L’enracinement, l’art de la solidité

Si je vous dis le mot enracinement, l’image qui surgit sans doute pour la plupart d’entre vous, est la solidité de l’arbre bien planté dans le sol avec de grosses racines résistant aux assauts des intempéries. Et nous les être humains, comment réagissons-nous face aux intempéries de la vie? Comment gérons-nous notre quotidien parfois tourbillonnant… Sommes-nous bien ancrés? Enracinés?

L’enracinement est un outil fort simple que je pratique quotidiennement, et ce depuis presque 10 ans. C’est un excellent prélude à la méditation, au yoga, et à toute activité demandant de la concentration. Mais surtout, c’est un excellent moyen pour nous aider à faire face à tout ce que la journée peut nous apporter!

Et comment fait-on pour s’enraciner? Il s’agit de prendre un moment, de fermer les yeux, et de visualiser ou d’imaginer, à partir de notre nombril, des racines descendant le long de nos jambes jusqu’au cœur de la terre. Le lien énergétique qui se créer vient alors nous solidifier et nous ancrer, tant physiquement, mentalement, qu’émotionnellement. D’ailleurs, j’enseigne cet outil à mes clients afin de les aider dans leur quotidien. Je l’enseigne également aux enfants dans le cadre de l’accompagnement que je fais auprès d’eux, ou encore dans les ateliers Outils pour la vie.

Être fort ou être solide…

Que ce soit par orgueil ou par peur, l’être humain n’aime pas qu’on lui reconnaisse des faiblesses. D’ailleurs, les conseils que l’on entend souvent lorsqu’on traverse une épreuve c’est « Sois fort! » « Lâche pas! » « T’es capable! ». On ne veut surtout pas laisser paraître des signes de faiblesse ou de vulnérabilité ; on laisse peu de place à nos émotions pour projeter la fausse image de quelqu’un de fort. Ce que j’ai fait une bonne partie de ma vie… Jusqu’à il y a 12 ans, où un de mes proches traversait une maladie grave. Durant deux ans, j’ai voulu être cet homme fort-là. Je vivais beaucoup de pression et énormément de stress.

Suite au décès de la personne en question, l’image de l’homme fort s’était effritée, les oeillères sont tombées, et moi aussi. Car afin de rester fort, j’ai dû pour cela tassé mes émotions… négligé mes besoins, et oublié ma souffrance. J’ai alors réalisé que je n’avais pas vécu mes deux dernières années, j’y avais simplement survécu en m’accrochant à tout ce que je pouvais. Ayant perdu mes repères un à un, tout ce qui me restait était le sentiment profond de ne plus savoir qui j’étais… J’ai alors abouti en thérapie pour dépression.

Pour compléter l’aide thérapeutique, ma thérapeute m’a partagé différents outils, dont la méditation et l’enracinement, afin de m’aider dans mon quotidien. Quel est le lien avec l’enracinement me direz-vous? De part la stabilité et la solidité intérieures que ça m’apportait, je reprenais de plus en plus conscience de mon potentiel, de mes qualités, de mes besoins, de mes objectifs… et du sens que je souhaitais donner à ma vie. Bref, je devenais peu peu mon propre repère!

Avec l’enracinement, j’apprenais également à lâcher prise sur les gens, et les événements hors de mon contrôle, afin de faire confiance à la vie… Sachant que tout avait sa raison d’être. Vouloir être fort, c’est vouloir être au-dessus de tout… Et cela nous entraîne invariablement dans la peur et le besoin de s’agripper à des personnes ou des situations. Savoir qu’on peut faire confiance à la vie et à la solidité qui nous habite est un cadeau que je considère inestimable! Et c’est ce que m’a apporté l’enracinement.

Les enfants, le stress, et l’enracinement

Dans ce rythme de vie effréné qui caractérise le présent siècle, gérer son quotidien tout en conservant les deux pieds sur terre constituent tout un défi en soi. Or si nous éprouvons parfois de la difficulté dans ce domaine, qu’en est-il de nos enfants? Supportent-ils mieux le stress que nous? Pas vraiment! Et cela se voit : déficite de l’attention, anxiété, troubles obsessionnels compulsifs, tics nerveux, hyperactivité, fatigue, crises de colère répétées, etc. Même si d’autres facteurs ont un rôle à jouer, comme les intolérances alimentaires (à l’origine de nombreux cas d’autisme entre autre, et à plus faible échelle, les états mentionnés ci-haut), il reste que le stress et l’anxiété ont un impact considérable sur la sur-stimulation du système nerveux et du cerveau, ainsi qu’un rôle fragilisateur pour la santé globale.

Or, l’enracinement peut devenir un formidable outil pour l’enfant. Car à très court terme, cela peut l’aider à être plus solide et ancré, donc moins déstabilisé, moins stressé, moins éparpillé, plus calme, plus sûr de lui. Déjà là, cela peut grandement délester le corps et l’esprit d’une part importante de stresss. 

À long terme, cela peut permettre à l’enfant de réaliser le pouvoir qu’il a sur ses états d’être, favorisant ainsi une plus grande confiance, une plus grande responsabilisation, une plus grande autonomie, et en bout de ligne : une plus grande authenticité ainsi qu’une meilleure estime de soi.

À l’image de l’arbre…

Pour moi, l’image de l’arbre et de ses racines symbolise l’essence même de notre être. Car à travers l’enracinement, j’ai compris que pour être bien avec lui-même et avec son environnement, l’être humain, tout comme l’arbre, n’a pas besoin d’être fort, mais solide… Et surtout qu’il en est, comme dirait un enfant, « capab tusseul » !

Certes, nous n’avons pas tous le même parcours de vie. Certains l’auront eu plus facile que d’autre. Et avoir besoin des autres pour se relever n’est certainement pas un crime de faiblesse, car après tout, tomber est humain. Mais peut-être que la raison fondamentale pour laquelle nous développons parfois de la peur et de la honte à paraître faible, et de l’orgueil à vouloir paraître fort et sûr de nous, provient de cette certitude inconsciente que TOUS, nous avons les ressources intérieures nécessaires afin de se suffir à soi-même… tout comme l’arbre!