde, les pauvres seront encore plus pauvre, j’en fais partie, je survie, je ne vis pas, je travaille juste pour payer mon loyer, mes dettes, nourrir mes enfants, je n’ai rien. Alors que j’aurais pu être quelqu’un, mais comme je l’ai dit plus haut. Ma vie a basculée.

En mai 1984, je me suis retrouvée dans une vie qui ne m’était pas destinée, je le sais, d’ailleurs je l’ai su le jour de mon union religieuse avec cet homme, père de mes trois enfants, enfin père, géniteur.

Une union, le cauchemar de ma vie. Dans ce lieu Sacré, que je respecte. Nous avons été béni par cet homme avec une barbe rousse, assassiné quelques années après, je l’aimais bien cet homme religieux. La famille, enfin le peu de famille de mon côté et celle de cet homme sont venus, rien, pas un cadeau, j’ai moi-même acheté des fleurs pour cet évènement. Qu’ai-je fait ce jour-là, ma belle-famille. C’était la première fois que je les voyais. On aurait dit qu’il avait honte de moi, j’aurais dû partir en courant, mais je me suis sentie piégée.

Mais qu’est-ce que j’ai fait, cet homme me faisait croire qu’il m’aimait, en fait il était aussi paumé que moi. Dépucelée à dix-huit ans, enfin un homme allait me demander ma main. C’est bizarre, d’avoir eu ce sentiment, Ce sentiment d’être sale, une impure.

J’allais devenir une croyante à travers cet homme, ce groupe religieux. On allait m’accepter tel que j’étais. Rejeter par ma famille, alors j’allais enfin avoir une famille. En plus un français converti, quel honneur. Quel malheur plutôt.

A l’époque, j’avais une bonne situation professionnelle, j’aurais pu devenir quelqu’un, quelqu’un de respectable, mais ce fut le contraire. Le pire c’est que je le savais, je n’aimais pas cet homme, mais alors pas du tout, il était moche, chauve, le peu de cheveux qu’il avait sur le crane, enfin sur la nuque était long, gras, il était moche quoi. C’est drôle, j’essaye de comprendre le cheminement de ma vie, j’étais convaincu que le fait que j’allais me mettre en ménage avec cet homme, que ma vie allait changer, que j’allais être acceptée par cette société. C’était l’époque où on commençait à montrer du doigt les étrangers, bien que née en Paris, je me sentais étrangère de par mon nom, mon prénom, alors j’étais fière d’être avec cet homme, que de préjuger, détruire sa vie à cause de son identité, j’avais honte, honte de qui j’étais, c’est grave non, cela me rappelle quand j’étais petite, enfin adolescente, un homme avec une jolie voiture, m’a insultée de bougnoule, je le revois prononcer ces mots qui a l’époque m’avait gravement atteinte, je lui ai rétorqué « mais non monsieur, pourquoi vous me dites cela », je ne savais pas ce que voulais dire ce mot mais je savais que c’était méchant, par ce qu’il avait dit «retourne dans ton pays, tu viens manger le pain des français » mais non je suis pas une bougnoule, je suis française, je m’appelle Catherine, j’avais honte de moi, de ce que j’étais, alors je reniais mes origines, je me faisais appeler Catherine, pourquoi, je ne sais pas.

Je reviens à cet homme, un paumé en fait, il avait trouvé refuge dans la spiritualité, il parlait bien, de grand mot, je le trouvais intelligent, cultivé. Et il m’aimait comme j’étais. Impure.

Nous avons emménagé ensemble, il n’avait rien, mais rien de rien, même son appartement était sale, son linge dans des sacs, la vaisselle, le peu n’était pas faite. Encore plus grave, le lit, même pas les draps propres, le lit pas fait. Quel honte, là j’avais envie de partir en courant, c’était qui cet homme aussi bordélique, jamais je n’aurais pensée cela de lui, mais jamais.

Et, sa mère qui venait de temps en temps, lui faire son ménage, elle savait que l’appartement était sale, comment a-t-elle pu me laisser faire cela, ma nuit de noce, dans un appartement aussi sale. Mais c’était trop tard.

