Syndrome du sauveur: Etes-vous un sauveur ?

A priori, le « sauveur » est bien connoté. C’est le libérateur, le rédempteur, le bienfaiteur …

Pourtant, regardons-y d’un peu plus près. Le sauveur recherche l’attention et l’approbation. Il cherche votre point faible et vous envahit de conseils et d’interventions.

Le sauveur vient. Il dit : faites-moi confiance, je sais ce qu’il faut faire.

Première observation : le sauveur juge que vous avez besoin d’être sauvé

deuxième observation : il décide comment vous devez être sauvé.

Avant que je poursuive, on s’entend bien sur le fait que je ne suis pas en train de parler du sauveteur ; celui qui, par exemple, tend une main secourable à quelqu’un en train de se noyer.

Si vous assistiez  à l’éclosion d’un poussin, seriez-vous tenté de l’aider, voyant l’éclosion longue et pénible, en cassant la coquille ?

Les fermiers disent que le poussin qu’on a aidé piaille toujours, est chétif, et finit par mourir.

En forçant, en quelque sorte, la nature des choses, laissons-nous à l’autre la possibilité de déployer son talent, son intelligence, son courage, sa force ?

Non. On lui démontre qu’il n’est pas capable. On en fait un assisté. On lui retire son propre pouvoir.

Il est important de faire confiance que l’autre a toutes les ressources en lui. Que les circonstances qu’il est amené à vivre, il les a créées. Elles ne sont pas là par hasard. La vie ne nous veut que du bien et elle agit dans ce sens. Aussi, un trésor est-il caché dans toute épreuve. Agir pour l’autre, décider pour lui, le protéger, l’empêche d’accéder à ce trésor.

En s’imposant, le sauveur sappe la confiance de l’autre et s’arroge une certaine ascendance. Il freine tout simplement l’évolution de l’autre.

Mais aussi il s’oublie. Bien souvent il éprouve de la culpabilité. Il s’épuise. Et quand il a besoin d’aide, de soutien, d’amour, il n’y a plus personne. On le fuit, ce qui va renforcer son sentiment de rejet, d’abandon.

Pendant l’enfance, le sauveur n’a pas été reconnu dans ses qualités. Il est souvent interrogateur, moralisateur. Il a besoin de se rassurer qu’il est utile, qu’on a besoin de lui. Aussi il en fait trop. En caricaturant un peu : on lui demande de l’aide pour déplacer une armoire et il reste pour repeindre la maison !

En thérapie, on rencontre des personnes qui ont le sentiment d’avoir beaucoup donné aux autres. Toujours prêtes à voler au secours des autres, elles s’étonnent de ne pas être payées de retour.

Mais si nous regardions un peu mieux quelles véritables intentions les motivent ?

Ne serait-ce pas le besoin de reconnaissance, d’amour, voire même de valorisation ? L’égo s’exprime toujours a travers un besoin, un désir ou un manque …

Pourtant, ne sommes-nous pas là pour nous entr’aider et nous soutenir les uns les autres ?

Quelle est donc la nature de l’aide véritable ?

En tout premier lieu, il convient de s’aider soi-même ; cela nous maintient dans une haute énergie.

S’aider soi-même, c’est être connecté à ses ressentis et sentir quand nous partons dans la mauvaise direction, par des pensées, des croyances, des peurs qui ne nous font pas de bien. Il convient de clarifier nos intentions et de veiller à maintenir notre attention sur nos véritables objectifs. Les choses doivent rester simples, faciles, joyeuses. Dès qu’un obstacle apparaît, il ne sert à rien de lutter contre. Car la force qu’on y met crée la même résistance. Il convient aussi de ne pas se laisser influencer par les jugements des autres.

L’aide véritable passe par le fait de regarder l’autre comme quelqu’un qui est aux commandes de sa vie, et faire confiance à ses capacités. Elle guide dans la compréhension des faits comme autant d’occasions d’apprendre, de grandir, en considérant toujours l’autre comme un créateur et non une victime.

Le véritable « aidant » s’interdit toute ingérance. Il ne crée pas de dépendance. Ce qui n’empêche pas l’empathie.

Il se montre suffisamment capable de lâcher-prise pour comprendre que chacun de nous doit traverser certains remous, que ceux-ci sont inhérents à tout parcours.

Il accompagne, éclaire le bien-fondé de toutes choses, mais vous laisse marcher devant.