Une catastrophe cette première nuit, aucun rapport sexuel, j’avais honte, encore honte d’être celle que je n’étais pas, quelle horreur.

Le lendemain matin, rien à déjeuner, même pas un deuxième bol, j’ai pris mon café dans un verre. Plus je le découvrais, plus j’avais envie de partir en courant. Mais qu’est-ce que j’ai fait. Moi, je suis tombée plus bas que terre. Je suis partie prendre mes affaires dans mon bel appartement, propre, bien rangé. Je me souviens avoir pleuré et demandé pourquoi, mais qu’est-ce que j’ai fait. Je ne savais pas quoi faire. Alors je me suis fait une raison, c’est pas grave, je vais prendre mes meubles, tous mes biens, je vais refaire l’appartement et tout ira bien, je ne pouvais pas faire marche arrière. Le dimanche, nous étions invités chez ces parents à la Celle-Saint-Cloud, ouah ! quelle beau quartier, ils habitaient à côté de Jacques L., un écrivain, d’ailleurs j’ai son livre, mais je ne sais plus ce qu’il écrivait. Que de gens aisés. Alors vous pensez bien que son appartement sale, j’avais oublié. Une famille française, j’allais enfin être acceptée dans cette société.

Foutaise, que de sous-entendu de la part de ses parents, des allusions sur les étrangers, des critiques de plus en plus hard, j’avais le cul assis entre deux chaises, que faire ? Me taire, pour qu’ils ne me rejettent pas, accepter les critiques, après tout je n’étais pas étrangère, je m’en persuadais. Je ne devrais pas me sentir visée.

Evidemment, au retour à l’appartement je ne me gênais pas de m’en prendre à cet homme, je lui faisais comprendre, que sa famille m’avait mise mal à l’aise, que c’était inconvenant de tenir certains propos. Que je valais le respect. Et voilà. Tout à commencer à partir de ce jour.

5h15′ Je suis fatiguée, je vais dormir à plus tard

J’ai pu dormir un peu, cela fait longtemps, mais je me sens fatiguée, ma tête est lourde, lourde de problème, il faut que je bouge, que je me réveille. J’en ai marre de vivre cette vie, je veux vivre, être moi. Retrouver mon identité, mes origines, au diable les racistes.

Je mélange tout je sais, mais je vais essayer de me renseigner pour trouver une personne qui pourrait m’aider gratuitement (sourire) à corriger, remanier les textes.

Me voilà casée, j’ai refait tout l’appartement, heureusement que j’avais tous les meubles, frigo, vaisselles, salon. Je ne pouvais pas croire qu’il existait des gens aussi bordéliques, les murs étaient camouflés par des grands morceaux de tissus, style baba. On ne voyait pas le sol, tout était couvert de livres, journaux…. Ménage le lendemain de mon union, c’est triste non, mais ce n’était pas grave. C’était mon destin. Je reviens, des larmes coulent.

Ce lundi 5 septembre, 4h32′ J’avais tellement honte que ma famille voit où j’allais habiter, que seul le père et le beau-frère de cet homme sont venus m’aider à déménager, d’ailleurs première dispute, il me reprochait de ne pas demander de l’aide à ma famille. Mais j’avais honte idiot.

Qu’avais-je fait. Je passais mon temps à nettoyer, une année, sans me rendre compte. J’étais devenu sa bonne et non sa compagne. Aucun rapport sexuel. Puni, peut-être par mon passé.

Tombée enceinte de ma fille, par quel miracle, heureuse de porter ce bébé, j’étais aux anges, toute ma grossesse j’étais heureuse, j’avais oublié le reste de ma vie, nous passions nos week-end dans ce lieu, ensuite nous allions chez des « Frères et Sœurs » pour prier, réciter, méditer. Manger….

En Septembre 1985, nous sommes partis en vacances chez ses parents, au bord de la mer. Ces parents sont restés avec nous deux jours, ensuite nous étions seuls. Il passait son temps à faire du chapelet, des prières, on sortait peu et pas très loin, car l’heure de la prière il ne fallait surtout pas la rater. Un jour, je me rappelle, je suis partie en courant, suite à une dispute, enceinte de sept mois, j’avais pris vingt kilos, alors imaginez moi entrain de courir. J’ai pleuré tout le long et là j’avais compris ce que j’avais fait. Il m’a couru après, comme une enfant je me suis cachée derrière une voiture. La nuit tombé, je suis rentrée, ou allez !

Qu’est-ce que je vais faire, le quitter, je ne peux pas, j’ai un bébé, je ne veux pas que mon enfant naisse sans père. Alors, je suis restée.

Le comble, en rentrant de vacances, une lettre de ses parents, avec un détail d’une facture, comme une quittance de loyer. J’étais outrée, vexée. Ces parents nous demandaient de payer notre séjour, jusqu’à calculer les dépenses de la moindre conserve prise dans le placard. J’avais honte pour lui. Quel drôle de parents. J’ai bien sur contesté, je n’étais pas d’accord, comment pouvait-on nous demander de payer alors qu’il n’avait pas le moindre sous, il était aide-magasinier. Je ne l’ai jamais su je pensais qu’il avait une bonne situation, aide-magasinier, oups. J’ai compris ! Jamais il ne voulait me dire ce qu’il faisait, pour cause.

J’ai ramené tous, il avait rien, et on a osé me demander de payer, c’était honteux.

Ma poupée est arrivée, quel bonheur, c’était mon cadeau le dix-neuf novembre 1985. La joie de vivre, j’étais épanouie, rien ni personne ne comptait pour moi seul mon bébé, les années ont passé. Une routine s’est installée dans notre vie, le travail, le ménage, les courses et pendant ce temps il faisait ces prières, il passait son temps à lire, lire, il s’enrichissait le cerveau, alors que moi j’étais sa bonne. Mais ce n’était pas grave je compensais tout mon amour à mon bébé. Il se couchait très tard, jamais nous n’avions eu de rapport sexuel, sauf pour faire un bébé, c’était impure, moi qui voulait vivre un amour le vrai. Le vrai était mes enfants. De nouveau enceinte en 1989, alors vous me croirez, mais j’avais pris soin de calculer la naissance de mon fils, vu que nous n’avions pas de rapport, je savais exactement quand il fallait que je le pousse à coucher avec moi, en février, je rajoute quinze jours, et hop voilà à deux jour près le vingt-deux novembre 1989, un petit garçon, un beau garçon.

Mon deuxième cadeau de la vie, aux anges j’étais avec mes enfants, en plus il avait de beaux yeux bleus, comme j’étais heureuse, tout le reste n’avait pas d’importance.

Je m’occupais de tout, pendant ce temps lui, s’enrichissait le cerveau encore, tout le temps. Vu son salaire de misère, je le poussais à changer, faire autre chose, que ce n’était pas acceptable qu’il soit un aide-magasinier, payé au smic après tant d’année, ranger des rayons.

Il a donné sa démission, mais j’avais regretté cette décision, parce qu’il était grave feignant, il profitait pour rester à la maison, il dormait tard, et il se levait vers onze heures. Alors que moi je travaillais, j’emmenais les enfants, l’un chez la nourrice, l’autre à la maternelle. Je n’arrêtais pas de courir. J’assumais tout, il ne faisait rien, mais rien, le chapelet à la main, en djellaba, avec son chapeau blanc. Pendant que moi je galérais.

Le pire, c’est que c’était moi qui lui avais présenté ce groupe religieux. Je n’aurais jamais pensé que cela détruirai une vie. J’aurais dû réagir avant qu’il ne soit trop tard, me retrouver seule avec deux enfants, non, c’était plus possible, alors je pleurais, je criais sur lui comme un enfant, c’était pas mon mari, mais un assisté, un boulet, je sais cela peut vous sembler méchant, mais non, je pourrais et je me donnerais le droit d’employer des mots encore plus méchants.

Pendant des années, il était au chômage, à la maison, il ne savait rien faire, ou plutôt il ne voulait rien faire. Un profiteur. Enfin, il a réussi par trouver un boulot près de la maison, dans un bureau répondre au téléphone, prendre des commandes. Je lui donnais des conseils, je lui ai enseigné la comptabilité.

5h35′ je reviendrai

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